(Plant City) Ne jamais douter du cœur de lion de Jean Pascal. Même contre un dragon chinois invaincu que l’on disait trop grand.

Le boxeur québécois (36-6-1, 20 K.-O.) a offert une performance digne de ses meilleurs jours pour l’emporter contre le Chinois Meng Fanlong (17-1, 10 K.-O.), vendredi soir à Plant City, en banlieue de Tampa. Une décision unanime des juges a confirmé sa victoire, qui a commencé à ne plus faire de doute à partir du milieu de l’affrontement.

PHOTO FOURNIE PAR PROBOX TV

Meng Fanlong et Jean Pascal

On va à sa rencontre dans les coulisses de l’enceinte de ProBox TV, nouveau service de diffusion en continu consacré à la boxe professionnelle. Son équipe, ses amis, sa famille y sont. Ils scandent « olé, olé, olé » dans la pièce humide et chaude, la même chose qui se faisait entendre à la fin du combat.

« C’est la preuve que je suis un persévérant, a souligné Pascal, en sueur, devant les médias montréalais. Je suis un combattant. Jean le batailleur. »

Parce que oui, le Québécois revenait de loin. Il s’agissait de son tout premier combat depuis plus de deux ans. Cette absence du ring a bien sûr été prolongée par ses tests positifs à l’EPO et trois autres substances interdites, il y a un an. Il a été suspendu pendant six mois, au cours desquels il a aussi vécu une dépression et une remise en question de sa carrière de boxeur.

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Jean Pascal

J’ai pris la bonne décision. Moi, je ne suis pas un lâcheur. Je n’abandonne pas. […] Quand je commence le travail, je dois le terminer.

Jean Pascal

On a eu droit à une bataille de gladiateurs. L’enceinte, compacte, était survoltée. Les quelque 200 passionnés de boxe rassemblés en ont eu pour leur argent, avec une bataille de tous les instants.

Meng a entamé l’affrontement en force, alors que Pascal était encore en train de l’étudier. Le Chinois plaçait plusieurs bons coups à la tête. Certains même qui ont rapidement ébranlé le pugiliste québécois.

Il a nié avoir été pincé après la rixe.

Sincèrement, je n’ai jamais été ébranlé pendant le combat. C’est juste qu’après quasiment trois ans d’absence sur le ring, j’étais un peu rouillé. Mais au fur et à mesure que les rounds avançaient, je prenais le contrôle. Je sentais qu’il était plus fatigué que moi.

Jean Pascal

Les quelques « Boring ! » qui se faisaient entendre en début d’engagement se sont rapidement tus.

Au troisième round, on avait l’impression que la portée et la taille de Meng, avec ses 6 pi 2 po, allaient être trop difficiles à gérer pour Pascal. Il fallait que le Lavallois force un combat au corps à corps.

Ce qu’il a commencé à faire au quatrième round. Avec un succès rapide et retentissant.

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Jean Pascal l’a emporté par décision unanime des juges.

L’adrénaline visiblement dans le tapis, il ne le lâchait plus. Ses frappes manquaient parfois de précision. Le contraire de celles de Meng. Le Chinois en lançait moins au volume, mais elles faisaient mouche.

Meng avait remporté les premiers rounds. Mais la fougue de Pascal a fait foi de tout par la suite. Une énergie contagieuse, qui a ensorcelé la foule. Les « olé, olé, olé » se faisaient entendre. Ils enterraient presque les cris stridents d’Angel, fille de Jean Pascal.

Première défaite

« Avant le combat, je pensais que j’allais probablement l’arrêter, a dit Pascal avec la candeur qu’on lui connaît. Mais il était beaucoup plus solide que ce que je pensais. Chapeau à lui. Je comprends pourquoi il avait 17 victoires et zéro défaite. »

« Dix-sept victoires et une défaite », corrigera un de ses amis.

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Meng Fanlong était, avant le combat de vendredi soir, invaincu en 17 duels.

Son entraîneur, Orlando Cuellar, a salué l’ardeur de Pascal à l’entraînement, qui lui a permis d’avoir encore de l’énergie en fin de combat lorsque Meng n’en avait visiblement plus. Ce dernier est d’ailleurs tombé à trois reprises lors des 12 rounds, mais une seule chute a été comptabilisée.

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Jean Pascal a envoyé son adversaire au tapis.

« Ça montre à quel point on s’est entraînés fort pour ce combat, a souligné le Floridien. Ce qu’il a ressenti ce soir, c’est ce qu’il a ressenti à l’entraînement.

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Jean Pascal et son entraîneur, Orlando Cuellar

On lui a fait traverser l’enfer. Ce soir, cet enfer lui était familier. Il a réussi à aller au plus profond de lui-même et à rester concentré.

Orlando Cuellar, entraîneur de Jean Pascal

Et maintenant ?

« Je veux que les fans du Québec reviennent au Centre Bell ou à la Place Bell, a lancé Pascal. Je veux qu’ils viennent encourager un boxeur du Québec. »

Une sous-carte équilibrée

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Jusiyah Shirley a dominé Miguel Perez Aispuro.

Ce que la sous-carte n’avait pas en boxeurs de renom, elle le compensait en offrant un niveau de boxe et un spectacle intéressants. Le deuxième affrontement de la soirée, notamment, a fait s’exclamer la foule à plusieurs reprises. L’Américain Jusiyah Shirley (6-0, 4 K.-O.) – jeune et fougueux – l’a emporté en dominant le Mexicain Miguel Perez Aispuro (12-13-2, 8 K.-O.). Ce dernier se permettait malgré tout de narguer sans arrêt son adversaire, lui souriant au visage. Il a tout de même perdu par décision unanime. Les quatre premiers combats de la sous-carte sont allés à la limite, signe de duels équilibrés. Le Texan Kendo Castaneda (17-5, 8 K.-O.) a signé le premier – et le seul – K.-O. de la soirée, au premier round de son combat contre Sonny Fredrickson (21-6, 14 K.-O.).