Balayée 4-1 par l'Argentine, mardi soir en amical à Buenos Aires, l'Espagne aura vite compris ce qu'implique l'étoile de champion du monde fraîchement brodée sur son maillot: c'est désormais l'équipe rêvée à battre pour tout adversaire, avec ou sans enjeu.

Cette fessée sans conséquences, reçue lors d'une revue d'effectifs de rentrée des classes, n'a toutefois pas trop de quoi alarmer la Roja qui avait assuré l'essentiel en écrasant samedi le Liechtenstein (0-4) lors de son premier match qualificatif pour l'Euro-2012, dans un groupe largement à sa portée.

La fête est finie

Difficile après un été d'euphorie et de sollicitations de remettre le bleu de chauffe et les compteurs concentration/soif de victoire à zéro. Surtout en amical et un peu «jet-lag». C'est un syndrome classique qu'ont connu bien d'autres champions du monde frais émoulus. L'Espagne n'y a pas coupé. A l'image d'Iniesta qui confie avoir revu «mille fois» cet été son but de la victoire en finale du Mondial-2010 face aux Pays-Bas, l'Espagne a été ramenée à la dure réalité. «Le Mondial a privé l'Espagne des matches amicaux. Désormais, à chaque rencontre, qu'il y ait ou non des points sur la table, elle défend un titre et doit apprendre, y compris dans le sang comme hier, que le prestige est un sac à dos béni mais lourd à porter, et que chaque défaite sera une médaille pour l'adversaire», résume le quotidien sportif espagnol AS. Sans conséquence, le revers contre l'Argentine sonne tout de même comme un avertissement, même si Vicente del Bosque assure que la Roja «n'a pas terni son image» et a «perdu avec dignité, sans jamais baisser les bras». Elle met fin à 19 matches d'invincibilité en amical. L'Espagne n'avait plus été menée 0-3 à la mi-temps depuis... 1987.

Quelques excuses...

Le championnat d'Espagne vient à peine de reprendre. Et avec deux matches programmés en cinq jours, del Bosque avait clairement défini ses priorités. Il n'était pas question de se trouer contre le modeste Liechtenstein pour l'entame des qualifications de l'Euro-2012. Il a donc aligné samedi à Vaduz beaucoup plus de titulaires que mardi contre l'armada offensive argentine. Dans les deux cas, le résultat s'en est nettement ressenti. A Buenos Aires, l'Espagne a débuté sans son gardien, «San Iker» Casillas, et avec un seul des quatre défenseurs titulaires lors de la finale mondiale, Piqué. Cela n'a logiquement pas pardonné face à des tueurs de surface du calibre de Messi et Higuain qui ont bouclé le match en un quart d'heure... avant que le gardien espagnol Reina ne fasse cadeau du troisième but argentin sur une glissade à la 31e minute. Les Espagnols n'ont en outre pas été chanceux, à l'image de Villa trouvant deux fois les montants.

Pas de panique

Avec son jeu parfaitement rodé, son incroyable réservoir de talents et sa moyenne d'âge assez basse, l'Espagne n'a pas de quoi trop s'inquiéter. A condition qu'elle ne cède pas durablement au relâchement. Ce serait bien le diable si elle ne parvenait pas à s'imposer dans son groupe de qualification pour l'Euro-2012, face, outre le Liechtenstein, à la République tchèque, l'Ecosse et la Lituanie.