(Nur-Sultan) La lauréate du tournoi de Wimbledon, Elena Rybakina, Kazakhe née en Russie, a rejeté mardi des déclarations venant de Moscou la présentant comme un « produit russe acheté » par son pays d’adoption.

Dès sa victoire, samedi face à la Tunisienne Ons Jabeur, le président de la Fédération russe de tennis, Shamil Tarpischev, avait soutenu que la Russie avait remporté Wimbledon. « C’est formidable ! Bien joué Rybakina ! Nous avons remporté le tournoi de Wimbledon », avait-il dit, cité par l’agence de presse russe Ria Novosti.

À la suite de sa qualification pour la finale, il avait déjà déclaré qu’elle était un « produit du tennis russe ».

Les sportifs russes et biélorusses ont été exclus de la levée londonienne du Grand Chelem en réaction à l’entrée en Ukraine des troupes du Kremlin.

L’ancien numéro un mondial russe Yevgeny Kafelnikov a enfoncé le clou en affirmant que le rôle du Kazakhstan dans l’éclosion d’Elena Rybakina s’était limité à l’« acheter » à l’âge de 19 ans en lui offrant un soutien financier. « Acheter un produit prêt à l’emploi au producteur ne demande pas beaucoup d’intelligence », a-t-il raillé lundi sur Twitter.

La joueuse, formée en Russie quand elle évoluait en junior, a pris la nationalité kazakhe en 2018. Elle a toujours dit qu’elle avait quitté la Russie pour le Kazakhstan pour être mieux accompagnée sportivement et financièrement.

« Bien sûr, je ne suis pas vraiment d’accord avec cette expression », a commenté mardi la 23e joueuse mondiale, réagissant devant la presse au Kazakhstan aux propos de Kafelnikov.

« Le passage de junior au circuit professionnel est très difficile », a-t-elle ajouté. « Il faut une bonne équipe. Tout le monde n’est pas capable de continuer à un niveau professionnel et à engranger des succès. Seul un petit nombre (y parvient) et dans ce sens, j’ai beaucoup de chance », a-t-elle à nouveau expliqué.

Les parents d’Elena Rybakina vivent à Moscou et elle a été peu diserte tout au long de la quinzaine londonienne sur le temps qu’elle-même passe dans la capitale russe.

« Si elle est le résultat du travail (de la Russie), pourquoi l’ont-ils laissée partir si facilement ? », a réagi de son côté le vice-président de la Fédération kazakhe de tennis, Yuri Polskiy. Invitant à « mettre un terme » à ce débat, il a observé qu’« en 2018, Shamil Tarpischev a dit lui-même qu’il ne considérait pas Elena Rybakina comme une joueuse de tennis prometteuse ».

La victoire de Rybakina, accueillie en héroïne à son retour au Kazakhstan, est le succès le plus important remporté par un ressortissant de l’ex-république soviétique dans le monde du tennis, un sport dans lequel l’oligarque et président de la Fédération nationale Boulat Outémouratov a investi des dizaines de millions de dollars.

Mardi, le premier ministre kazakh Alikhan Smaïlov a remis à Rybakina une prestigieuse distinction et l’a félicitée pour sa « une contribution inestimable au développement du tennis au Kazakhstan ».