« Je voulais gagner. Je voulais vraiment gagner », a lancé une Kim Clavel comblée, malgré les nombreuses ecchymoses.

Là où elle a expérimenté l’agonie de la défaite en janvier, sur le ring de la Place Bell, Kim Clavel a vécu vendredi l’allégresse de la victoire face à Naomi Arellano Reyes. La reconquête de son titre de championne du monde est bel et bien entamée.

Au moment où l’animateur a commencé à énumérer les cartes des juges – 96-94, 98-92 et 98-92 –, les deux boxeuses avaient le poing en l’air et semblaient confiantes. Quand le nom de Clavel a finalement retenti, la foule a explosé et un large sourire a fait son chemin à travers les contusions de la pugiliste locale.

Clavel a tardé à se présenter en conférence de presse après le combat, occupée à recevoir des points de suture au visage. C’est qu’un coup de tête de son adversaire l’a coupée sur la paupière et sous l’œil gauche au huitième round. Malgré le sang qui coulait, la Québécoise est demeurée concentrée pour aller chercher la victoire.

« C’était tout un combat, a lancé la championne. C’était une adversaire extrêmement coriace, probablement la fille qui cognait le plus contre qui j’aie jamais boxé. »

Il y a quelques semaines, Clavel disait vouloir « remettre les pendules à l’heure » et prouver que sa défaite en combat d’unification n’était qu’une « petite erreur de parcours ». Même si le combat n’a « pas été parfait » contre une adversaire « extrêmement coriace », elle y est arrivée.

Revenir d’une défaite, ce n’est pas facile. Il faut que tu te parles dans ta tête, ça demande du courage. Ça demande du travail. Il faut que tu sois positif dans ta tête, tout le temps. On savait que ça n’allait pas être un combat facile.

Kim Clavel

« J’ai trouvé une manière de gagner », a-t-elle ajouté dans un sourire.

Responsable défensivement

Dès le son de la cloche, aux alentours de 21 h 30, la Québécoise semblait plus alerte défensivement que lors de son dernier duel. Elle attaquait aux bons moments, offrant, fidèle à son habitude, un combat intense et acharné.

Dans les cinq premiers rounds, Clavel a dû essuyer plusieurs bonnes frappes adverses, mais toujours pour mieux décocher à son tour. Dans sa bulle, elle ne semblait pas le moins du monde affectée par les attaques de Reyes, jusqu’à ce qu’un coup de tête ne la coupe à deux endroits.

La Québécoise a ralenti le rythme au round suivant, avant de s’activer dans les deux minutes ultimes. Malgré le sang qui sortait de son nez et de sa paupière, Clavel a continué à attaquer, sous les « Clavel, Clavel, Clavel » qui retentissaient dans l’amphithéâtre.

« Je pense que ma vitesse a fait vraiment une différence dans ce combat-là. Mon crochet de gauche, ma main droite – j’ai réussi à la passer souvent. Ce n’était pas parfait comme combat, je le sais, mais on a gagné. C’est le principal.

« Je me suis déplacée, je me suis servie du ring. Elle avait vraiment des bras longs, une longue portée. Je n’avais pas le choix de rentrer, il fallait juste que je ramène mes mains très haut, que je me protège, que je fasse attention. »

Au cours des dernières semaines, Clavel a souvent parlé de la nécessité d’avoir une concentration impeccable, un aspect qui avait quelque peu fait défaut en janvier. À ce chapitre, c’est mission accomplie : la boxeuse était absorbée par la tâche et à l’écoute de tout ce que son équipe lui disait.

J’ai réussi à être concentrée. Je le savais, ce qui se passait. J’ai reçu des coups, mais c’est de la boxe et ça fait partie de la game. À un moment donné, on ne peut pas tous les esquiver. J’aurais aimé ça tous les arrêter, comme Patrick Roy, mais j’en ai laissé passer une couple ! On a gagné le match pareil.

Kim Clavel

« Pour être honnête avec vous, j’ai eu besoin aujourd’hui de tout mon petit courage dans mon cœur, a-t-elle ajouté un peu plus tard. En dedans de moi, je me suis parlé comme ce n’est pas possible. La boxe, c’est dur. Ce n’est pas n’importe qui qui peut faire ça. Nous, on le fait. Câlique que ce n’est pas facile. […] On le fait pour la passion. J’aime ce sport-là profondément. Il fait mal, mais il me fait du bien en même temps. »

Prochaine étape

Devant 2229 spectateurs, Clavel a ainsi mis la main sur les ceintures vacantes Internationale du World Boxing Council (WBC) et Intercontinentale de la World Boxing Organization (WBO). Mais au-delà de ça, la pugiliste du Groupe Yvon Michel (GYM) devient aspirante obligatoire aux titres de ces deux organisations. Elle pourrait donc se battre en championnat du monde prochainement ; c’est le plan. Une date est d’ailleurs déjà réservée en octobre, mais rien n’est encore certain pour un combat de championnat.

« On n’attendra pas six mois pour ramener Kim sur le ring si jamais les négociations sont difficiles et qu’on n’est pas capables de conclure une entente rapidement », a néanmoins précisé Yvon Michel à son côté.

Pour l’instant, Clavel profitera d’un repos fort mérité.

« Je suis logée à l’hôtel Times et savez-vous ce qu’il y a, demain matin ? », a-t-elle lancé avant de partir. « Un déjeuner continental gratis ! »