Des 9000 places du stade Romeo-Neri de Rimini en septembre 2006 jusqu'aux 80 000 du mythique Santiago-Bernabeu où le Real Madrid s'est incliné 2 à 0 mercredi, la Juventus a mis un peu plus de deux ans pour revenir de l'enfer de la Serie B (2e div.) à l'eden de la Ligue des Champions.

Certes, la «Vieille Dame» est encore loin d'être championne d'Europe, mais sa belle victoire sur le terrain du nonuple vainqueur de l'épreuve lui permet d'être qualifiée pour les huitièmes de finale à deux journées de la fin de la 1re phase et, surtout, de signer son grand retour en Europe.

«Il y a deux ans, je n'avais aucun doute sur le fait que la Juve reviendrait vite au plus haut niveau européen. Penser à ça, c'est ce qui m'a poussé à jouer à Rimini», témoignait mardi le capitaine Alessandro Del Piero.

C'est à Rimini, station balnéaire sur l'Adriatique, que les Turinois avaient en effet entamé leur rédemption après la rétrogradation en Serie B consécutive au «Calciopoli», le retentissant scandale des matches truqués.

Del Piero, imité par quelques autres vedettes de l'effectif - mais pas Fabio Cannavaro, parti au... Real Madrid -, avait alors pris le pari, avec plus ou moins d'enthousiasme, de rester. Deux ans et deux mois plus tard, il a été récompensé face au Real, s'offrant en plus les applaudissements des socios et du nouveau sélectionneur argentin Diego Maradona après avoir marqué deux buts.

Del Piero, le symbole

À presque 34 ans - il les fêtera samedi -, Del Piero, toujours aussi décisif et déterminant après pas moins de 573 matches avec les Bianconeri, est plus que jamais le symbole de la «nouvelle Juve».

Au terme de l'ère Moggi, le sulfureux dirigeant au centre du Calciopoli, les nouveaux patrons, tout en affirmant continuer à viser les sommets, ont tourné la page: moins d'arrogance, moins de folies dans le recrutement, et nonobstant des moyens qui demeurent colossaux, une gestion de «bon père de famille».

Si cette orientation a laissé sceptique quelques nostalgiques, elle a jusqu'ici porté ses fruits: une remontée immédiate en Serie À la première saison puis une qualification en Ligue des Champions l'année suivante.

Cette saison, après un bref passage à vide - 3 nuls puis 2 défaites entre la fin septembre et la mi-octobre -, les Turinois sont encore en progrès.

Le succès face au Real est ainsi le cinquième consécutif, et il est d'autant plus valeureux que l'infirmerie est pleine à craquer, avec, entre autres, des joueurs aussi fondamentaux que le gardien Gianluigi Buffon ou l'attaquant David Trezeguet.

Désormais sûre de sa présence en huitièmes, la Juve va pouvoir se concentrer sur le championnat - où elle est 6e, à 4 points du leader, l'AC Milan - et récupérer petit à petit ses blessés. Autant dire qu'au printemps, elle sera selon toute vraisemblance encore plus redoutable.