Dans de telles circonstances, un club en déroute comme le CF Montréal doit prendre ce qui passe. Un jeu blanc et un match nul de 0-0 à domicile contre Nashville, ça ne compte pas comme une victoire au classement, mais ça fait du bien partout ailleurs.

Il y a eu de la volonté dans les duels. Il y a eu des jeux défensifs effectués avec cœur. C’est peu, mais ça donne quelque chose sur quoi bâtir après maintenant huit matchs sans victoire, et un seul gain en 13 rencontres, y compris l’élimination en championnat canadien.

« C’est juste le standard, a affirmé Laurent Courtois. On ne veut plus que ça descende en dessous de ça. »

L’entraîneur-chef a paru atterré lors de ses dernières sorties dans les médias, surtout immédiatement après les défaites. Samedi, il était un peu plus détendu. Même souriant, à l’occasion.

Il y a sûrement un lien avec ceci : quelques instants avant son allocution devant les journalistes, Courtois a passé plusieurs minutes à observer les supporters du Collectif IMFC, sur le terrain. La scène était particulière. L’entraîneur, en silence, devant des partisans bruyants, toujours dans leur section, alors que le stade se vide. Il est ensuite allé à leur rencontre, a discuté et semblé signer quelques objets.

Un scénario qui contraste nettement avec celui d’il y a à peine trois jours, lorsque les deux grands groupes de supporters ont fait une grève du silence en première demie pour manifester leur mécontentement face à l’effort déployé par les joueurs depuis un mois.

J’ai vraiment kiffé de les voir s’exprimer comme ça. J’ai pris beaucoup de plaisir, même si on aurait voulu leur donner autre chose. […] Il y a de la reconnaissance. Je voulais leur faire voir que c’était vu et apprécié. Les gars les remercient, ça nous a tous touchés. On a hâte de pouvoir leur rendre plus.

Laurent Courtois

« On espère que ça clique »

La vérité, c’est que la victoire tant recherchée face à un Nashville peu entreprenant était accessible en ce samedi soir de fête autour du stade Saputo, alors que le festival Fuego Fuego battait son plein.

Sur le terrain, Montréal a raté toutes ses occasions, plusieurs en or. Et ça, ça entre dans la catégorie des frustrations.

PHOTO PETER MCCABE, LA PRESSE CANADIENNE

Mathieu Choinière lutte avec Walker Zimmerman pour la possession du ballon.

Une échappée de Bryce Duke accompagné de Jules-Anthony Vilsaint, à la 51e, bousillée par une passe dans les jambes d’un défenseur des visiteurs, illustre bien la tendance de cette rencontre. Tout comme ce 5 contre 2 qui s’éteint avec un tir dévissé de Vilsaint à la 58e. Il n’a pas été en réussite, l’attaquant québécois, malgré une multitude de belles chances.

« On sait qu’il y a des situations de centres où on manque de précision, a noté Courtois. On doit continuer à travailler encore et encore. […] On leur dit de respirer, qu’on a plus de temps qu’on le croit, et que de connecter avec la passe [au lieu de tirer], c’est souvent intéressant. On espère que ça clique. »

Un Waterman « brillant », selon Courtois

On a parlé du jeu blanc, et ce n’est pas anodin. Parce que Montréal accorde des buts à la pelletée depuis un mois. En MLS, c’est au moins trois buts accordés par match pendant le mois de mai. À ce titre, Montréal vient au deuxième rang parmi les pires défenses du circuit.

En ce sens, samedi soir, Joel Waterman a connu l’une de ses bonnes sorties cette saison. C’est lui qui nous a fourni le seul vrai fait saillant de la première mi-temps. Après une des deux grosses erreurs de Jonathan Sirois en remise de ballon, l’offrant en cadeau à Nashville notamment à la 33e, Joel Waterman a joué aux héros en bloquant le tir de Shaffelburg sur la ligne de but. Ce faisant, il a percuté le poteau, et a semblé perdre le souffle sur le coup.

« Cette année, j’ai plus de responsabilités comparativement à l’année dernière, a expliqué Sirois. Ça me met dans différentes situations, souvent sous pression. La plupart du temps, je m’en sors assez bien. Mais aujourd’hui, il y a eu deux situations où j’ai pris une mauvaise décision. C’est la réalité. Après, Joel me sauve, et dans un certain sens, c’est l’esprit collectif défensif qui vient aider. Dans d’autres matchs, ça aurait pu causer un but, clairement. »

« En général, je veux continuer à jouer comme ça, ajoute-t-il, faisant référence à la philosophie de jeu que souhaite instaurer Courtois. Jouer au pied, trouver des passes. C’est de cette façon qu’on veut jouer. »

PHOTO PETER MCCABE, LA PRESSE CANADIENNE

Le gardien Jonathan Sirois capte le ballon.

Cette action sacrifice de Waterman peut être porteuse pour une équipe que l’on a dit cruellement en manque d’engagement à répétition dans les dernières semaines. Elle s’est présentée sur une bévue défensive, une autre, mais quand même. Le genre d’action qui doit établir le « standard » dont parle Courtois.

Joel a souffert à Toronto, mais je trouve qu’il est extraordinaire depuis le début de la saison, en termes de professionnalisme et de compétitivité. Il est quelqu’un sur qui on peut compter dans les moments difficiles. […] Ce soir, il a été brillant, je trouve.

Laurent Courtois

Le jeu n’a pas été spectaculaire. La fin de match, jouée sans urgence. On sent la confiance de ce groupe fragile, la digue prête à céder à chaque occasion adverse. Mais pour une fois, le CF Montréal n’a pas été déclassé.

On range ça dans la colonne des petites victoires.

EN HAUSSE

Joel Waterman

Enfin, diront certains. Waterman, au centre de la défense, a été le symbole des lacunes défensives du CFM dans le dernier mois. Mais samedi soir, il a été solide, aux aguets, se repliant avec intensité. Montréal avait besoin d’une telle performance de celui qui prétend à devenir le général de cette équipe aux remparts.

EN BAISSE

Jules-Anthony Vilsaint

Il est encore jeune. Il est le meilleur attaquant disponible, présentement. Jules-Anthony Vilsaint a obtenu nombre d’occasions, contre Nashville, plusieurs très belles, mais elles sont toujours passées loin du cadre. Ainsi, des 13 tirs tentés par Montréal, seulement 2 ont été cadrés. Il doit faire mieux. À voir sa réaction en sortant du jeu au profit de Sunusi Ibrahim à la 70e, on suppose qu’il le sait très bien.