Internationaux des États-Unis L’heure des adieux pour Serena Williams

Serena Williams a été vaincue en trois manches de 5-7, 7-6 (4) et 1-6 dans un duel marathon contre l’Australienne Ajla Tomljanović au troisième tour des Internationaux des États-Unis.

La meilleure joueuse de tennis de l’histoire a sans doute donné son ultime coup de raquette, vendredi soir, à New York.

Au terme d’un match d’une qualité exceptionnelle qui s’est étiré sur plus de trois heures, Serena Williams s’est avancée au centre du terrain. Elle a levé un bras dans les airs en regardant la foule, avant de mettre la main sur son cœur et d’articuler un discret « merci ».

Était-ce officiellement son dernier match ? Selon toute vraisemblance, oui.

La reine du tennis n’a jamais abandonné, sauvant cinq balles de match, comme si elle refusait de partir. Son discours d’après-match sur le terrain avait d’ailleurs bel et bien des airs d’adieux.

« Merci tellement ! Vous étiez fantastiques aujourd’hui. J’ai essayé, mais Ajla a un peu mieux joué. Merci, papa, je sais que tu regardes. Merci, maman », a-t-elle dit au micro avant de craquer et de laisser couler quelques larmes.

« Merci à tout le monde qui est ici, qui m’encourage depuis tellement d’années, de décennies. Mais ça a commencé avec mes parents, et ils méritent tout », a-t-elle poursuivi, ajoutant qu’elle ne « serait pas Serena s’il n’y avait pas Venus », sa sœur.

Quand on lui a demandé si elle pourrait revenir sur sa décision de prendre sa retraite après un tel affrontement, Williams a laissé planer un doute, répondant qu’elle ne « pensait pas » changer d’idée, « mais on ne sait jamais », a-t-elle dit en souriant.

« Come on ! »

C’était la première fois que les deux joueuses s’affrontaient. Tomljanović, 29 ans, joue depuis peu le meilleur tennis de sa carrière. La tâche n’était pas facile pour Williams, qui n’en était qu’à son septième duel de l’année.

Brisée au service dès le premier jeu, l’Américaine de 40 ans a immédiatement rendu la pareille à son adversaire. En milieu de manche, alors que c’était l’égalité 3-3, Williams a élevé son jeu d’un cran et enchaîné les points jusqu’à s’accorder deux jeux d’avance.

Tomljanović, un peu chambranlante, a rapidement repris du galon. Les adversaires ont multiplié les longs échanges, mais l’Australienne anticipait mieux les attaques. Elle a eu le dessus dans les quatre jeux suivants pour s’emparer de la première manche.

Pour la première fois du tournoi, Williams devait revenir de l’arrière. Sans doute galvanisée par la foule toujours bruyante, l’Américaine semblait jouer chaque coup comme s’il s’agissait du dernier, poussant quelques « Come on ! » bien sentis au passage. Elle a pris les devants 4-0 lors de la deuxième manche, au grand plaisir des spectateurs.

Mais encore une fois, Tomljanović s’est accrochée, comblant l’écart. De l’autre côté du terrain, Williams semblait à bout de souffle. Fidèle à la joueuse qu’elle a toujours été, elle refusait d’abandonner ; la manche s’est terminée avec un bris d’égalité des plus captivants, remporté par la favorite des partisans.

Williams a puisé profondément dans ses réserves d’énergie au troisième set, tenant tête à son adversaire même si elle tirait de l’arrière 5-1, mais ça n’a pas été suffisant. Elle avait devant elle une Tomljanović bien droite, qui a concrétisé trois bris pour l’emporter 6-1.

« La meilleure de tous les temps »

Il faut donner à Tomljanović ce qui lui revient : l’athlète de 29 ans a été sensationnelle, alors qu’elle affrontait son idole d’enfance devant des milliers de partisans qui souhaitaient sa défaite. Elle a d’ailleurs livré un émouvant discours après l’affrontement.

« Je suis vraiment désolée parce que j’aime Serena autant que vous, a-t-elle laissé tomber. […] Je n’aurais jamais pensé avoir la chance de jouer contre elle à son dernier match. Je me souviens de l’avoir regardée dans toutes ces finales quand j’étais jeune. C’est un moment surréel pour moi. »

Quand l’animatrice lui a demandé comment elle avait fait pour composer avec la pression, l’Australienne y est allée d’une réponse qui a provoqué un rire collectif.

« Je me disais seulement qu’elle me battrait, a-t-elle lancé. Donc la pression n’était pas sur moi. C’est Serena ! Même jusqu’au dernier point, je savais qu’elle était dans une très bonne position pour gagner, même quand elle perd par 5 points. »

Serena Williams, c’est plus de 25 ans de tennis professionnel. C’est 73 tournois remportés, dont 23 en Grand Chelem. C’est quatre médailles d’or aux Jeux olympiques.

C’est l’une des plus grandes athlètes de l’histoire du sport qui tire maintenant sa révérence.