Le nom de Lionel Messi est peut-être le plus connu du monde sportif partout sur le globe. Alors, comment en est-on arrivé à l’accueillir à Montréal, ce samedi ? La Presse vous met à nouveau dans la peau d’un érudit de soccer toujours prêt à casser les oreilles de ses collègues à la machine à café. Au moins, leur intérêt ne cesse de grandir !

[Guylain, qui a appris à attendre un peu avant de poser ses lèvres sur la tasse de café brûlant] Donc si je comprends bien, c’est le meilleur joueur de l’histoire qui foulera la pelouse du stade Saputo. Comment est-ce possible ?

Mon bon Guylain, pour comprendre ça, il faut remonter à 2007. David Beckham, ça te dit quelque chose ?

[Guylain, sourire en coin] Ma blonde m’en a parlé un petit peu !

On la comprend. C’est que Beckham, quand il est arrivé en MLS avec le Galaxy de Los Angeles en 2007, avait une clause à son contrat qui allait lui permettre, une quinzaine d’années plus tard, d’obtenir une franchise du circuit Garber au rabais. Ainsi est né l’Inter Miami, en 2020. Ensuite, pour attirer Messi, la Ligue n’a pas hésité à jouer de créativité avec ses règles habituellement opaques liées aux masses salariales et aux acquisitions de joueurs. Avec le profil de David Beckham et celui de plus en plus aguichant de la MLS, Miami est parvenu à soutirer Messi des griffes des riches Saoudiens.

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David Beckham à l’entraînement lors du passage du Galaxy de Los Angeles à Montréal en mai 2012.

Messi a obtenu un contrat estimé à environ 60 millions de dollars par année, pour un pacte qui s’étale sur deux ans et demi et qui pourrait totaliser 162 millions. Cette entente – et c’est là le nerf de la guerre – inclut des compensations financières de la part d’Adidas et d’Apple TV, les deux grands partenaires de la MLS. En tant que joueur désigné, l’Argentin obtient un salaire de 20 millions, seulement de la part de l’Inter. Il est ainsi, de plusieurs millions, le joueur le mieux payé de la ligue. Le deuxième parmi les plus hauts salariés ? Lorenzo Insigne, avec 15,4 millions. C’est comme ça qu’on attire le meilleur joueur de l’histoire dans son circuit.

Un an plus tard, voici Messi qui s’épanouit en MLS, et qui devrait épater la galerie du stade Saputo, samedi.

[Juan, un fan de Messi qui s’invite à la conversation du cadre de porte, sans boisson] Et il détruit tout sur son passage. ¡ Olé, olé olé olé !

Calme-toi, Juan, c’est un environnement de travail ici ! Mais oui, tu as raison. L’an dernier, Leo Messi a pris les rênes à la mi-saison d’une équipe de Miami moribonde – la dernière au classement – et l’a fait remporter la toute première Coupe des ligues. Si Miami et le circuit Garber voulaient faire un coup d’éclat avec l’acquisition de la Pulga, ou « la Puce », ils ne pouvaient espérer mieux.

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Lionel Messi célèbre un but inscrit lors d’un match opposant l’Inter Miami et le SC Nashville, le 20 avril dernier.

[Luc et Kim, aux noms aussi concis que leur question formulée à l’unisson] Mais est-ce qu’il va jouer à Montréal ?

Tout indique que oui, chers amis ! Après avoir manqué quelques matchs, dont celui de Montréal en Floride, en raison d’une blessure, le voilà au sommet de sa forme. Et sur le terrain naturel du stade Saputo, l’un des plus beaux de la ligue, il n’aura aucune raison de se plaindre.

Cette saison, les chiffres sont hallucinants. En seulement 7 départs sur 12 matchs, il compte déjà 10 buts et 12 passes décisives. Un total que ne renierait aucun autre attaquant de la MLS… au terme de la saison !

[Juan] ¡ Olé, olé ol –

[Nour, paille en bouche et thé aux bulles en main, prend subitement la parole après avoir écouté attentivement] Mais explique-moi une chose. Est-ce que ce sont les joueurs de la MLS qui ne sont pas de calibre ?

C’est surtout que Lionel Messi, même à 36 ans, a encore le niveau du joueur qui a mené son Argentine au sacre à la Coupe du monde, en 2022.

Mais n’oublions pas que le plus célèbre des numéros 10 a eu le dessus sur toute la compétition tout au long de sa carrière. On parle ici de 17 saisons sous le maillot de l’équipe première du FC Barcelone, avec laquelle il a remporté 35 titres, dont 10 titres de la Liga et 4 de la Ligue des champions. Contre son gré, il a pris la direction du Paris Saint-Germain en 2021, avec qui il a soulevé trois trophées, dont deux titres de Ligue 1. Malheureux à Paris, il a retrouvé le sourire à Miami.

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Lionel Messi a disputé 17 saisons sous le maillot de l’équipe première du FC Barcelone avant de quitter le club espagnol pour la France en 2021.

Il est vrai qu’il a mis du temps à s’inscrire dans la légende de sa sélection, mais il a finalement gagné la Copa América avec l’Argentine en 2021, puis le Mondial du Qatar, un an plus tard.

Ça, c’est pour les titres. Ne renversez pas vos boissons, chers collègues, mais préparez-vous quand même pour ce qui s’en vient.

Lionel Messi, c’est 727 buts en 878 matchs en club, puis 106 autres filets en 180 rencontres avec son pays. Il a remporté pas moins de huit Ballons d’or, un record. Ce trophée prestigieux récompense chaque année le meilleur joueur du monde. Il en a même gagné un alors qu’il était un membre de l’Inter Miami, notamment pour ses prouesses de l’année précédente !

En somme, Nour, effectivement, les joueurs de la MLS ont beaucoup à apprendre de Messi. Mais il a aussi eu l’habitude de déculotter tous ses adversaires sur un terrain de foot.

[Guylain, farceur] Va-t-il déculotter les joueurs du CF Montréal ?

On est en droit de craindre le pire, mon bon Guylain ! Le CF Montréal a été inconstant cette saison. Il a le troisième total de buts concédés parmi les pires de la MLS, avec 20 en 10 matchs. Mais il n’a aussi disputé que deux rencontres à la maison.

Et justement, à domicile, il a bien fait, avec une victoire et un match nul. Un affrontement devant ses partisans permet d’imposer son propre style de jeu, et on peut supposer que Laurent Courtois, avec toute l’attention qui lui sera portée, voudra faire le plein d’enthousiasme à l’égard de son équipe.

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Lionel Messi

Évidemment, Messi n’est pas seul. Luis Suarez (10 buts, 5 passes) est tout aussi enflammé. Leur association avec leurs anciens coéquipiers du FC Barcelone, Jordi Alba et Sergio Busquets, fait encore des ravages.

À force de trop parler, mon propre café s’en vient froid ! Je vous laisse là-dessus, collègues : n’oubliez pas que Montréal est allé battre Miami 3-2, chez lui, en mars. Messi n’était pas habillé, Matías Cóccaro et Josef Martínez n’étaient pas blessés, mais quand même. Le patron d’une victoire existe.

Samedi, au stade Saputo, le match aura toutes les allures d’une rencontre de gala. Appréciez le spectacle et la visite, parce qu’elle ne vient pas souvent !