« Il vient de la placer top corner, comme Ronaldo et Messi ! »

On pouvait lire la fierté dans le visage d’Antonio Ribeiro. L’ancien de l’Impact discutait avec La Presse sur les lignes de côté du terrain de soccer intérieur du Centre Multisports de Varennes, samedi matin, lorsqu’une jolie frappe de l’un des jeunes joueurs participant à son Combine Ribeiro-Moojen est allée se placer dans la lucarne. Il a interrompu son entrevue pour apprécier le moment.

C’est que cet évènement, organisé par les deux ex-IMFC que sont Ribeiro et Frederico Moojen, a lieu ce week-end sous les yeux de recruteurs de grands clubs internationaux, comme l’AC Milan, de l’Italie, et l’Atlético Mineiro, du Brésil. Il s’agit de la deuxième édition du Combine, alors que les deux hommes de foot organisent des évènements du genre pour les universités de la NCAA depuis 2012.

L’idée, c’est d’offrir aux jeunes joueurs d’ici une plateforme pour montrer leur talent, dans l’espoir d’attirer l’œil de recruteurs de clubs canadiens et internationaux.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Une partie de soccer lors du Combine Ribeiro-Moojen

Parce que le rêve de ces joueurs âgés de 16 à 24 ans qui se démènent sur le terrain synthétique, samedi matin, c’est de se trouver un club professionnel dans lequel évoluer.

Admettons qu’on a 50 enfants de 10 ans ici. Tu leur demandes : “Qui veut jouer pro ?” Il devrait y en avoir au moins 45 qui lèvent la main. Les cinq autres, c’est parce qu’ils n’ont pas compris la question.

Antonio Ribeiro

Non, le CF Montréal n’était pas à Varennes, samedi matin.

« Je trouve ça un peu plate qu’on ait des gens du Brésil, du Portugal, de l’Espagne, de l’Italie, de Miami, mais qu’on n’arrive pas à avoir le club local », se désole Ribeiro.

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Antonio Ribeiro

Un représentant du Bleu-blanc-noir assure à La Presse que le club connaît bien les joueurs participant à ces combines, des évènements qui ont lieu une quinzaine de fois par année. Le club ne peut être présent à chacun de ces évènements privés, explique-t-on, alors qu’il est déjà impliqué dans les programmes officiels de Soccer Québec.

« J’ai eu la chance de leur parler pour leur dire, souligne Ribeiro. Je ne crois pas qu’ils aient accès à tous les jeunes, il y en a qui peuvent passer à travers les mailles du filet. Une présence du CF dans le futur serait importante, parce que tu ne sais jamais. »

L’ascension du Canada, un facteur

Manuel Maddoni est le représentant de l’AC Milan venu observer les jeunes joueurs à Varennes, samedi. Il est présent, parce qu’il est « certain qu’il y a toujours un bon joueur dans n’importe quel évènement », selon Freddy Moojen.

« Il a vu des joueurs intéressants, dit-il. Bien sûr, il dit que le niveau de l’AC Milan est beaucoup plus fort qu’ici. C’est vraiment difficile de prendre un joueur pour l’amener là-bas directement. Mais pour lui, c’est important d’être ici, de voir le niveau. »

Ribeiro et Moojen feront éventuellement le voyage vers l’AC Milan à leur tour, pour mieux saisir le niveau que le grand club italien recherche.

Selon Maddoni, la présence du Canada à la Coupe du monde de 2022 a éveillé les consciences à travers le monde.

« Ça donne aussi l’envie aux jeunes Canadiens de jouer de plus en plus au soccer, parce qu’ils voient que c’est possible [de percer] », indique le recruteur, par le truchement d’un interprète.

« La Coupe du monde, Alphonso Davies, toutes ces vedettes qui émergent, ça fait que les yeux se tournent de plus en plus vers ici », avance quant à lui Marcelo Alves, représentant du Miami FC, en USL.

« L’intensité était là »

Aucun joueur n’a été placé dans un club à la suite de la première édition du Combine Ribeiro-Moojen, l’an dernier. Il y a néanmoins un des participants qui se retrouve encore à ce jour au Mexique, sans pour autant avoir signé un contrat.

Les recruteurs, « ils remarquent les meilleurs », explique Ribeiro. « Dimanche, on va mettre les meilleurs contre les meilleurs. »

Ceux qui se démarquent seront alors invités à aller passer deux semaines, un mois dans l’environnement des clubs. « S’ils tiennent le rythme, ils le gardent et le développent. »

C’est comme un chercheur d’or. Il faut toujours que tu creuses, que tu fouilles. Tu ne peux jamais arrêter.

Antonio Ribeiro

Anthony Chevrette se repose sur les lignes de côté, encore en sueur après avoir sauté sur le terrain. Était-il nerveux avant de fouler la surface, devant tous ces recruteurs ?

« Au début, ouais, avoue-t-il. C’était difficile de gérer la pression, mais l’intensité était là. »

Même son de cloche chez Fattar Anis, jeune de 16 ans qui n’a pas paru intimidé sur le terrain devant des adversaires plus vieux que lui.

« Juste quand on entrait, on avait du stress, dit-il. Mais après on oublie, et on joue. »