Avec le départ à la retraite d’Ashleigh Barty, Iga Świątek était assurée de s’emparer du premier rang mondial. Néanmoins, elle a confirmé son titre avec panache en remportant le tournoi de Miami. Elle peut maintenant prendre place sur son trône.

Avant Miami, il y a eu Indian Wells. Avant Indian Wells, il y a eu Doha. Iga Świątek vient d’envoyer un message clair : c’est elle la meilleure joueuse de tennis au monde.

Elle a gagné tous ses matchs depuis le 22 février. Une séquence de 17 victoires consécutives. Elle est devenue samedi la première joueuse depuis Serena Williams, il y a neuf ans, à triompher lors de trois Masters 1000 de suite. Elle est aussi devenue la quatrième joueuse de tous les temps à mettre la main sur le Sunshine Double, c’est-à-dire gagner à Indian Wells et à Miami la même année.

À 20 ans seulement, Świątek a le sourire accroché jusqu’aux oreilles chaque fois qu’elle est sur un court de tennis. Hier encore, elle était promise à un brillant avenir. Aujourd’hui, elle est au-devant de la scène pour de bon.

Celle qu’on attendait

Świątek est née en Pologne. À Varsovie, la ville qui a réussi à renaître de ses cendres après les affronts de la Seconde Guerre mondiale. À l’image de sa patrie, Świątek est une force tranquille. Une athlète fière qui refuse de s’en laisser imposer.

« Toujours invincible », devise de la capitale et le sentiment qui semble aussi guider Świątek par les temps qui courent.

La Polonaise n’est pas arrivée au sommet de la pyramide par hasard.

De 2016 à 2018, elle a gagné les sept finales qu’elle a disputées sur le circuit de la Fédération internationale de tennis (ITF). Sa hargne et sa combativité étaient déjà des facteurs de réussite significatifs chez cette athlète qui baigne dans le sport depuis sa tendre enfance grâce à son père olympien.

Toujours en 2018, elle a gagné la médaille d’or en double lors des Jeux olympiques de la jeunesse de Buenos Aires, en Argentine.

En 2019, à ses premiers pas chez les professionnelles, son nom s’est mis à résonner en France, lorsqu’elle a atteint le quatrième tour à Roland-Garros. À l’époque, on parlait d’une belle surprise. D’un projet en développement.

En 2020, cette joueuse qui avait été oubliée pendant 15 mois est revenue en force et a confirmé qu’elle n’était pas seulement une joueuse qu’on reverrait dans le futur, mais plutôt que c’était elle, le futur.

Świątek a remporté les Internationaux de France dignement. À 19 ans, la 54e joueuse au monde venait de créer un séisme. Pour arracher son premier titre en carrière, elle avait dû vaincre entre autres Markéta Vondroušová (15), Eugenie Bouchard, Simona Halep (1) et Sofia Kenin (4) en finale.

PHOTO THOMAS SAMSON, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Iga Świątek, championne des Internationaux de France en 2020

Accroupie sur la terre battue, secouée et ravie, elle devenait la première athlète de la Pologne, homme ou femme, à gagner un titre majeur en simple. Elle a terminé l’année au 17e rang mondial.

En 2021, sa progression va bon train et elle remporte deux autres titres, à Adélaïde, en Australie, et à Rome, en Italie. Au cours de cette saison, où elle est encore considérée comme une athlète de la relève, elle est la seule joueuse sur le circuit à participer à la deuxième semaine de chacun des tournois majeurs. Elle conclut l’année dans le top 10, en neuvième position.

La saison 2022 n’est vieille que de trois mois et déjà le nom de Świątek pourrait être gravé sur le trophée remis à la joueuse de l’année : 26 victoires et 3 défaites, une demi-finale aux Internationaux d’Australie et 3 titres consécutifs.

Pendant cette séquence historique, elle a vaincu deux fois María Sákkari, troisième joueuse mondiale, Aryna Sabalenka, cinquième joueuse au monde, Anett Kontaveit, septième, ainsi que les championnes de Grand Chelem Angelique Kerber, Simona Halep, Petra Kvitová et Naomi Osaka. Rien de moins.

« Une grande joueuse »

Le parcours et les exploits de Świątek ne passent pas inaperçus. Athlète introvertie et joueuse relativement discrète, la Polonaise commande déjà un immense respect malgré son jeune âge.

Barty s’est dite très heureuse que ce soit Świątek qui prenne sa place au sommet de l’ordre mondial. L’Australienne a été élogieuse à son endroit en entrevue avec la WTA.

« Je sais que si c’est Iga [qui devient numéro un], il n’y a pas de meilleure personne. Elle est une fille incroyable, une grande joueuse de tennis. Cette manière qu’elle a d’apporter cette fraîcheur, elle n’a peur de rien sur le terrain et c’est incroyable. »

Elle est une personne brillante et elle a été l’une des premières personnes à m’écrire, ce qui est vraiment chouette. Je pense qu’elle le mérite sérieusement.

Ashleigh Barty

Mikaela Shiffrin, grande championne de ski alpin, admire aussi énormément la joueuse de tennis. Les deux ont un respect mutuel et la plus récente gagnante du gros Globe de cristal a toujours eu de bons mots pour Świątek. Les deux partagent ce souci de l’équilibre et du bien-être mental et physique, dont elles font toutes les deux la promotion à travers leurs différentes plateformes.

Lorsque la Polonaise a gagné à Miami, Shiffrin a écrit : « Oh, mon Dieu ! Félicitations, c’est toujours un plaisir de te regarder jouer », sur Twitter.

Après s’être inclinée en finale devant elle à Miami, Osaka est revenue sur une conversation qu’elle avait déjà eue avec Świątek : « Il y a quelques années, je suis allée dîner avec elle en Australie et elle m’a dit qu’elle pensait aller à l’université. Je lui ai dit : ne fais pas ça. Ça me fait plaisir, Iga… »

Puis, son entraîneur des cinq dernières années, Piotr Sierzputowski, de qui elle s’est séparée à la fin de l’année 2021, a expliqué au magazine polonais WP Sportowe Fakty ce qui faisait le succès de Świątek : « Son désir de gagner est sa plus grande motivation. Ce n’est pas l’argent, ce n’est pas la célébrité. Elle veut juste gagner. »

Gagner. Świątek est devenue une experte dans ce domaine. Peu à peu, elle réussira aussi à gagner le cœur des amateurs qui ne sont pas encore tombés sous son charme.