Les mouettes rôdaient au-dessus des partisans, prêtes à voler leurs mets. Sur le terrain, le Forge a cueilli celui que lui a gentiment tendu le CF Montréal.

Dans une des ambiances les plus étranges qu’il nous ait été donné de voir à l’intérieur d’une enceinte sportive, le CFM s’est fait sortir du Championnat canadien par le Forge de Hamilton, un club de Première Ligue canadienne (PLC), pliant l’échine 2-1 (3-2 au total des buts) sous les huées des partisans.

« Comment t’expliques cette contre-performance de ton équipe ? », demande le confrère Sydney Fowo, de BPM Sports, à Laurent Courtois.

« Je ne l’explique pas », répond l’entraîneur-chef d’une voix faible, presque inaudible malgré le micro branché dans les haut-parleurs de la salle de conférence du stade Saputo.

« Quel a été ton message à la mi-temps ? », le relance Fowo.

« J’ai honte. »

PHOTO CHRISTINNE MUSCHI, LA PRESSE CANADIENNE

George Campbell et Tristan Borges

On lui demande d’élaborer un peu plus.

« J’ai honte de ce qui s’est passé à Toronto. De manière générale, et pour nos supporters qui ont fait le déplacement. Le visage qu’on a montré. Le fait d’avoir été supplanté dans l’effort. [Ce soir], j’ai du mal à expliquer cette première mi-temps tellement léthargique. On a tous des ambitions. Et je voudrais qu’on matche les ambitions avec les actions. Je n’ai pas vu ça en première mi-temps. Je suis énormément déçu, pour le club et pour les fans. »

Pour ajouter au caractère biscornu de ce quart de finale, le match a même dû être interrompu pendant 1 h 50 min, tout juste à partir du moment où les joueurs ressortaient du tunnel après la mi-temps. La rencontre a repris à 22 h 25.

Hamilton se forge une avance

Déjà, les partisans étaient peu nombreux en ce mercredi soir, et ils ont dû se passer de l’énergie déployée par les deux principaux groupes de supporters en première demie. C’est que le Collectif IMFC et les 1642 MTL sont restés silencieux pendant la première moitié de la rencontre, manifestant ainsi leur mécontentement vis-à-vis des résultats récents ainsi que du manque d’engagement et de « grinta » démontré par l’équipe.

Ce qui a donné lieu à un malaisant mélange de silence, de cris de goélands, de certains fans tentant d’animer la foule tant bien que mal. Et, surtout, de grondements envers les joueurs du CF Montréal, complètement hors de leur X encore une fois mercredi.

Les 45 premières minutes de ce match retour de quart de finale ont probablement été les pires que le CFM a disputées de mémoire récente. Rien n’a fonctionné. Et entre les quelques poussées montréalaises agrémentées de tristes ratés, le Forge a fait le jeu.

Daniel Parra a pris un beau tir à la 14minute que Sebastian Breza n’a pu bloquer. 1-0 Forge. La clameur négative émanant des gradins n’a fait que s’intensifier.

Et 10 minutes plus tard, Hamilton a profité des grandes lacunes défensives montréalaises à nouveau. Kwasi Poki a doublé l’avance des Hammers, et c’était tout à fait mérité. Le Forge s’est présenté à Montréal avec du chien, et cette envie qui a manqué cruellement aux hommes de Courtois dans les dernières semaines.

Ce deuxième filet forçait ainsi le CFM à devoir en marquer trois pour espérer passer en demi-finale.

Mais que manque-t-il aux porte-couleurs du Bleu-blanc-noir pour qu’il retrouve un peu de volonté, un défaut qu’ils tentent ouvertement de corriger depuis un mois ?

« [Il va falloir] se réveiller, se regarder dans le miroir, a solutionné Mathieu Choinière, un propos qui revient constamment dans les points de presse du club par les temps qui courent. »

On peut parler de tactique, de technique, mais si on show up sur le terrain et on n’a pas l’intensité, le vouloir, on va aller nulle part.

Mathieu Choinière

Courtois a bien voulu parler de revoir la « programmation » physique pour être certain de « présenter » les joueurs « à leur meilleur niveau mental et athlétique ». Mais il est lui aussi revenu sur l’idée des « éléments basiques d’engagement et de désir » pour se sortir de ce marasme.

Force est d’admettre, après une seule victoire en 12 matchs, que le problème est plus profond que cela.

Une meilleure copie en deuxième demie

Il y a ensuite eu la pluie, les orages, une tempête qui a semblé ne jamais vouloir quitter le ciel au-dessus du stade Saputo.

Puis, oui, le CF Montréal a joué avec plus d’envie au retour de la longue pause. Portés par un Collectif de nouveau actif, les locaux ont posé un siège dans la surface du Forge pendant presque toute la demie.

À la 66e, ça a porté ses fruits. La frappe enroulée de Zouhir a trouvé la tête de Victor Wanyama dans la surface pour porter la marque à 2-1.

Mais Montréal devait encore trouver la faille à deux reprises. Et ce n’est pas arrivé.

Après le coup de sifflet final, Samuel Piette et Mathieu Choinière, notamment, ont discuté pendant de longues minutes avec des membres du Collectif. La discussion a été intense, puis s’est terminée cordialement, avec un Piette qui a fini par donner son maillot à un partisan.

« On a vu la banderole », a dit Choinière. Le groupe a affiché le mot « Inacceptable », notamment, pendant toute la rencontre.

« Ils ont raison. Ils sont là à chaque match, ils chantent pour nous, ils ont même fait le voyage à Toronto. La moindre des choses, c’est de montrer qu’on a envie de jouer ce match-là, de pousser, et de rendre nos partisans fiers. »

Un triomphe en Championnat canadien, rappelons-le, a souvent été nommé comme un objectif principal par l’organisation depuis le début de la saison. Tout comme une participation aux séries en MLS. Voilà déjà une première cible loupée.

Alors que même les mouettes étaient allées se coucher.

En hausse

Le DJ du stade Saputo

Pendant les très longues minutes d’attente du délai météo, le DJ en résidence au stade Saputo a enchaîné les chansons de circonstance. It’s Raining Men des Weather Girls, Rusted From the Rain de Billy Talent, Somewhere Over the Rainbow d’Iz Kamakawiwo’ole, vous voyez l’idée. Du meilleur divertissement que ce que l’équipe locale avait proposé jusque-là.

En baisse

Joaquín Sosa

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Kwasi Poku et Joaquín Sosa

L’Uruguayen a été remplacé à la mi-temps, et c’était mérité. Ses passes de l’arrière ont trop souvent été soit hors cible, soit directement dans les jambes du premier Ontarien devant lui. C’était trop faible pour les besoins de la soirée.