Vassili Cremanzidis a choisi de prendre le même chemin que son ancien patron Olivier Renard. Dans un communiqué spectaculairement succinct, le CF Montréal a annoncé jeudi que son directeur sportif adjoint avait décidé de quitter l’organisation.

« Le CF Montréal tient à remercier Vassili pour sa contribution au sein du club et lui souhaite bonne chance pour ses projets futurs », pouvait-on lire dans une déclaration laconique du club montréalais.

On ignore pour l’instant qui le remplacera au sein de la direction de l’organisation.

Sur X, Cremanzidis a pris soin de remercier la famille Saputo, les partisans – à qui il demande de continuer à soutenir le club contre vents et marées –, sa famille, et tous ceux qu’il a croisés au sein du CFM. Il a réservé ses mots les plus sentis pour l’ancien directeur sportif Olivier Renard.

« Je suis fier de ce que nous avons pu faire ensemble à Montréal. Nous avons commencé en tant que collègues de travail en 2019, et maintenant que cette aventure est terminée pour chacun d’entre nous, nous sommes une famille. Depuis le jour où nous nous sommes rencontrés, tu m’as poussé à être la meilleure version de moi-même. Tu as ouvertement partagé tes connaissances et ton expérience avec moi. Tu m’as enseigné des leçons de vie et des valeurs importantes que je conserverai à jamais. Nous étions ensemble dans les bons moments, riant et profitant de chaque instant. Mais c’est dans les moments les plus sombres, lorsque nous avons versé des larmes ensemble, que nous avons compris que nos vies s’étaient croisées pour une raison. »

Cremanzidis a conclu sa missive en se disant « enthousiaste pour sa prochaine opportunité », dont il fera part en temps et lieu.

L’avenir de Cremanzidis avec le CFM était flou depuis le départ de Renard. Le club n’avait offert aucune mise à jour sur son statut, et Cremanzidis avait été vu à plusieurs reprises avec son ancien patron au cours des derniers jours.

Chez le CFM, son mandat principal était de gérer la masse salariale à travers les règles compliquées de la MLS. Renard s’occupait du sportif, son adjoint, de « l’extra-sportif », avaient expliqué les deux hommes à La Presse en novembre dernier.

« C’est moi qui ai les connexions avec les autres équipes dans la ligue, avait illustré Cremanzidis au sujet de la structure de l’époque, dans une entrevue publiée en novembre 2023. C’est moi qui fais les négociations. Mais ensemble, on fait l’offre. »

Olivier [Renard] aime dire que techniquement, il est le premier dépisteur. Donc lui, il regarde beaucoup, beaucoup de matchs, de joueurs. Je fais un peu de ça, mais ce n’est pas mon premier mandat.

Vassili Cremanzidis

« Je ne prends jamais de décision sans lui parler », soulignait alors Olivier Renard.

Avec le départ d’Olivier Renard, ce n’est toutefois pas Vassili Cremanzidis qui a pris le relais de la direction sportive. C’est plutôt le président Gabriel Gervais qui assure l’intérim.

« La seule chose que je peux dire, c’est que Vassili a toutes les qualités pour gérer une équipe sportive de haut niveau, avait dit Renard devant les médias, quelques jours après son départ du CFM. C’est une très bonne personne. »

Pourquoi ce n’est pas lui, ce n’est pas à moi de répondre à ça. Vassili a toutes les qualités pour me remplacer, pour être meilleur que moi.

Olivier Renard, au moment de quitter le CF Montréal

Au cours du séjour de quatre ans et demi de Renard à la tête de la direction sportive du club, le CF Montréal a réussi à établir un système de développement qui a aidé l’équipe à connaître du succès sur le terrain tout en servant de tremplin vers l’Europe pour des joueurs de talent. Le club a notamment contribué au développement de joueurs comme Ismaël Koné, Djordje Mihailovic, Alistair Johnston, avant qu’ils poursuivent leur carrière en Europe.

Une longue histoire d’amour avec l’Impact

Vassili Cremanzidis – d’abord un grand fan – s’est joint à l’Impact comme stagiaire en 2013, après une rencontre fortuite avec Mauro Biello et Nick De Santis à Washington. Il était alors étudiant à la maîtrise en gestion de l’industrie du sport à l’Université Georgetown.

Cremanzidis a travaillé chez l’Impact en tant qu’analyste de la performance jusqu’en 2015. Après deux ans chez l’IMFC, il a senti le besoin d’ouvrir ses horizons ailleurs dans la ligue. Direction la côte Ouest, avec les Earthquakes de San Jose. Il y restera de 2016 à 2018, mais c’est à l’arrivée de l’Italien Jesse Fioranelli en tant que directeur général que Cremanzidis obtiendra une vraie chance de se démarquer.

« Il est venu ici en ne connaissant aucune règle de la MLS. À ce moment-là, je comprenais tout, mais je n’avais pas l’occasion d’appliquer ce que je connaissais. Il m’a donné la chance de travailler avec lui. J’ai fait beaucoup d’erreurs, j’ai fait beaucoup de bonnes choses, mais j’étais heureux d’apprendre sur le terrain. »

Vassili Cremanzidis est revenu à l’Impact de Montréal en décembre 2018, moins d’un an avant l’arrivée d’Olivier Renard. Il y occupait le même poste qu’à San José, c’est-à-dire responsable de l’analytique et directeur adjoint du personnel des joueurs.

Renard offrira une promotion à Cremanzidis, sept mois après l’entrée en poste du directeur sportif en juin 2019. En janvier 2020, à 30 ans, le Montréalais devenait adjoint au directeur sportif du CFM.

Ceux qui « ne comptent pas les heures » sont ceux qui méritent de gravir les échelons, expliquait le Belge.

Un exemple concret de l’impact majeur qu’a eu Cremanzidis au début du règne d’Olivier Renard ? C’est lui qui a flairé la bonne affaire au sujet de Romell Quioto, qui allait devenir en quatre saisons l’un des meilleurs marqueurs de l’histoire du club.

Avec Jean-François Téotonio, La Presse