La tâche était grande. Peut-être un peu trop. Denis Shapovalov s’est admirablement battu, mais a dû s’avouer vaincu face à Daniil Medvedev en finale de l’Omnium de Vienne, dimanche matin.

En quête de son premier titre depuis 2019, Shapovalov avait devant lui une énorme pointure : le 4mondial, qui a été numéro 1 mondial pendant 16 semaines consécutives cette saison.

Le Canadien est arrivé sur le terrain avec le couteau entre les dents, se montrant supérieur à son adversaire en première manche. Mais le grand Russe n’en était pas à son premier rodéo ; il a profité d’une petite baisse de régime de Shapovalov au deuxième set pour revenir de l’arrière et l’emporter en trois manches de 4-6, 6-3 et 6-2.

Shapovalov s’est présenté sur la scène avec le sourire pour recevoir son trophée de finaliste. Enterré par les applaudissements de la foule, il a pris un moment avant de commencer à parler au micro.

« De grandes félicitations à Daniil. Je t’aime beaucoup, mais un peu moins aujourd’hui, a-t-il lancé en riant. […] Non seulement es-tu un joueur exceptionnel, mais je pense que [toi et Gilles Cervara] formez l’équipe la plus humble sur le circuit. C’est un plaisir de partager le terrain avec toi et de te voir performer. »

Quand est venu son tour de s’exprimer, Medvedev a souligné l’excellente semaine que venait de connaître son adversaire après une année « remplie de hauts et de bas ».

« La façon dont j’ai joué cette année, tu m’aurais battu si ç’avait été n’importe quelle autre finale, a-t-il soutenu. J’ai trouvé le moyen de mieux jouer aujourd’hui, mais si tu continues ce bon travail avec ton équipe, nous nous affronterons plusieurs autres fois dans des finales les prochaines années. »

« Je t’aime aussi beaucoup, mais j’ai une femme. Alors nous allons garder ça amical ! » a-t-il ajouté en référence aux fleurs que l’un et l’autre venaient de se lancer, ce qui a provoqué un rire collectif.

Deux pourcents

Denis Shapovalov, qui s’était incliné à ses trois derniers duels contre Medvedev, a entamé l’affrontement avec une stratégie évidente ; s’armer de patience et faire bouger le grand Russe autant que possible.

La 4raquette mondiale, qui se déplace rapidement malgré ses 6 pi 6 po et qui possède un sens de l’anticipation aiguisé, a battu Shapovalov à son propre jeu à quelques reprises. Mais la stratégie du Canadien a bien fini par payer ; il a brisé son opposant dès le troisième jeu. C’était la première fois du tournoi que Medvedev subissait un bris.

À la fois calme et galvanisé par son début de match, Shapovalov a maintenu la cadence ; il a complété un deuxième bris pour prendre les devants 4-1 en première manche devant un Medvedev qui semblait presque à court de solutions.

On a bien dit presque. Le Russe a trouvé le moyen de rendre au Canadien la monnaie de sa pièce en le brisant à son tour. Shapovalov est demeuré concentré et a bien géré la pression par la suite afin de s’octroyer la première manche.

C’est au deuxième set que le vent a tourné et que Medvedev s’est mis à exercer l’ascendant.

Denis était incroyable jusqu’à ce que ce soit 4-3 dans la deuxième manche. Il a ralenti son rythme de peut-être 2 % et je suis arrivé à en tirer profit. C’est une des plus grandes victoires, quand tu sais que ton adversaire avait le dessus sur toi, mais tu es resté dans le match.

Daniil Medvedev

La chaîne de Shapovalov a débarqué en troisième manche. Jusque-là impassible, il a commencé à manifester une certaine frustration lorsque les choses ne se passaient pas comme il le souhaitait. Il n’a cependant pas baissé les bras. Même en retard 5-1, il a continué à mettre de la pression, sauvant trois balles de championnat.

Le Canadien a commis six doubles fautes dans la défaite. Il a toutefois remporté 78 % de ses premières balles, contre 72 % pour Medvedev.

Il s’agit d’un quinzième titre en carrière pour le Russe de 26 ans… Mais son premier en tant que papa.

« Je suis devenu un papa il y a deux semaines, a-t-il soufflé au micro. En entrevue tout à l’heure, on m’a demandé si j’allais dédier cette victoire à ma fille. À bien y penser, je ne la dédierai pas à ma fille, mais bien à ma femme. Elle m’a donné le plus beau cadeau. J’étais là et ces émotions étaient plus grandes que celles qu’on ressent après avoir remporté n’importe quel tournoi. »