Andy Murray est à deux victoires de déclencher l'hystérie collective à Wimbledon en devenant le premier Britannique à gagner un Grand Chelem depuis Fred Perry en 1936, mais l'Écossais doit d'abord passer l'obstacle du No 1 mondial Rafael Nadal en demi-finale vendredi.

Novak Djokovic et Tomas Berdych, opposés dans l'autre demi-finale, peuvent se préparer à passer un après-midi tranquille, à l'abri des passions. Car la «Murray-mania» a repris de plus belle en Angleterre depuis l'élimination de ses footballeurs à la Coupe du monde et frise une nouvelle fois le délire.

Sur le Central, à la télévision et dans les journaux, il n'y en a plus que pour «Andy». On dissèque ses matchs, on glose sur les textos que lui envoie David Beckham, on guette des nouvelle de sa chienne Maggie et on regarde pousser sa barbe porte-bonheur qui, pourquoi pas?, peut contribuer à mettre fin à une attente qui devient plus insupportable d'année en année.

L'impatience a franchi un nouveau cap mercredi après sa victoire sur Tsonga qui, conjuguée à la défaite de Federer, a soulevé un grand vent d'optimisme. Car si l'Écossais a jusque-là toujours échoué dans sa quête, c'est en grande partie à cause de Federer qui l'a battu lors de ses deux premières grandes finales, à l'US Open en 2008 et à l'Open d'Australie en janvier.

À ces deux occasions, la presse britannique avait dépêché des dizaines de reporters en renfort, ce qui donne une idée de la folie qui s'emparerait du royaume si Murray dispute dimanche la finale de Wimbledon, la première pour un Britannique depuis Henry «Bunny» Austin, là aussi il y a une éternité, en 1938.

«Gagner ici serait incroyable. On attend ça depuis tellement longtemps. C'en est même devenu une blague dans les vestiaires entre joueurs», dit Murray avant de s'empresser d'ajouter que «le chemin est encore très long» qu'il lui reste «encore six sets à gagner» et qu'il lui faut «d'abord battre le No 1 mondial pour avoir seulement la possibilité» de viser le titre.

Jamais deux sans trois?

Ce ne sera effectivement pas une mince affaire face à Nadal, invaincu depuis douze matchs à Wimbledon où il n'a perdu que deux de ses vingt-six dernières rencontres, à chaque fois contre Federer lors des finales 2006 et 2007.

L'Espagnol, forfait sur blessure l'annnée dernière, peut devenir l'égal des Becker, Borg, Federer, McEnroe et Sampras -que du très lourd- en se qualifiant pour sa quatrième finale de suite à Wimbledon.

Mais, sans même parler du public, les observateurs croient Murray capable de percer le plafond de verre. «Je ne vois personne jouer mieux que lui en ce moment, souligne Boris Becker, triple vainqueur à Wimbledon. C'est un des rares à savoir instinctivement quoi faire sur cette surface.»

Selon Becker, Murray a changé depuis sa prestation décevante lors de sa première demi-finale à Wimbledon l'an dernier face à Andy Roddick. «Il est plus agressif du fond de court, il n'attend plus que l'adversaire fasse la faute.»

«Le plus intéressant c'est qu'il semble encore avoir une marge de progression, ce qui tombe bien car il en aura besoin face à Nadal», estime l'ancien No 1 britannique Tim Henman, quadruple demi-finaliste à Wimbledon sans jamais réussir à pousser plus loin.

Murray, lui, a déjà réussi à passer ce cap à deux reprises. Est-ce un signe? Les deux fois, il avait battu Nadal au passage, en demi-finale à New York et en quarts de finale à Melbourne. «Rencontrer «Rafa» est toujours sympa. On en est à deux victoires chacun en Grand Chelem», souligne Murray qui compte bien empocher la belle pour se rapprocher à une marche de le gloire.