Roger Federer tente de remporter son huitième titre à Wimbledon et de devenir le joueur le plus titré au All England Club devant Pete Sampras. Pour sa première demi-finale en Grand Chelem, Milos Raonic se retrouve ainsi mêlé à l'un des chapitres les plus intéressants de l'histoire du tennis.

Après avoir écarté le jeune Australien Nick Kyrgios en quatre manches mercredi, Raonic, 8e tête de série, affrontera vendredi en demi-finale Roger Federer, 4e tête de série et détenteur de 17 titres du Grand Chelem, dont 7 à Wimbledon. Mais l'athlète de 23 ans, premier Canadien à atteindre le carré d'as d'un tournoi du Grand Chelem en simple masculin dans l'ère moderne du tennis, ne pense pas aux livres d'histoire actuellement.

«Jouerez-vous le septuple champion de Wimbledon ou le joueur de 32 ans?», lui a demandé un confrère en conférence de presse. Sa réponse en dit long sur son état d'esprit, celui d'un jeune joueur ambitieux qui attend depuis quelque temps déjà sa consécration en Grand Chelem. «Je ne joue pas le septuple champion de Wimbledon, le joueur de 32 ans ou le père de deux paires de jumeaux - ce qui est une probabilité très faible quand on y pense -, je joue le gars qui est entre moi et ce que je veux réaliser», dit Raonic.

Federer et lui se sont affrontés à quatre reprises. Autant de victoires de Federer. Les trois premières très serrées (en trois manches), la dernière un peu moins aux Internationaux d'Australie en 2013. À leur seul match sur gazon à Halle en 2012, Federer l'avait emporté au jeu décisif de la troisième manche. «Je suis un joueur différent depuis, dit Raonic. J'ai failli le battre plusieurs fois et je crois avoir de nouveaux aspects dans mon jeu qui me font croire que je peux le battre. Mais rien ne sert d'en parler. Je dois y aller et le faire.»

La clé: le service de Raonic

Le plus grand joueur de l'histoire du tennis moderne se rappelle aussi son duel «intéressant» contre Raonic à Halle en 2012. «On n'avait presque pas d'échanges», dit Federer.

Le duel de vendredi matin sur le court central du All England Club ne sera pas non plus un concours de régularité en fond de terrain. «ll a un gros service, c'est clairement ce qui est le plus difficile quand on l'affronte, dit Federer. Ça le garde dans le match. Ça ne change rien à la façon dont il joue sur les jeux en retour de service. Il a très bien servi tout le tournoi. On doit se concentrer sur son propre jeu et dire: "Je vais m'occuper de mes services et voir ce que je peux faire en retour de service." C'est mon plan.»

«J'espère que mon service sera meilleur que le sien, qu'il pourra me tirer des situations difficiles qui pourraient se présenter, dit Raonic, qui s'est fait briser seulement deux fois en cinq matchs à Wimbledon cette année. Roger est rapide, il peut faire ce qu'il veut sur le terrain. Je suis un peu plus prévisible, mais je m'occupe de mes affaires sur le terrain et je dois faire le travail. Je dois le faire jouer à mes conditions plutôt que de jouer aux siennes.»

En quart de finale, Raonic a mis fin au beau parcours de la surprise du tournoi, le jeune Australien Nick Kyrgios, en quatre manches de 6-7 (4), 6-2, 6-4 et 7-6 (4). Classé 144e au monde, l'athlète de 19 ans a reçu un laissez-passer des organisateurs pour participer au tableau principal. Il a sauvé neuf balles de match contre Richard Gasquet au deuxième tour. Il a vaincu le numéro un mondial Rafael Nadal au quatrième tour.

Contre Raonic et son puissant service en quart de finale, il était toutefois à court de miracles. Les deux joueurs disputaient un deuxième match en deux jours. «Il a servi de façon incroyable, dit Kyrgios. J'ai eu des difficultés sur le plan physique à partir du milieu du deuxième set. J'ai joué un bon premier set, je n'ai pas été capable de maintenir ce niveau, mais il a joué de façon spéciale, à mon avis.»

«C'était un match très difficile. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre. Nous avions joué l'un contre l'autre à Roland-Garros il y a trois semaines, mais c'était dans des circonstances différentes. Je suis content d'être sorti avec la victoire», dit Raonic, qui a fait 39 as au cours du match, contre 15 pour son adversaire, lui aussi un excellent serveur.

Vendredi matin, Raonic deviendra le premier Canadien à disputer une demi-finale de simple messieurs d'un tournoi du Grand Chelem depuis l'ère moderne du tennis (1968), et le premier depuis William Johnston au US Open en 1923 quand il n'y avait que des joueurs amateurs. Il faut remonter à Robert Powell en 1908 pour qu'un Canadien atteigne la demi-finale de Wimbledon en simple.