Un champion. Un finaliste. C'est la règle immuable du tennis. Mais chacun à leur façon, Novak Djokovic et Roger Federer étaient soulagés, dimanche, après leur finale en cinq manches, l'une des plus relevées de l'histoire de Wimbledon.

D'abord, le finaliste. Plus grand champion de Wimbledon ex aequo avec Pete Sampras qui a aussi sept titres, Roger Federer a perdu un grand match contre Novak Djokovic après avoir effacé un déficit de 2-5 à la quatrième manche. Marque finale: 6-7 (7), 6-4, 7-6 (4), 5-7 et 6-4 en faveur de Novak Djokovic, qui ravit ainsi le premier rang mondial à Rafael Nadal, éliminé au quatrième tour.

Satisfait de son effort mais déçu du résultat, Roger Federer a versé une larme sur le court après sa défaite qui lui «prouve que tout est possible (s'il est) en forme physique». À sa première finale en Grand Chelem depuis deux ans, le Suisse qui aura 33 ans le mois prochain est revenu de l'arrière 5-2 à la quatrième manche, sauvant une balle de match sur son service à 5-3 puis brisant Djokovic qui servait pour le match à 5-4. Il a toutefois perdu en concédant son service durant le dernier jeu du match.

«Novak mérite cette victoire, mais ce fut très serré, dit-il. J'ai assez bien joué pour remporter le match. Je suis resté positif, je suis content que mon attitude ait payé. Ç'aurait été tellement un truc extraordinaire de gagner le match. C'est juste un peu triste (de perdre).»

«La victoire dont je suis le plus fier»

Maintenant, le nouveau champion de Wimbledon. Habitué des finales du Grand Chelem depuis un an, Novak Djokovic y avait toujours le mauvais rôle. C'est contre lui qu'Andy Murray a mis fin à la disette britannique de 77 ans à Wimbledon il y a un an. Il s'est incliné contre Rafael Nadal en finale du dernier US Open. C'est lui qui a fait le plus peur à Nadal sur terre battue à Roland-Garros, mais toujours dans une cause perdante.

Après que Djokovic eut perdu son avance à la quatrième manche contre un Roger Federer à la recherche d'un huitième titre à Wimbledon, le même scénario semblait prometteur. Mais le Serbe a gardé son calme. «Je n'ai pas laissé mes émotions prendre le dessus comme ç'a été probablement le cas à Roland-Garros (en finale contre Nadal)», dit-il.

À 5-4 pour Djokovic, c'est Roger Federer, pourtant le meilleur serveur des deux, qui a connu un jeu difficile au service. Sans sa première balle, il était soudain plus vulnérable en échange, la force de Djokovic qui a obtenu son quatrième bris de service du match pour remporter son deuxième titre à Wimbledon (après 2011) et son septième titre du Grand Chelem en carrière.

«C'est la victoire dont je suis le plus fier, affirme Novak Djokovic. C'est aussi la finale du Grand Chelem la plus relevée à laquelle j'ai pris part. Roger a montré pourquoi il est un champion, il a montré son esprit combattant. J'aurais facilement pu perdre ma concentration après la quatrième manche et lui donner la victoire. Mais je ne l'ai pas fait, et c'est pourquoi cette victoire est si spéciale.»

En théorie, Roger Federer a perdu cette finale sur un bris de service, mais le principal intéressé attribue plutôt sa défaite à ses retours de service au cours des trois premières manches. «Je ne provoquais pas assez d'occasions pour mettre de la pression sur Novak, dit-il. Ce n'est qu'en tirant de l'arrière d'un bris de service au quatrième set que j'ai trouvé davantage comment retourner son service.»

Le retour de Federer?

Le duel Djokovic-Federer n'a pas été un grand match uniquement en raison des nombreux rebondissements. Ce fut aussi un choc entre deux philosophies du tennis. Celle de Novak Djokovic - partagée au passage par Nadal et Murray - qui s'appuie sur l'agressivité en fond de terrain. Contre celle de Roger Federer qui a un jeu plus fin et varié.

À Djokovic qui préférait attaquer de la ligne de fond, Roger Federer a riposté dimanche en prenant souvent d'assaut le filet (44 points gagnés au filet en 67 montées pour un taux de réussite de 74%, le même que Djokovic qui a gagné 26 points en 35 montées). «J'ai continué de croire que je devais jouer du tennis offensif, dit Roger Federer. Je suis content que ça ait payé à certains moments.»

Roger Federer gagnera-t-il un jour son 18e titre du Grand Chelem? Dépassera-t-il Pete Sampras avec huit titres à Wimbledon? Poser de telles questions après un match où il était à un smash et six points d'y parvenir peut sembler absurde à première vue.

Sauf que même si son jeu est nettement meilleur cette année, Roger Federer n'a pas atteint une finale du Grand Chelem sur le dur depuis 2009 et sur la terre battue depuis 2011. Et on ne dispute qu'un seul tournoi du Grand Chelem par année sur gazon, sa surface préférée à laquelle on ajoutera une semaine préparatoire l'an prochain.

Mais pour l'heure, Roger Federer repart soulagé de l'All England Club. Au lieu d'une défaite au deuxième tour comme en 2013, il a été éliminé dans une finale de grande qualité contre le nouveau numéro un mondial. «Clairement, nous sommes tous deux contents, dit Roger Federer. Enfin, lui un peu plus que moi, mais je suis content dans l'ensemble...»