Les deux grands groupes de supporters du CF Montréal ont fait la grève du silence, mercredi dernier, en guise de protestation contre le manque d’engagement et de volonté des joueurs depuis un mois. S’en est suivie une discussion chargée, mais cordiale, entre des acteurs du CFM et des partisans après la rencontre.

Quelle a été la teneur de ce dialogue après l’élimination du club en Championnat canadien ?

« Ma perception des choses, c’est que ça a été une bonne discussion, a souligné Samuel Piette, que l’on a vu interagir avec une certaine intensité à ce moment. […] Je ne vais pas commencer à donner des excuses. La seule chose que je voulais faire, c’était d’être d’accord avec eux, parce qu’ils ont raison. Et de comprendre leur mécontentement.

« Mais c’était aussi de leur laisser savoir que nous aussi, on est affectés. Peut-être même qu’on est les premiers, parce qu’au final, c’est nous qui ne faisons pas la job en ce moment. On se présente chaque jour, et on n’est pas fiers de nous. »

On a l’impression qu’on marche un peu sur des œufs parce que la confiance est tellement fragile en ce moment, et les résultats ne sont pas là. On voulait simplement leur dire qu’on avait besoin d’eux et qu’on allait tout faire pour renverser la situation.

Samuel Piette

Pour l’entraîneur Laurent Courtois, qui a lui aussi discuté avec les supporters, leur manifestation est « totalement compréhensible ».

« Moi, je suis droit devant, dit-il. Je commence à reconnaître les faces de certains supporters, maintenant. Je sais à quel point ils soutiennent, et ne tournent pas [le dos] en fonction d’une dynamique ou d’une autre. »

Le collègue Alexandre Pratt a proposé aux partisans, dans sa chronique de vendredi, d’ovationner le CF Montréal inconditionnellement. Une vague d’amour qui pourrait redonner de cette « confiance » aux porte-couleurs du Bleu-blanc-noir, comme les partisans des Phillies de Philadelphie l’ont fait à l’égard du frappeur en difficulté Trea Turner, l’an dernier. Une initiative qui a fonctionné pour le joueur du baseball majeur.

Lisez la chronique « Le CF Montréal a besoin d’une ovation »

On a soumis l’idée à Piette, Courtois et George Campbell, vendredi, au Centre Nutrilait. Qu’en pensent-ils ?

« Nous ovationner, je pense que ce serait un peu [l’autre] extrême, répond Piette. Mais c’était un peu ça mon message. Dans les bons moments comme dans les mauvais, on a besoin d’eux […] pour nous redonner cette confiance-là. Mais en temps, c’est à nous, avec nos actions, de la regagner. »

« Ça doit venir de nous, croit Campbell. Bien sûr qu’on aime avoir le plus de fans possible. Mais l’intensité, ça part de nous. Peu importe s’il y a 1000 ou 20 000 personnes dans les gradins. »

En outre, Courtois ne croit pas qu’il y aura « un manque de soutien » samedi.

« Comme pour le match de Miami, je vois ceux qui sont là et qui soutiennent. Et ceux qui veulent suivre le vent, on verra. »

« Est-ce que je n’en fais pas assez ? »

Piette le concède : le fait qu’il soit un gars d’ici le place aux premières loges des déboires du club qu’il « adore de tout [son] cœur ». Ses amis, sa famille lui en parlent. Il peut lire les banderoles de supporters mécontents dans les gradins.

Peut-être que je le prends plus à cœur que certains qui ne sont pas du coin. [Des joueurs] qui ne parlent pas français, qui peuvent comprendre un peu moins ce qui se passe.

Samuel Piette

« Je prends l’exemple de Cóccaro, à la fin du match, quand je parlais aux supporters : il m’a demandé ce qui s’est dit. Je pense qu’avec les visages des partisans, il voyait qu’ils n’étaient pas très contents, mais il n’avait pas compris. »

Son statut de capitaine le fait se remettre en doute sur la marche à suivre, aussi.

« Tu te poses des questions : est-ce que je n’en fais pas assez, est-ce qu’il y a des trucs que je dois faire un peu plus, parler plus, faire des petits meetings ? »

« C’est un peu pour ça, en ce moment, que l’équipe va moins bien, dit Piette. Il y a beaucoup de doute sur comment on peut retrouver le chemin de la victoire, et cette confiance-là qui manque, dernièrement. »