Testé pour la première fois lors d'un grand tournoi international, l'arbitrage à cinq a donné des résultats globalement satisfaisants à l'Euro-2012, même si une erreur lors d'Ukraine-Angleterre a poussé le président de la FIFA Joseph Blatter à réclamer l'assistance vidéo.

«Après le match d'hier, la technologie sur ligne de but n'est plus une possibilité, c'est une nécessité», a écrit en anglais M. Blatter sur son compte Twitter au lendemain du match Angleterre-Ukraine disputé à Donetsk le 19 juin.

En moins de 140 signes, le patron du football mondial rappelait très clairement où allait sa préférence et de signifier sa différence de point de vue avec le président de l'UEFA Michel Platini, opposé à la vidéo et adepte des deux arbitres supplémentaires derrière les buts.

Tout est parti d'un tir de l'Ukrainien Devic, dégagé en catastrophe par l'Anglais Terry. L'arbitre hongrois Viktor Kassai n'a pas sifflé but, alors que les images ont montré que le ballon avait franchi la ligne. L'Angleterre menait alors 1-0, score sur lequel elle s'est finalement imposée et qualifiée.

«Vous avez tendance à vous focaliser sur une erreur, mais il y a eu plus de mille matches avec l'arbitrage à cinq sans une erreur», a plaidé samedi lors d'une conférence de presse Michel Platini, qui a instauré ce système il y a trois ans en Ligue Europa et deux ans en Ligue des champions.

«On a eu un arbitrage efficace, juste, équilibré, qui a confirmé tout ce qu'apporte l'arbitrage à cinq», a-t-il ajouté.

«Nettoyer les surfaces»

De fait, en dehors de cet incident, l'arbitrage à cinq a plutôt fait la preuve de son efficacité et cet Euro s'est épargné les polémiques tout en étant assez «propre» (trois penalties et trois exclusions seulement avant la finale).

Lors d'Allemagne-Portugal, l'arbitre français Stéphane Lannoy a ainsi pris la bonne décision en ne validant pas une frappe de Pepe ayant frappé la barre et rebondi sur la ligne.

De même, lors d'Italie-Eire, le Turc Cuneyt Cakir a accordé un but valable sur un coup de tête de Cassano ayant passé la ligne avant d'être dégagé. Cette décision avait d'ailleurs valu des remerciements à Platini de la part de Cesare Prandelli, le sélectionneur de l'Italie.

«Michel a dit qu'on jouait bien ? Moi aussi je lui fais un compliment: c'est aussi grâce à lui, ce soir. S'il n'y a pas le cinquième homme, peut-être que le but n'est pas validé», avait dit Prandelli.

Pas sûr pourtant que cela suffise à contenter l'ancien N.10 des Bleus, qui a encore estimé samedi que l'arbitrage à cinq permettait de «nettoyer les surfaces». «Il y a tout ce qu'on ne voit pas, l'effet dissuasif, moins d'accrochages, plus de buts, surtout de la tête, etc.», a-t-il plaidé.

Vidéo ou pas

Mais l'intervention de Joseph Blatter semble indiquer que la technologie sur la ligne de but pourrait malgré tout être adoptée dès la prochaine réunion du Board de la FIFA jeudi à Zürich.

«De toute façon, ce sera à la FIFA et au Board de décider», a rappelé Platini samedi, quelques minutes après avoir expliqué qu'il était «absolument contre la technologie et contre l'arrivée de la technologie».

«Si on a la technologie sur la ligne de but, pourquoi pas sur la ligne de fond ? Et s'il y a une main sur la ligne qui n'est pas vue par l'arbitre ? Je ne suis pas contre la technologie sur la ligne de but, je suis contre l'arrivée de la technologie parce que ça ne va pas s'arrêter là», a-t-il ajouté.

«Ça va continuer partout. Au départ du but non accordé à l'Ukraine, il y a hors-jeu. Pourquoi pas la technologie pour les hors-jeu ? On s'arrête où ?», a-t-il conclu.