On a beaucoup entendu que le golf a grandement profité du déconfinement tardif des sports d’équipe durant l’été. Mais qu’en est-il de l’autre sport individuel majeur, le tennis ?

Puisque le golf a connu un fort élan de popularité durant l’été, il était logique de croire que le tennis avait également bénéficié de l’effet de levier qu’aura été la COVID-19 pour certains sports. Et c’est le cas.

Le golf était en perdition avant que ne frappe ce virus inattendu.

« La COVID-19 a sauvé l’industrie du golf », a dit Martin Ducharme, président de l’Association des clubs de golf du Québec, à mon collègue Pierre-Marc Durivage, au début du mois.

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La popularité du tennis aussi a beaucoup crû depuis le printemps. Cependant, contrairement au golf, la pandémie n’explique pas tout dans le cas du tennis.

Selon les trois intervenants du milieu à qui nous avons parlé, elle n’y est certainement pas étrangère. Mais le mouvement vers le haut était déjà amorcé. Puis ce mouvement a vraisemblablement été accéléré par la COVID-19.

« C’est sûr que c’est une partie de la réponse parce que les jeunes n’avaient pas joué de matchs compétitifs depuis plusieurs mois [les tournois ayant été annulés de la mi-mars à la mi-juillet]. Donc, à la minute où on a offert des tournois, ils se sont remplis extrêmement rapidement, indique Andréanne Martin, directrice générale adjointe de Tennis Québec. La majorité des jeunes, ce qu’ils préfèrent, ce n’est pas s’entraîner, c’est plutôt jouer des tournois, améliorer leur classement. Cette augmentation, ce n’est pas nouveau en 2020, mais elle a été frappante cet été. »

Les tournois auxquels elle fait référence sont les plus importants sanctionnés par son organisme. Ils regroupent les meilleurs jeunes joueurs du Québec.

La participation au tournoi de Repentigny a donc triplé. Le championnat provincial chez les 12 ans – une période cruciale dans le développement – a été disputé par un nombre de joueurs de 56 % supérieur à l’été précédent.

« J’étais quand même un peu surprise parce qu’on savait déjà qu’on n’aurait pas de championnat canadien et, malgré ça, la participation a été extrêmement forte », dit Mme Martin.

Quand les parents ont de jeunes enfants et qu’ils décident de leur faire pratiquer un sport, le tennis devient un choix plus rapidement qu’il y a 20 ou 30 ans, alors qu’on n’existait à peu près pas dans le paysage sportif.

Eugène Lapierre, vice-président de Tennis Canada et directeur du volet montréalais de la Coupe Rogers

Andréanne Martin souligne que même le championnat québécois chez les femmes vétéranes (de 30 à 70 ans) a enregistré un record de participation, avec 72 joueuses plutôt que les 57 ou 58 habituelles.

« Donc, même chez les vétérans, alors qu’on aurait pensé qu’ils auraient plus peur de la transmission du virus que les jeunes, on a vu une hausse du côté des tournois. »

Semblable au récréatif

On a donc constaté une poussée marquée de la popularité du sport en secteur compétitif. Et les cours ? La pratique libre ? Mêmes observations.

« Au niveau de la participation, ce qu’on se fait dire, c’est que les terrains sont vraiment de plus en plus occupés. Pas nécessairement tout le temps en cours, mais du moins en pratique libre », rapporte Mme Martin.

« L’histoire à succès à Montréal cette année, c’est le tennis, affirme Gabriel Trottier-Hardy, président de Tennis Montréal. C’est la rétroaction qu’on a reçue du représentant de la Ville de Montréal qui participe comme observateur à notre conseil d’administration. »

Contrairement au reste du Québec, les chiffres qu’il est possible de compiler n’appuient pas cette affirmation à Montréal, mais il y a des explications, explique M. Trottier-Hardy. Une longue liste, en fait, essentiellement en lien direct avec la pandémie.

Les voici, résumées :

• La saison a commencé beaucoup plus tard.

• Les ratios d’élèves par groupe ont été diminués.

• Les cours pour les 7 ans et moins, fort prisés, ont été annulés parce que le respect de la distanciation aurait été ardu.

• En raison de rénovations, 10 parcs étaient ouverts plutôt que 14.

• La Ville a demandé à l’OSBL de libérer des courts supplémentaires pour satisfaire la très grande demande sur le plan de la pratique libre.

Donc, si on ne s’en tient qu’aux chiffres, « on ne compare pas des pommes avec des pommes », fait valoir le président de Tennis Montréal.

C’est allé au-delà de nos attentes cette année. La vitesse à laquelle les cours se sont remplis, et les ligues aussi.

Gabriel Trottier-Hardy, président de Tennis Montréal

D’ailleurs, l’Omnium Tennis Montréal, tournoi amateur de fin de saison, a recueilli 91 inscriptions chez les adultes, en comparaison avec les 61 en 2019, une hausse de pratiquement 50 %. Il n’a toutefois pas eu lieu chez les juniors.

Eugène Lapierre a eu les mêmes échos concernant la progression du tennis récréatif.

« Ce que j’ai entendu, c’est que les clubs extérieurs ont débordé partout. Je prends juste notre cas, au stade IGA, on a eu beaucoup de gens qui appelaient pour la première fois », dit-il.

La simplicité de la pratique du tennis lui procure par ailleurs un grand avantage, ajoute M. Lapierre

« Ce qui nous favorise un peu, c’est que la pratique non organisée est facile. Tu vas jouer au terrain du parc ou sur un mur. On voit de plus en plus de gens jouer sur les murs d’école, ce qui est formidable. Il n’y a pas un champion qui n’a pas commencé en jouant sur un mur. »

Ailleurs aussi

Du côté de Tennis Laval, les données sont notables, tant en ce qui concerne les cours que les membres.

L’organisme a la responsabilité des parcs Couvrette et Saint-Victor, qui totalisent 11 terrains.

« Tennis Laval, c’est vraiment notre référence pour savoir comment va le tennis à Laval l’été, précise Andréanne Martin. C’est eux qui ont le plus de membres au niveau du tennis extérieur. Il y a des tournois, des ligues, des cours. C’est vraiment comme un club intérieur, mais à l’extérieur. »

Québec aussi a connu un bon été. Un été record, en fait, a souligné l’Association régionale de tennis de Québec par voie de communiqué, il y a près de deux mois, quant au nombre de joueurs sur les terrains extérieurs de la région.

Dans l’ouest de la province, Tennis Outaouais Performance a enregistré une augmentation de 15 % du nombre d’inscriptions dans son programme pour les jeunes qui suivent des cours de deux à cinq fois par semaine.

Le tennis semble donc tourner à pleine vapeur, en particulier cette année. Au point que, en ce qui a trait aux infrastructures, il pourrait bientôt être victime de son succès.

« La disponibilité des courts va devenir un problème. Tant à l’intérieur qu’à l’extérieur », signale le président de Tennis Montréal.