(Paris) « Injuste » pour la WTA, « honte » pour Mauresmo : la décision de Roland-Garros de reprogrammer les demi-finales dames sur d’autres courts que le Central vendredi après que le déroulement du tournoi parisien a été bouleversé par la pluie est vivement critiquée.

Traditionnellement jouées le jeudi après-midi sur le court Philippe-Chatrier, les demi-finales du tableau féminin ont été exceptionnellement reportées à vendredi, journée habituellement dédiée aux demi-finales messieurs, à cause de la pluie tombée sans discontinuer mercredi sur Roland-Garros.

Vendredi matin, dès onze heures, les quatre joueuses ayant rallié le dernier carré entreront simultanément sur deux courts : l’Australienne Ashleigh Barty (8e) et l’Américaine Amanda Anisimova (51e) sur le Suzanne-Lenglen, et la Britannique Johanna Konta (26e) et la Tchèque Marketa Vondrousova (38e) sur le Simonne-Mathieu, niché au fond du jardin des serres d’Auteuil. Un choix guidé à la fois par la volonté que les joueuses qui se qualifieront pour la finale, prévue samedi, disposent d’un temps de repos équivalent et par la météo de nouveau annoncée « difficiles » ce vendredi.

Les demi-finales messieurs, avec les quatre meilleurs joueurs mondiaux, sont elles programmées l’une à la suite de l’autre sur le Central, à partir de 12 h 50 : d’abord celle entre Roger Federer et Rafael Nadal, suivie de celle entre Novak Djokovic et Dominic Thiem.

« Quel message envoyons-nous ? »

Une programmation déplorée par la WTA, l’organisation qui régit le circuit professionnel féminin, comme par Amélie Mauresmo.

« Nous sommes extrêmement déçus de la programmation des deux demi-finales dames sur d’autres courts que le Central. Cette décision est injuste et inappropriée », dénonce le patron de la WTA Steve Simon dans un communiqué jeudi.

« Les quatre joueuses qui […] sont arrivées aussi loin ont mérité de jouer sur le plus grand court. Nous pensons qu’il y avait d’autres solutions possibles, à la fois pour le bien des spectateurs et de tous les joueurs », considère-t-il.

« La programmation des demi-finales féminines demain (vendredi) à Roland-Garros est une honte pour notre tournoi ! », renchérit Mauresmo sur Twitter.

« Tout le monde est d’accord sur le fait que le match du jour est Federer/Nadal. Mais quel message envoyons-nous en prenant la décision de mettre les deux demi-finales femmes à onze heures sur les courts 2 et 3 (le deuxième et le troisième plus grands courts, NDLR) du stade ? », interroge la joueuse au palmarès le plus prestigieux du tennis français moderne (femmes et hommes confondus), ex-N.1 mondiale et double lauréate en Grand Chelem.

Interrogées sur le sujet après leur qualification respective pour le dernier carré jeudi, ni Anisimova ni Barty, qui vont jouer leur toute première demi-finale en Grand Chelem, ne s’en sont elles offusquées.

« Rien de dégradant »

« Aucune ne sera sur le Chatrier ? Je ne savais pas », a d’abord répondu Anisimova. « Ce n’est pas vraiment grave. Quel que soit le court sur lequel ils me font jouer, je serai heureuse. Ce sont tous des courts incroyables », a-t-elle poursuivi.

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Le court Philippe Chatrier, à Roland-Garros

« Évidemment, on aurait adoré jouer sur le Chatrier. Mais personnellement, je suis excitée d’être en demi-finales, peu importe sur quel court je joue, je serai prête », a estimé Barty.

« On va essayer de faire les meilleurs choix possibles compte tenu des circonstances. On a la chance d’avoir trois courts principaux magnifiques.  Si ça devait être le cas, j’estime qu’il n’y aurait rien de dégradant à jouer sur le Simonne-Mathieu, qualifié par certains de plus beau court du monde », avait tenté de déminer le directeur du tournoi Guy Forget dès mercredi soir.  

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Le court Simonne-Mathieu

« Il n’y a pas de solution idéale » mais « si j’étais une joueuse aujourd’hui, je préfèrerais jouer sur un court plus petit, en sachant que j’aurai assez de temps pour récupérer, au moins autant que mon adversaire, parce qu’une finale, c’est pour ça que je joue », avait-il argumenté.  

« On a toujours peur que certains joueurs pensent peut-être que c’est un manque de respect, qu’on les rabaisse, mais on veut les voir dans la meilleure forme physique possible », avait-il insisté.