On était prêt à parler d’un match nul volé à Washington. On doit finalement faire état d’une défaite logique de 1-0 du CF Montréal chez le D.C. United.

Parce que le CFM a subi, résisté, plié… jusqu’à casser en fin de rencontre. À la 85minute, Pedro Santos a donné les devants aux locaux avec une belle frappe de loin. Un but qui a confirmé l’ascendant d’un DCU au pressing intense.

« C’est vraiment l’équipe la plus compétitive qu’on a rencontrée jusqu’à présent », a remarqué Laurent Courtois après le match.

« C’était une équipe très, très, très disciplinée, a ajouté le gardien Jonathan Sirois. Sûrement la plus disciplinée des cinq matchs qu’on a joués. »

« Ce ne fut pas un match très agréable à jouer, ni à regarder », a noté Samuel Piette.

Vous voyez le portrait.

Les « pièges » de D.C.

Malgré quelques soubresauts intéressants, Montréal a peiné à installer son jeu samedi soir. Et pourtant, Laurent Courtois a eu le luxe de déployer pour la première fois le trio composé de Dominic Iankov, Josef Martínez et Matías Cóccaro, tous titulaires en attaque. En théorie, il s’agit du trident offensif idéal pour le CFM. En pratique, il a rapidement été évident que ces trois joueurs n’avaient pas encore trouvé leur synchronisme.

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Theodore Ku-DiPietro tente d’échapper aux joueurs montréalais.

« C’est sûr qu’il y a des éléments négatifs, souligne Courtois. Mais je vois énormément d’aspects positifs sur certaines associations, sur le fait qu’on retrouve des gens et des joueurs qui emmagasinent des minutes en revenant en forme. »

Qui plus est, leur affectation presque exclusivement offensive a laissé libre cours au D.C. United, qui a submergé le milieu de terrain et la zone montréalaise, particulièrement en première mi-temps. Que c’était compliqué pour le Bleu-blanc-noir. Piette et Mathieu Choinière n’ont constitué qu’un trop mince filet pour contenir la pression du Black-and-Red.

« D.C. nous a bloqué le milieu, en attendant qu’on joue sur le côté, a analysé le capitaine du CFM. Dès qu’on envoyait le ballon à [Gabriele] Corbo ou [Fernando] Álvarez, ils pressaient à 100 milles à l’heure. Ce n’est pas ce qu’on voulait faire, mais on n’avait pas le choix, à cause des pièges qu’ils nous tendaient. »

Aurait-il aimé avoir un peu plus de soutien de la part des attaquants, comme isolés dans leur portion de terrain ? Piette met plutôt en cause la stratégie de jeu adverse, à la source des enjeux dans la construction du jeu montréalais.

Il remarque en outre qu’il était presque impossible pour son équipe de sortir de l’arrière, et quand elle y parvenait, « les seules options » étaient de remettre le cuir aux défenseurs susmentionnés.

« Et pour des attaquants, encore plus quand tu touches moins le ballon, tu es un peu plus hésitant, tu ne sais pas trop quand descendre pour demander la balle. […] Au final, c’est moins bien huilé, tu doutes, donc tu es pris dans un genre d’engrenage. »

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Christian Benteke (20) lutte pour le ballon contre Fernando Álvarez (4) et Joel Waterman (16).

Du reste, Christian Benteke, comme il en a l’habitude, a été une menace constante dans les airs et dans la surface. Sur 11 duels aériens, il en a gagné 9.

« Ce n’est pas quelque chose qui est surprenant, a rappelé Sirois. On connaît son physique, ses avantages. […] C’est la troisième ou quatrième fois que je joue contre lui. Je suis quand même rendu habitué à son style. »

« Ils ont tout donné »

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Ruan tente d’échapper à Connor Antley.

Forcément, avec tant d’énergie dépensée en entame, le D.C. United a eu les jambes lourdes en deuxième. Ce qui a permis à Montréal de s’imposer un peu plus.

« J’ai eu une discussion avec l’entraîneur adjoint David Sauvry quand on était sur le chemin des vestiaires pour la mi-temps, a révélé Piette. On avait vu la même chose. On a demandé à Iankov de jouer un peu plus comme un numéro 10, […] de ne pas trop rester haut avec leur ligne de défense, de flotter entre les lignes. Il a été un peu plus influent en deuxième mi-temps, avant de sortir. »

Éventuellement, on a même vu le potentiel dudit trio. Une séquence qui s’est soldée par un tir de Martínez bloqué par le gardien Alex Bono à la 61e, la meilleure chance de part et d’autre en seconde mi-temps jusque-là.

Cette occasion a donné quelques envies à Montréal, qui lui a même fait croire qu’il y avait un coup à jouer dans ce match que l’on croyait presque inaccessible après les 45 premières minutes.

Jusqu’au coup de couteau de Pedro Santos. On le disait : un but logique pour une victoire qui tombe sous le sens.

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Pedro Santos (7) célèbre son but.

Dans la foulée, s’il y en a un qui perd des plumes en ce moment chez le CFM, c’est bien Bryce Duke. Son entrée en jeu à la 73e non seulement n’a rien donné, mais a presque coupé les ailes des siens. En manque de confiance, il démontre son manque de réalisme.

« Je pense qu’il y a une manière d’être un peu plus efficace pour créer plus de danger dans l’urgence, a souligné l’entraîneur-chef, interrogé sur la fin de match cahoteuse des siens. C’est à moi d’être plus clair. Mais je n’ai rien à reprocher à mes joueurs, dans l’effort et le combat, ils ont tout donné. »

Voilà donc Montréal qui retombe sur terre avec deux défaites consécutives après cinq matchs sur la route.

« Ce ne fut pas parfait, mais ce sont de bonnes leçons à apprendre ce soir, a dit Piette. On garde la tête haute. »

EN HAUSSE

Jonathan Sirois

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Jonathan Sirois

N’eussent été quelques-unes de ses parades, le suspense aurait été pas mal moins haletant dans cette rencontre. Après sa demi-bévue, jumelée au vent de fou, qui a coûté le match à Chicago il y a deux semaines, sa performance de quatre arrêts s’est faite rassurante, samedi soir.

EN BAISSE

Josef Martínez

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Josef Martínez

On l’a senti énervé et peu engagé en pointe. Il faut dire que l’allure du match ne l’a pas aidé à se démarquer : ses coéquipiers n’ont jamais réussi à lui offrir le service qu’il désirait. Néanmoins, on l’a vu marcher alors qu’il aurait pu courir, rester en haut alors qu’il aurait pu contribuer à l’effort défensif. Malgré tout, il a obtenu une belle occasion de marquer, et on aurait pu ainsi tout lui pardonner. Match frustrant pour Martínez.