Kim Clavel a vécu « comme une fin du monde » l’annulation de son combat du 17 décembre à cause d’une blessure. Mais elle nous assure qu’elle vit depuis une « renaissance ».

« Je suis en train de me reconstruire des bases encore plus solides, nous explique-t-elle au bout du fil. Je vais au gym pour faire des choses que je n’ai jamais faites. Je prends le temps de construire ces petits muscles-là qui sont super importants. Je vais arriver là encore plus solide. »

« Là », c’est son combat de championnat du monde des mi-mouches de la WBC contre la Mexicaine Yesenia Gómez. Une date et un emplacement ont déjà été trouvés par son promoteur Yvon Michel, nous apprend-elle.

« Le clan adverse a déjà accepté », révèle la boxeuse en rééducation à la suite d’une blessure dont la nature n’a pas été divulguée. « Dans le contrat, on a 90 jours pour retrouver une date de combat, sinon elle peut se battre contre quelqu’un d’autre. »

Elle ne peut en dire plus pour le moment. « Yvon va faire l’annonce bientôt », ajoute-t-elle.

Notre entretien avait lieu dans le cadre de la sortie du documentaire Les reines du ring, diffusé vendredi soir à 19 h, sur les ondes de RDS2. Ce nouveau chapitre de la série 25 ans d’émotions retrace le chemin parcouru par les boxeuses Marie-Ève Dicaire et Kim Clavel jusqu’aux rangs professionnels.

Les deux athlètes y relatent l’importance de la boxe dans leurs vies respectives. Complémentée par les témoignages de leurs entraîneurs Danielle Bouchard (Kim Clavel) et Stéphane Harnois (Marie-Ève Dicaire), l’émission traite de l’épanouissement et de la fierté que leur procure ce sport, malgré les risques du métier.

En regardant le documentaire, Kim Clavel « était vraiment dans l’émotion ».

« Quand je le regardais, j’avais parfois les larmes aux yeux, parfois je riais. […] Tu sais, moi, je suis dans le ring. Mais là je voyais les coachs, comment ils agissent, de l’extérieur. C’est comme si j’étais une spectatrice. Voir Danielle et Stéphane parler dans le coin, sauter, rire, être contents, être stressés. C’est la première fois que je voyais ça. »

On en apprend plus sur la jeunesse de Clavel à Joliette, notamment. Sa mère vit sur une écurie. L’athlète explique qu’elle y retourne régulièrement pour se ressourcer.

« C’était vraiment beau. Les parties [du documentaire] quand je suis avec les chevaux, ça m’a vraiment touchée. On voit mon père, ma mère, mon cheval. »

Clavel retourne parfois chez sa mère les fins de semaine, même en camp d’entraînement.

« Cette proximité-là avec les animaux, ça me fait du bien. C’est un peu comme faire de la zoothérapie. Ça me calme, ça me ressource. […] Après je reviens pleine d’énergie à l’entraînement. »

« Je ne sortais pas, je ne parlais à personne »

Dans Les reines du ring comme lors de notre entretien téléphonique, s’il y a une chose qui ressort, c’est bien celle-ci : Kim Clavel vit au rythme de la boxe.

Lorsque son combat de championnat du monde a été annulé, elle dit avoir « vraiment mal géré ça ».

« J’étais chez nous, je ne sortais pas, je ne parlais à personne. À un moment donné, je me suis ressaisie, mais ça a duré une bonne semaine. J’ai trouvé ça tough. »

C’est qu’elle dit avoir besoin de la boxe pour « canaliser » toute son énergie.

Je le réalise en ce moment parce que j’ai une blessure à guérir. Je ne boxe pas. On dirait qu’il me manque quelque chose. J’ai de la misère à gérer mes émotions, comme si j’ai un débalancement dans ma vie. La boxe, pour moi, a un effet thérapeutique.

Kim Clavel

Mais à la fin de novembre, elle s’est rendue à l’évidence que sa « Ferrari commençait à être fatiguée un peu ».

« Elle perdait des morceaux, j’avais un petit changement de pneus et un changement d’huile à faire, illustre-t-elle, le sourire dans la voix. Mais ma Ferrari au prochain combat va être top notch. Elle va sortir du garage. »

Au service de la boxe

Kim Clavel est « consciente » de l’importance de son image pour promouvoir la boxe féminine. Elle explique même qu’elle essaie de faire « ressortir le bon de ce sport-là ».

« La boxe, ce n’est pas un sport qui fait l’unanimité. »

« J’essaie de faire en sorte que mes combats ne soient pas plates. Je fais des bons combats spectaculaires. J’arrive toujours bien préparée, je suis en bonne forme physique, j’ai de bonnes adversaires toujours de qualité. Les gens ont toujours du positif à dire. »

Ça va même « au-delà du sport », selon Clavel.

« Il faut essayer d’être une bonne personne dans la vie, de montrer le bon exemple. Longtemps, la boxe a été montrée comme un sport de bums. Je suis infirmière, je suis quelqu’un qui aime aider son prochain, j’ai des bonnes valeurs. »

« Et oui, je fais ce sport-là. C’est un très beau sport. »

Les reines du ring
25 ans d’émotions
Vendredi 10 décembre 19 h, RDS2
Mardi 14 décembre vers 22 h, RDS

Un message touchant

Le 6 décembre dernier, jour de commémoration de la tragédie de Polytechnique, Kim Clavel a écrit un message touchant sur les réseaux sociaux, exprimant sa « sensibilité » et sa « solidarité » en tant que femme, infirmière et boxeuse. « C’est quelque chose qui me touche beaucoup, souligne-t-elle au téléphone. Ces temps-ci, avec tous les féminicides qui se passent au Québec, je trouve ça tellement dégradant, tellement d’une grande tristesse. » « J’ai l’impression que les choses changent, mais pas assez rapidement. C’est important d’en parler et de demander de l’aide, de ne pas se gêner d’en parler. » Elle renchérit. « Ce n’est pas un sujet tabou, il y en a vraiment, de la violence conjugale. […] Ça doit être dur de s’en sortir. Il faut aller consulter et demander de l’aide. C’est la seule solution. »