La plateforme de diffusion Netflix commence l’année avec un as. Dans Break Point, série documentaire de 10 épisodes, le monde du tennis professionnel est présenté sans maquillage. Pour le meilleur et pour le pire, cette production monstre regarde droit devant, car l’avenir, c’est maintenant.

Ni Roger Federer, ni Rafael Nadal, ni Novak Djokovic ne sont en vedette dans ce nouveau projet lancé ce vendredi. Netflix a plutôt misé sur de nouveaux visages.

Même s’il est pratiqué sur tous les continents, le tennis reste un sport nécessitant une certaine visibilité. C’est pourquoi l’ATP, avec la WTA et la gouvernance des quatre tournois du Grand Chelem, a accepté la proposition de Netflix de faire une version tennistique du succès mondial Drive to Survive, en Formule 1.

« On voulait amener ce sport dans les écrans d’un nouveau public pour lui présenter ce sport, ainsi que les personnages et les athlètes qui le façonnent », a expliqué Nick Bourne, d’ATP Media, directeur stratégique de la série, lors d’un carrousel médiatique organisé jeudi.

Il était aussi primordial de raconter l’histoire de ces vedettes internationales. Dans leurs moments de gloire comme dans leurs échecs.

« Ces athlètes remarquables ont tous des histoires incroyables et c’est tout un privilège de pouvoir s’immiscer dans leur vie », révèle James Gay-Rees, producteur exécutif de la série.

Selon Hugues Léger, directeur général de Tennis Montréal et spécialiste du marketing sportif, cette série pourrait mettre fin à certains préjugés. « Le tennis a toujours été perçu comme un sport bourgeois, exclusif, peut-être limité à certaines personnes, précise-t-il, mais quand on passe sur une des plus grosses plateformes d’écoute en ligne au monde, ça vient démocratiser le tennis. »

Une nouvelle ère

Pendant toute une saison, la production a suivi entre autres Nick Kyrgios, Matteo Berrettini, Ajla Tomljanović, María Sákkari, Taylor Fritz, Paula Badosa, Ons Jabeur, Casper Ruud et Félix Auger-Aliassime.

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La Grecque María Sákkari

« C’est une série post-Big Three, insiste Léger. Elle met de l’avant un nouveau groupe de joueurs. C’est une porte d’entrée sur des personnalités vraiment intéressantes qui ne sont pas du Big Three. Avant, on parlait un peu de la relève, sans savoir qui était cette relève. Là, on va mieux la connaître, et c’est vraiment chouette. »

Le processus a été déchirant pour l’équipe de production lorsqu’est venu le temps de choisir les joueurs à mettre en vedette. « Il y en a des centaines et on a réduit les candidats à une courte liste. On les a rencontrés pour savoir s’ils voulaient faire partie du projet. Certains nous ont dit oui, certains non et d’autres peut-être », souligne Gay-Rees.

Chaque athlète représentait un risque, ajoute-t-il, car ces joueurs sont suivis chez eux, à l’entraînement, avant, pendant et après leurs matchs. Beaucoup de ressources ont été déployées pour chaque personnage. « Il fallait que nos joueurs aient une bonne année, ou une année intéressante, et heureusement, la plupart de nos joueurs ont eu une grosse année. On a vraiment été chanceux. »

Un Québécois en vedette

Le cinquième épisode de la série est consacré à Félix Auger-Aliassime, lors de son passage à Roland-Garros. « Félix est un joueur excitant à suivre, avec la manière dont il joue, sa famille qui l’entoure et avec l’ajout de Toni Nadal. Félix est génial », lance Bourne.

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Félix Auger-Aliassime aux Internationaux de Paris, en septembre 2020

D’après le directeur général de Tennis Montréal, les retombées de cette apparition seront énormes pour le tennis québécois et canadien.

Félix est notre grande vedette en ce moment. C’est donc certain que ça attirera l’attention sur le tennis et que ça encouragera les jeunes et les moins jeunes à commencer à jouer.

Hugues Léger, directeur général de Tennis Montréal

La visibilité offerte sera sans pareille, poursuit-il : « Ce n’est pas un hasard s’il est dans le lot avec Kyrgios, Ruud, Fritz et Berrettini. C’est une fleur d’avoir été sélectionné dans ce groupe, et on voit que c’est parce qu’il a une personnalité intéressante, mais aussi parce qu’ils voient en lui un très grand champion. »

Netflix s’est aussi intéressé au cas de la septième raquette mondiale en raison de son énorme potentiel. « Il est un joueur fantastique. Je me rappelle à Roland-Garros, on tournait avec lui, il s’entraînait au gym, et je n’ai jamais vu quelqu’un à ce point connecté et préoccupé par son corps. C’était fascinant. C’est un bon garçon, il est tout à fait charmant, il est facile à aimer. Il pourrait devenir le prochain visage de son sport et il mérite tout ce qui lui arrive », estime Gay-Rees.

Dans l’ivresse de la victoire et la douleur de la défaite, les meilleurs joueurs de la planète ont été scrutés à la loupe. Le résultat promet d’être éclairant : « Je pense que les gens croient que c’est un sport sympathique, alors que c’est un sport difficile et complexe. J’ose croire que ça permettra aux gens d’avoir une plus grande appréciation du dévouement de ces joueurs », conclut le producteur exécutif.