Les célébrations du Nouvel An n’ont pas été de longue durée pour Félix Auger-Aliassime. C’est tout sourire, comme d’habitude, et avec une ponctualité désarmante que le joueur de tennis de 21 ans s’est confié à La Presse, en direct de sa chambre d’hôtel de Sydney, en Australie, quelques heures seulement après avoir officiellement mis le pied en 2022.

Le Québécois y est pour se préparer aux Internationaux d’Australie à la fin de janvier, mais surtout pour représenter le Canada à la Coupe ATP, qui est le premier tournoi de la saison.

Le temps passe vite dans le monde du tennis. Avec tous leurs matchs, leurs entraînements et leurs voyages aux quatre coins du monde 11 mois par année, les joueurs n’ont jamais vraiment le temps de se poser. Toutefois, lorsqu’Auger-Aliassime repense à la saison qu’il vient de vivre, il avoue en être assez fier.

J’ai eu une super année 2021. J’ai réussi de [belles choses], j’ai franchi de nouvelles étapes dans ma carrière, mais reste qu’au tennis, tout est toujours à recommencer.

Félix Auger-Aliassime

Parmi ses réalisations, notons une finale à Melbourne, une finale à Stuttgart, une demi-finale à Halle, un quart de finale à Wimbledon, une première présence aux Jeux olympiques, une demi-finale aux Internationaux des États-Unis et un séjour dans le top 10 mondial. Il aborde 2022 avec une grande assurance, convient-il.

Même s’il a reçu une immense vague d’amour du public québécois depuis son parcours à Flushing Meadows en septembre, Auger-Aliassime garde les pieds sur terre. Il est conscient que dans ce sport, il ne faut jamais rien tenir pour acquis. Néanmoins, il sait qu’il fait partie des meilleurs et que ce privilège s’accompagne d’une immense pression.

Lorsque le Québécois connaît des séquences plus difficiles ou que vient le moment de remettre ses huit défaites en finale et sa fiche de 6-19 contre des adversaires du top 10 sur la table, certains n’hésitent pas à mettre en cause la pression, avec laquelle il pourrait avoir de la difficulté à composer. Au contraire. Il s’agit de son plus puissant moteur.

« Il y a des attentes assez élevées à mon égard depuis que j’ai 14 ans. Malgré mon jeune âge, je vis bien avec ça et j’ai appris à l’apprivoiser. Si un jour je veux être numéro un mondial, je vais devoir négocier avec la pression ultime, c’est le plus haut sommet. Je préfère être dans cette position que d’être un joueur qui est inattendu ou inconnu. J’arrive à bien utiliser cette pression pour me motiver », a-t-il expliqué.

Jeune homme mature et qui a bon cœur, Auger-Aliassime croit aussi fermement en la bienveillance des amateurs. La pression sur ses épaules n’est pas insupportable et il ose croire que les partisans sont capables de voir et considérer l’être humain avant le joueur. Il se donne corps et âme à chaque service, à chaque enjambée, à chaque match, et c’est ce qu’il a de mieux à offrir, qu’il gagne ou qu’il perde.

« Moi aussi, j’aimerais gagner tous mes matchs et que tout aille toujours comme je veux, mais en fin de compte, quand les gens sentent l’honnêteté, l’envie et l’enthousiasme que j’ai à jouer au tennis, c’est vraiment le principal. »

Le top 10 dans sa ligne de mire

En novembre, Auger-Aliassime a fait un passage bref, mais remarqué, dans le top 10. Actuellement posté au 11e rang, tout juste derrière l’Italien Jannik Sinner, le Québécois aimerait bien obtenir un ticket régulier dans le top 10. Ce qui lui permettrait de terminer l’année aux finales de l’ATP, qui regroupent les huit joueurs les mieux classés.

Il aimerait aussi, évidemment, remporter un premier titre sur le circuit. Toutefois, son plus grand objectif en marge de la nouvelle saison est de rester constant, car les deux premiers objectifs sont difficilement atteignables sans plus de régularité.

Il n’en demeure pas moins qu’à 21 ans, se retrouver au 11e rang mondial est une immense réalisation. En 2019, la Fédération internationale de tennis (ITF) écrivait dans un rapport que 87 millions de personnes à travers le monde jouaient au tennis de manière régulière. Auger-Aliassime, lui, est 11e sur la planète. Seulement 10 joueurs sur toute la surface du globe sont meilleurs que lui, selon le classement.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Félix Auger-Aliassime occupe actuellement le 11rang au classement mondial.

« On n’y pense pas trop, on le dit souvent comme ça rapidement, mais lorsqu’on s’arrête et qu’on prend le temps de penser à ce que ça veut dire, à ce que ça signifie, et que je me remets dans ma peau lorsque j’ai commencé à jouer dans les parcs du Québec à 8 ans, c’est complètement fou ! »

Un sentiment très spécial pour celui qui est encore en pleine progression et qui, selon le règlement, aurait pu disputer le tournoi Next Gen de fin de saison réservé aux meilleurs espoirs du monde du tennis.

Un peu de repos et du temps en famille ont été bénéfiques pour lui, ces dernières semaines. La nouvelle année commence à peine et déjà Auger-Aliassime a les yeux pleins d’espoir et la tête pleine de rêves. Il y a tant de choses à réaliser au cours des 12 prochains mois. L’année 2021 a été « magnifique et remplie d’excellents souvenirs », si bien qu’il a simplement envie d’en recréer d’autres, un match à la fois.