Le tennis est un sport extrêmement populaire. L’été, parents et enfants s’y adonnent abondamment. Tennis Québec est l’une des fédérations les plus prisées par les jeunes athlètes après Soccer Québec et Hockey Québec. Cependant, cet enthousiasme se dissipe une fois la neige tombée.

Ce problème est devenu l’une des rampes de lancement de la nouvelle direction de Tennis Québec. Avec Andréanne Martin, directrice générale de la fédération depuis décembre, il est envisageable de croire que les amateurs de tennis pourront profiter de leur sport favori à longueur d’année, à des coûts modiques et grâce à une meilleure accessibilité.

Règle générale, le tennis se porte très bien dans la Belle Province. Néanmoins, selon Mme Martin, le nerf de la guerre demeure le fait de permettre aux joueurs de pratiquer leur sport l’hiver. Elle veut rendre le tennis aussi accessible entre novembre et mars qu’il l’est le reste de l’année.

Lorsqu’elle parle d’accessibilité, il est question d’infrastructures appropriées, de coûts réduits, car les frais peuvent être assez pharaoniques, et de rapprochement des milieux de vie de gens de partout au Québec.

Tennis Québec veut bâtir des centres de tennis intérieur et le travail est déjà entamé.

Des centres publics où jouer sera abordable, où il n’y aura pas de frais d’abonnement ou d’adhésion et dans lesquels il y aura un tarif à l’heure ou des droits de jeu uniques.

En accord avec les municipalités

Même si l’idée plaît à beaucoup d’acteurs dans les milieux sportifs et municipaux, la grande difficulté d’Andréanne Martin et de son équipe est de convaincre les villes d’adhérer au projet d’héberger les nouveaux centres de Tennis Québec.

Tout le monde aime l’idée, mais peu veulent s’impliquer ou n’ont tout simplement pas les moyens de le faire. Au-delà de l’investissement, il faut aussi trouver un endroit où bâtir ces infrastructures.

Tennis Québec est déjà en contact avec trois municipalités. La ville de Waterloo, en Estrie, est l’une d’elles. Elle s’est laissé convaincre par Tennis Québec. Une bulle sera construite à compter du mois d’octobre.

À l’échelle du Québec, Waterloo demeure une petite ville. Mme Martin aimerait beaucoup implanter des centres dans des villes plus populeuses et qui ont un manque criant d’infrastructures.

L’exemple de Saint-Jean-sur-Richelieu est frappant. « Ils n’ont pas de terrains intérieurs, alors que c’est vraiment un endroit de tennis, il y a de super joueurs qui viennent de Saint-Jean. Pour jouer l’hiver, il faut voyager pendant 30 minutes pour se rendre à Brossard, ce qui n’est vraiment pas l’idéal », précise la directrice générale de Tennis Québec.

D’ailleurs, Tennis Québec ne veut pas non plus cibler les grands centres. Depuis quelques années, l’organisation cherche à étendre son influence sur les autres régions du Québec. C’est pourquoi, actuellement, Mme Martin ne se concentre pas exclusivement sur la rentabilité des futurs centres, au contraire.

« Pour nous, s’il y a un club qui monte à Baie-Comeau, ce serait aussi bien que si un club montait à Trois-Rivières, a-t-elle précisé. Par exemple, à Sept-Îles, il y a beaucoup de joueurs l’été, mais l’hiver, il n’y a personne qui joue. »

Évidemment, moins de tournois ou de cours pourraient être organisés par la fédération, faute de ressources dans les régions plus éloignées, mais des infrastructures pourraient y être construites si la demande existe et que les municipalités sont prêtes à s’impliquer financièrement. Ainsi, ce n’est pas Tennis Québec qui va faire ou perdre de l’argent. Son travail se concentre sur la structure et l’organisation.

La crainte

Sans le déploiement de différents terrains intérieurs, Andréanne Martin craint que les joueurs d’ici ne puissent pas se développer au maximum de leurs capacités. Si tel est le cas, c’est non seulement la fédération, mais aussi le sport qui en subira les contrecoups. Elle craint que de jeunes joueurs talentueux partent vers d’autres disciplines plus accessibles l’hiver.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Andréanne Martin, directrice générale de Tennis Québec

Je crains de perdre des juniors aussi. Ils s’entraînent fort, ça leur coûte cher et ils ont de la misère dans certains cas à jouer des tournois.

Andréanne Martin, directrice générale de Tennis Québec

Elle ajoute que « l’été, des terrains, il y en a partout. L’été, ce n’est pas un souci, c’est facile et l’accès est hyper simple et accessible. L’été, ça marche. L’hiver, ça va toujours coûter plus cher et ça, c’est normal ».

Si les terrains intérieurs du stade IGA sont pleins à craquer, c’est parce qu’ils sont abordables et accessibles. Cependant, ce n’est pas tout le monde qui a le luxe de se déplacer à Montréal pour aller frapper des balles pendant une heure.

C’est là que la mission de Tennis Québec commence. C’est peut-être aussi là qu’elle pourrait finir par atteindre ses objectifs d’accessibilité et de démocratisation du sport.