Kim Clavel est arrivée sur son vélo pliable pour son entraînement devant les médias au Complexe sportif Claude-Robillard, samedi, un peu avant midi.

Un petit comité l’attendait devant l’entrée du modeste gymnase temporaire de BoxeMontréal.com, déménagé au deuxième étage, en surplomb de la piste d’athlétisme, en raison d’importants travaux de rénovation au sous-sol de l’auguste édifice.

En raison d’une bruyante compétition de cheerleading au milieu de la piste, on a jugé opportun de déplacer le début de la séance dans l’entrée, histoire de s’entendre.

Manifestement en grande forme, Clavel a montré toute sa vitesse, sa précision et sa puissance en tapant dans les mitaines de son entraîneuse Danielle Bouchard.

D’un air satisfait, Yvon Michel observait la scène aux côtés de Bernard Barré et d’Alexandra Croft, ses partenaires dans le Groupe Gym. Le promoteur mise beaucoup sur Clavel, devenue la « locomotive » de son organisation.

« Elle a ce genre de leadership, ce genre d’influence », a estimé Yvon Michel, qui vivra son 72combat de championnat mondial depuis ses débuts en 1996. « Trois dates sont déjà réservées pour elle l’année prochaine, deux à la Place Bell et une autre au Centre Bell à la fin de l’année, comme on le faisait à l’époque avec Jean Pascal et Adonis Stevenson. »

Clavel devra d’abord défaire la Mexicaine Yesica Nery Plata pour ajouter la ceinture de championne mondiale des mi-mouches de la WBA à celle du WBC qu’elle détient déjà, jeudi soir, à la Place Bell de Laval.

La boxeuse de 32 ans sera la première athlète locale à tenter d’unifier des titres mondiaux dans le cadre d’un gala présenté au Québec.

« Je pense vraiment que Kim appartient à l’élite maximale, livre pour livre, de la division », a affirmé Michel.

Invaincue en 16 affrontements, la native de Joliette veut se montrer à la hauteur de cette confiance, même à l’entraînement samedi.

« [Yvon] est peut-être venu me voir une fois durant le camp et il est là à la fin, a noté Clavel. C’est lui qui me paye, c’est mon patron, d’une certaine façon. J’étais comme : “Je vais lui montrer ce que je sais faire, tu fais bien d’investir en moi, je suis prête, et regarde : on va donner un bon show. »

Elle ne le cache pas : elle ressent « des papillons, de la nervosité » à l’approche de son deuxième combat de championnat du monde.

Ça te prend parfois plus de temps avant de t’endormir parce que tu penses à tout ça. Tu dois respirer un peu. C’est fébrile.

Kim Clavel

La petite agitation ambiante de samedi ne l’a pas dérangée, au contraire. « Honnêtement, je me suis vraiment bien sentie. J’avais de la facilité à me concentrer. C’est comme si j’étais juste avec Danielle. On dirait que j’avais oublié ce qu’il y avait autour. On était dans notre bulle. Ce n’est pas que je suis show-off, mais j’aime ça quand il y a du monde. Ça me stimule. »

À son côté, Danielle Bouchard acquiesçait : « Kim adore ça, elle fonctionne aux défis. Chaque fois qu’il y a un peu de spectateurs, c’est sa motivation. Pour un sprint, par exemple, elle va chercher une seconde ou deux. C’est comme une fierté. »

Aucune animosité

Accompagnée de son père entraîneur et de son jeune frère Oscar, Nery Plata est arrivée au gymnase à la fin de l’entrevue de sa future adversaire. À l’aise en espagnol, Clavel s’est présentée pour lui souhaiter la bienvenue et lui exprimer sa gratitude. Les deux championnes ont posé ensemble. Aucune animosité ne transpirait.

Le collègue Jean-Luc Legendre, de RDS, a sorti son plus bel espagnol pour poser quelques questions à la championne de la WBA, qui défendra sa ceinture pour la première fois.

« Je suis très heureuse et très reconnaissante de cette occasion, a entamé Nery Plata. Nous sommes venus pour un grand combat et nous connaissons Kim, une rivale très forte. Ce sera donc bien. »

PHOTO FOURNIE PAR GROUPE GYM

Les boxeuses Yesica Nery Plata et Kim Clavel

L’athlète de Mexico (28-2, 3 K.-O.) a accepté de se battre pour seulement la deuxième fois hors de son pays dans l’espoir de « réaliser un rêve ». « J’ai eu une bonne préparation et j’espère que Dieu me permettra de sortir du combat les mains levées… »

Après un peu de shadow-boxing et de ballon-élastique, Yesica Nery Plata est montée pour taper dans les mitaines de son père.

À première vue, son style est différent de celui de Clavel, mais elle frappe fort. Fort et sec. Son uppercut de la droite rentre comme une tonne de brique pour une pugiliste de cette stature. Pas étonnant qu’elle soit classée au premier rang chez les 108 lb par le site de référence boxrec.com.

« Ça va être dur, mais je pense que Kim va l’emporter », a conclu Yvon Michel juste avant que la boxeuse ne reparte sur son vélo. Prochain rendez-vous : la conférence de presse officielle, lundi matin, au Casino de Montréal.

Les revenus espérés

Michel ignore s’il atteindra le cap des 4000 spectateurs qu’il souhaitait toujours tutoyer il y a deux semaines, mais il se réjouit d’avoir trouvé preneur pour 35 des 38 tables VIP en bordure du ring. « Si on ne se rend pas à 4000 billets, je pense qu’on va générer les revenus qu’on attendait », a estimé le promoteur. Le gala « Irrésistible II » sera offert à la télé à la carte pour la somme de 59,99 $. Pour la première fois, le Groupe Gym l’offrira sur son propre service par contournement sur l’internet, gymboxe.tv.