Bianca Andreescu a entrepris la saison dans le rôle de jeune joueuse prometteuse désireuse de faire ses preuves chez les professionnelles. Elle termine l’année comme l’une des têtes d’affiche du tennis féminin mondial.

Elle a épinglé à son tableau de chasse une brochette de joueuses de premier plan — Kerber, Venus, Wozniacki, Svitolina, Pliskova et bien sûr, Serena — et la révélation de l’année a trouvé le moyen de s’illustrer lors des moments les plus importants et sur les plus grandes scènes du tennis.

Andreescu couronne cette saison inoubliable en remportant le prix Bobbie Rosenfeld, décerné par La Presse canadienne à l’athlète féminine de l’année au pays.

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Bianca Andreescu a également remporté le trophée Lou-Marsh, remis à l'athlète canadien de l'année.

« Quand j’arrive sur le terrain, et je sais que c’est facile à dire, j’essaie de ne pas me concentrer sur mon adversaire de l’autre côté du filet, a expliqué Andreescu. Je pense que cela m’a aidée à réaliser ce que j’ai accompli. »

La liste des succès d’Andreescu au cours des 12 derniers mois est longue. Et elle a continué de briller tout au long de l’année.

Son premier coup d’éclat est survenu à Indian Wells, en Californie, en mars. Un titre en simple à la Coupe Rogers — le premier d’une Canadienne en 50 ans — s’est concrétisé en août, quelques semaines avant une performance historique aux Internationaux des États-Unis.

Lors d’un moment unique dans les annales du sport canadien qui se compare à la victoire de Mike Weir au Tournoi des Maîtres et au but en or de Sidney Crosby, Andreescu a vaincu Serena Williams pour devenir la première Canadienne à remporter un titre en simple à un tournoi du Grand Chelem.

« Bianca Andreescu est le seul choix pour l’athlète féminine de l’année au Canada, a affirmé Shawna Richer, directrice de la section des sports au Globe and Mail. De loin la performance la plus dominante de tous les athlètes, hommes ou femmes. Cette année, une grande vedette s’est révélée. »

Andreescu a presque balayé le sondage de fin d’année mené auprès des commentateurs et des responsables des sections sportives des médias à travers le pays.

Elle a obtenu 66 des 68 votes (97 %), la patineuse de vitesse courte piste Kim Boutin et la coureuse de demi-fond Gabriela DeBues-Stafford ayant obtenu un vote chacune.

La golfeuse Brooke Henderson a remporté le prix Bobbie Rosenfeld au cours des deux dernières années. Eugenie Bouchard est la dernière joueuse de tennis à avoir mérité cet honneur, l’ayant gagné en 2013 et 2014.

Le lauréat du prix Lionel Conacher remis à l’athlète masculin de l’année au pays sera connu, vendredi, et l’équipe de l’année sera dévoilée samedi.

Déclic

Andreescu a gravi les échelons du classement à la vitesse grand V pour conclure l’année au 5e rang. Elle a entrepris 2019 à la 152e position.

Avec son style combatif et son tennis d’attaque qui garde les adversaires sur leurs talons, Andreescu dispose d’une variété de coups qui peuvent être difficiles à parer. Elle a la puissance pour tenir tête à ses adversaires qui misent sur la puissance mais peut aussi utiliser à son avantage des balles coupées ou des amortis.

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« Je pense que je suis maintenant à un stade où je peux choisir le bon coup au bon moment, a-t-elle expliqué. Je pense que c’est le défi auquel j’ai fait face cette année, celui de choisir le bon coup dans ma boîte à outils au bon moment. Mais je pense que cela s’améliore et je crois que je peux continuer à m’imposer au circuit de la WTA. »

Andreescu devait se frayer un chemin à travers les qualifications il y a un an. Les présences au tableau principal et éventuellement un rôle de tête de série aux tournois plus importants ont rapidement suivi.

Sa performance au tournoi ASB d’Auckland en janvier dernier a d’abord retenu l’attention. Elle a eu raison des anciennes no 1 mondiales Venus Williams et Caroline Wozniacki avant de perdre en finale.

Andreescu a remporté un tournoi de niveau inférieur de la série WTA 125K à Newport Beach, en Californie, plus tard ce même mois avant de se présenter à Indian Wells.

Une victoire au deuxième tour contre Dominika Cibulkova, alors 35e joueuse mondiale, et celle en quart de finale contre Garbine Muguruza, au 20e rang, lui ont permis de se démarquer avant son triomphe en finale contre Angelique Kerber, no 8 mondiale à l’époque.

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« Quand j’ai battu Cibulkova, je pense que cela a fait un déclic parce que j’ai ensuite joué contre Muguruza et ce n’était pas mon meilleur match, se souvient-elle. J’ai gagné ce match 6-0, 6-1, ce qui est très rare.

« Je pense qu’à partir de ce moment, j’ai vraiment pensé que je pouvais gagner un Grand Chelem. »

Andreescu a alors touché son premier chèque à sept chiffres (1,35 million US) et a gagné 36 places pour se hisser au 24e rang mondial. Elle est devenue la première joueuse ayant obtenu un laissez-passer à gagner un tournoi de la catégorie la plus prestigieuse du circuit de la WTA.

Cependant, les blessures se sont mises de la partie. La saison d’Andreescu s’est conclue prématurément aux Finales de la WTA en raison d’une blessure au genou et son horaire de mi-saison a été limité par un problème à l’épaule qui l’a forcée à abandonner lors de son match de quatrième ronde au tournoi de Miami.

Après une élimination au deuxième tour des Internationaux de France, Andreescu a pris sa revanche à la Coupe Rogers. Adulée par la foule torontoise dans ce qui était essentiellement un tournoi à la maison pour elle, elle a remporté le titre lorsque Williams a renoncé à poursuivre le jeu après seulement quatre jeux en raison d’une blessure.

Andreescu a poursuivi sur sa lancée quelques semaines plus tard aux Internationaux des États-Unis. Elle n’a perdu que deux manches dans l’ensemble du tournoi avant de s’imposer à nouveau face à Williams en finale, cette fois par le score de 6-3, 7-5.

« Au fond de moi, il y a toujours cette pensée [où] vous savez que vous jouez contre quelqu’un qui fait partie du top 5 ou du top 10, a reconnu Andreescu. Mais dans ces circonstances, je ne fais que hausser mon niveau de jeu, ce qui est parfait, car je dois le faire pour me maintenir au leur.

« Je ne sais pas comment j’y arrive. C’est comme ça. »

Andreescu a compilé un palmarès de 48-7 sur l’ensemble de la saison et a totalisé 6,5 millions US en revenus.

Aleksandra Wozniak (2009), Helen Kelesi (1989, 1990) et Carling Bassett (1985) sont les autres joueuses de tennis qui ont remporté le prix Bobbie Rosenfeld.

Rosenfeld, médaillée olympique en athlétisme et athlète multisports, a été nommée meilleure athlète féminine du demi-siècle au pays en 1950.