Le mot d’ordre est clair chez l’équipe canadienne de soccer masculin : la sélection doit se « détacher du passé » pour entrer dans une « nouvelle ère ».

Le sélectionneur intérimaire Mauro Biello et son nouveau capitaine Stephen Eustáquio, qui portera le brassard pour le match éliminatoire contre Trinité-et-Tobago samedi, en ont détaillé les grandes lignes, vendredi, lors d’une conférence de presse à Frisco, au Texas.

Les Rouges y affronteront les Soca Warriors dans un match crucial pour une qualification vers la prestigieuse Copa América de juin prochain, disputée aux États-Unis. Et pour l’occasion, Biello a décidé de changer le visage de son équipe.

Exit le gardien Milan Borjan, exit le défenseur Steven Vitória, au revoir Mark-Anthony Kaye, pas de Junior Hoilett : le groupe convoqué est composé exclusivement de joueurs de moins de 30 ans. Jonathan Osorio, 31 ans, a initialement été rappelé, mais a depuis subi une blessure qui l’a fait retourner avec le Toronto FC.

Et puisqu’Atiba Hutchinson a pris sa retraite, le « nouveau départ » que veut mener Biello passera, du moins temporairement, par la nomination d’Eustáquio comme capitaine. Et ce, même si Alphonso Davies a fait savoir que le titre l’intéressait.

« Il donne l’exemple, il a le respect du groupe », a expliqué l’entraîneur-chef québécois, vendredi, en parlant de l’homme assis à ses côtés. Un joueur qui a « grandi » depuis les cinq dernières années avec l’unifolié, à travers ses expériences à la Coupe du monde et avec son club, le FC Porto, notamment en Ligue des champions.

J’aime le calme que Steph dégage. Ce sera extrêmement important dans un match comme celui-ci. Oui, il y a d’autres leaders dans cette équipe qui pourront la mener à leur façon. Et c’est important. On a fait des changements pour donner de l’espace et une chance à ces jeunes afin qu’ils s’épanouissent. Ce sera un match important pour voir comment nos leaders vont réagir aux différents moments.

Mauro Biello, entraîneur-chef intérimaire du Canada

Le principal intéressé estime être « celui qui va toujours être présent pour aider ses coéquipiers et donner son opinion à son entraîneur ».

« Ce n’est qu’un brassard, convient le milieu de terrain moustachu. J’ai l’impression que [samedi], on aura besoin de bien plus qu’un joueur pour organiser l’équipe. »

La fin de la « fraternité »

Cette nouvelle ère, elle passe visiblement aussi par un certain rebrand de la mentalité de l’équipe. On a fait grand cas, notamment dans ces pages, de la belle « fraternité » qui régnait au sein de la sélection pendant les qualifications pour la Coupe du monde 2022.

Mais les derniers mois difficiles, entre autres sur le terrain, ont effrité cette image. La défaite sur la série aller-retour contre la Jamaïque, qui a empêché le Canada de passer directement à la Copa en novembre dernier, a laissé des traces à ce chapitre.

C’est pourquoi aujourd’hui, Eustáquio et Biello semblent étrenner une nouvelle ligne de parti : « le Canada en premier [Canada first] ».

« Le terme “fraternité” a été très important pour nous dans le passé, souligne le joueur. On avait une belle chimie, on était des frères, et nous le sommes encore. Mais on est dans une ère différente. Maintenant, c’est le Canada en premier. Il n’y a pas d’individualité ici. On met le Canada de l’avant, et on gagne. On a de nouveaux joueurs pour cela, et demain sera un gros test. »

En plus de cette nouvelle formule, Mauro Biello mentionne aussi qu’il veut voir son équipe faire preuve « d’humilité ». « On en a perdu un peu au cours de la dernière année, et il faut la retrouver », dit-il.

« C’est un nouveau départ. On doit se détacher du passé. Il y a eu ce parcours, et maintenant c’en est un autre. C’est la direction vers laquelle je veux mener ce groupe. »

Canada c. Trinité-et-Tobago, OneSoccer et FuboTV, samedi à 16 h.