À chaque fois que la pluie perturbe les activités de la Coupe Rogers, la question revient sur le tapis: doit-on doter le stade Uniprix d'un toit?

«Ça aiderait quand il pleut, dit en riant Eugène Lapierre, vice-président de Tennis Canada et directeur du volet montréalais du tournoi. Mais on regarde aussi ce qui se passe ailleurs et c'est un peu dans l'air du temps. Je pense que c'est pour ça qu'elle est revenue dans les discussions cette semaine.»

Les tournois du Grand Chelem devraient tous être dotés d'au moins un stade couvert bientôt et les Masters de Madrid et Shanghai le sont déjà, tandis que d'autres en parlent.

«Même certains tournois du niveau 500, ajoute Lapierre. Alors on a l'impression qu'il faut regarder cela de plus près, étudier cette question plus sérieusement.»

Et Tennis Canada peut maintenant compter sur un appui de taille: le maire de Montréal, Denis Coderre, s'est dit ouvert à discuter de la question.

«C'est certain que pour mettre de l'avant un projet comme celui-là, ça prend l'appui des paliers de gouvernements. On sait que M. Coderre a une certaine vision pour Montréal, pour sa visibilité internationale, que ce soit du côté sportif ou culturel.

«On a vu d'autres villes faire cela par le passé. Au tennis, quand Melbourne a voulu ravoir les Internationaux, elle est allée chercher un Grand Prix de Formule 1. Beaucoup par le sport, mais aussi par le milieu culturel, il y avait une volonté politique de remettre Melbourne, qui est une ville relativement mineure, à l'avant-plan, que son nom résonne à l'international. À Montréal, on a une longueur d'avance: on a déjà des événements internationaux, une couleur, une «marque'.»

Enjeu majeur

Des activités perturbées par la pluie ont non seulement des conséquences sur le tournoi, mais aussi sur le développement du tennis au pays, dont le financement repose en grande partie sur les Internationaux du Canada. Dans un article du Journal de Montréal vendredi, le président du conseil d'administration de Tennis Canada, John LeBoutillier, estime que c'est maintenant nécessaire de parler d'un toit afin que Montréal conserve ses acquis.

«C'est sûr qu'on voit ce qu'on perd. Cette semaine, ce sont plusieurs centaines de milliers de dollars, juste en raison de la météo, laisse tomber Lapierre. Quand on annonce de la pluie, même s'il ne pleut pas, les gens ne se présentent pas. On l'a vu lundi, mardi, mercredi et même (vendredi). C'est certain que ça va paraître, même si on va jouer les matchs à peu près normalement.

«Sur la scène internationale, le fait que l'on puisse dire à la télévision - partout dans le monde, des millions et des millions de téléspectateurs attendent de voir leur joueur favori à une heure précise - à quelle heure tel match aura lieu, ça vaut cher. Nos droits de télévision augmentent de façon exponentielle. Le monde du tennis s'organise, on s'en va dans cette direction-là.

«Pour Tennis Canada, oui, ce sont d'importants revenus. Ces sommes sont réinvesties dans le développement du sport, pour les athlètes, mais aussi dans des programmes comme des tournées dans les écoles, etc. On voit tout le travail qui a été accompli avec succès ces dernières années, mais on voit tout le reste du travail qui reste à faire. C'est certain que pour un président comme John LeBoutillier, c'est intéressant. Il se dit que ce serait bien de récupérer tout cet argent qu'on laisse sur la table.»

Pas seulement pendant les 10 jours que dure le tournoi

«Pour le reste de l'année, ce serait aussi intéressant, (...) c'est certain qu'on pourrait mieux exploiter le stade, estime Lapierre. Quand des promoteurs doivent réserver le stade plusieurs jours pour être assurés d'y présenter leur spectacle, ce n'est pas intéressant. C'est certain qu'il y aurait un retour pour les Montréalais. On ne le ferait pas si c'était que pour nous. Si ça peut être un apport pour la population à tous les niveaux, peut-être qu'on est en droit de se poser la question de façon plus sérieuse.»

Il assure que la pression ne vient ni de la WTA, ni de l'ATP. Pas encore, du moins.

«Absolument pas, mais on essaie pour une fois de devancer la pression. On se dit: «Est-ce qu'on pourrait, cette fois-ci, être la ville qui se démarque au lieu d'être la ville qui est obligée, sinon elle perdra son événement?» On a vu ça avec le Grand Prix (de Formule 1) et ici, quand on a refait le stade il y a 20 ans, sinon, ça s'en allait à Toronto. Là, on veut prévenir les coups.»

Et pour Toronto?

«On en discute aussi pour Toronto, affirme Lapierre, mais il y a d'autres problèmes là-bas. Le tournoi est plus loin du centre-ville, c'est plus difficile de s'y rendre. On se demande s'il n'y aurait pas lieu de rapprocher l'événement du centre-ville. La question est plus complexe à Toronto qu'ici.»