Après un début de saison plutôt inquiétant, Alex Harvey ne pouvait rêver d'un meilleur tremplin que le Tour de ski pour se propulser vers les Jeux olympiques de Sotchi, dont la vasque sera allumée dans un mois et un jour.

Avec une victoire au prologue, trois jours comme leader, une première place en qualification, un podium en sprint et un autre en distance, il a fait preuve d'une polyvalence qui lui avait fait défaut dans le passé lors de cette course par étapes au format unique.

Louis Bouchard, son entraîneur, a beau avoir suivi le tout depuis le Québec, pour lui le constat est clair: son athlète tient la condition de sa vie. «Alex n'a jamais été en forme à ce point-là, ça, c'est sûr», a-t-il soutenu en entrevue téléphonique hier.

Indice irréfutable, Harvey était capable de plonger en anaérobie et d'en émerger presque à volonté durant le Tour, qui s'est conclu hier en son absence.*

«Alex a connu de beaux succès lors des deux dernières années, mais il se plaignait souvent de ne pas être capable de se sortir du "rouge" quand il s'y trouvait, relate le coach. Ça fait qu'il calculait, qu'il gérait beaucoup ses efforts. C'est un aspect sur lequel on a beaucoup travaillé cet été.»

Ces signaux offrent une assurance qui a fait défaut l'an dernier à l'approche des Championnats du monde de Val di Fiemme. Un vent de «panique» - c'était le mot d'Alex - avait d'ailleurs soufflé dans le camp canadien avant qu'Harvey ne sauve les meubles en arrachant le bronze au sprint individuel. «On ne connaît jamais l'avenir, mais là, Alex n'est pas en rattrapage, il contrôle son présent», se réjouit Louis Bouchard.

Le défi est de maintenir le cap d'ici Sotchi et d'ajouter le petit vernis qui pourrait faire la différence entre le podium visé et une cinquième place. «En théorie, on n'est pas au pic ultime au niveau de la préparation», assure l'entraîneur, qui rejoindra l'équipe jeudi. «Avec le plan d'entraînement qu'on a fait, on n'est pas encore rendu au maximum.»

Parmi les ajustements à la phase ultime de préparation, Harvey raccourcira de moitié la semaine de congé qu'il avait l'habitude de s'accorder après le Tour de ski. «Quand on expose le corps au repos, il veut y rester et c'est long avant de repartir, explique Bouchard. On s'est aperçus qu'Alex n'avait pas besoin d'autant de repos pour bien récupérer. Quand la machine repart, ça fait une bonne différence.»

Comme prévu, Harvey ne participera pas à la prochaine Coupe du monde en République tchèque.

Après un stage en altitude en Italie, le fondeur de Saint-Ferréol-les-Neiges reprendra le collier les 18 et 19 janvier en Pologne, où un sprint et un départ de masse sont programmés.

* En raison d'une condition anatomique et biomécanique particulière, Harvey a préféré éviter la montée atypique de l'Alpe Cermis, où il n'a jamais connu de succès.

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Un programme olympique à définir

Le skiathlon - 15 km classique + 15 km libre - est la course favorite d'Alex Harvey. Le fondeur de 25 ans envisage néanmoins de ne pas disputer cette épreuve d'ouverture des compétitions de ski de fond aux Jeux olympiques de Sotchi, le 9 février.

La raison? Il ne veut pas compromettre ses chances au sprint individuel, présenté deux jours plus tard. Le sprint est l'épreuve qui a souri le plus souvent à Harvey au cours des dernières années, tant aux Championnats du monde qu'en Coupe du monde.

«Un 30 kilomètres n'est pas une super préparation pour gagner un sprint deux jours plus tard», résume son entraîneur Louis Bouchard. Dès l'automne, le skiathlon avait donc été écarté.

Or, les récentes prestations d'Harvey au Tour de ski, en particulier sa troisième place de vendredi au 35 km libre entre Cortina et Toblach, forcent la réflexion.

«Alex ne rend pas la discussion facile!», constate Bouchard au sujet de cet heureux dilemme. «Après sa médaille en sprint (aux Mondiaux), ça pourrait devenir un gros défi pour lui de gagner une course de distance. C'est encore à considérer. Ça nous prendra d'autres indices. Il faudra retarder la décision à quelques jours de l'épreuve.»

Le relais sprint reste une épreuve prioritaire, même si Devon Kershaw, partenaire d'Harvey lors du triomphe historique des Mondiaux 2011, a considérablement ralenti. Sa deuxième place au prologue du Tour est un signal encourageant.

Quant au relais 4 x 7,5 km, sur lequel les entraîneurs canadiens misaient beaucoup, son étoile a beaucoup pâli. En plus des ennuis de Kershaw en distance, l'Ontarien Len Valjas est toujours ennuyé par une blessure à un genou. L'Albertain Ivan Babikov, seul Canadien qui a complété le Tour (16e) reste une valeur sûre.

Si les chances au relais sont inexistantes, Harvey prendra alors le départ du 15 km individuel, programmé deux jours plus tôt. Le traditionnel 50 km, en clôture des JO, reste une cible très importante.

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Photo Alessandro Garofalo, Reuters

Alex Harvey remontera sur ses skis le 18 janvier pour la Coupe du monde de Szklarska Poreba, en Pologne.

Prochaines épreuves

> 18-19 janvier: Coupe du monde de Szklarska Poreba, Pologne

> 20-31 janvier: stage en altitude à Seiser Alm, Italie

> 1er-2 février: Coupe du monde de Toblach, Italie

> 7-23 février: Jeux olympiques de Sotchi