La saison européenne de soccer bat son plein. Alors qu’on en est presque au milieu du calendrier dans les plus grandes divisions, La Presse porte son regard sur ce qui a fait les manchettes de l’autre côté de l’Atlantique dans les derniers mois.

Hey Jude…

Rarement a-t-on vu un joueur prendre d’assaut un club et un championnat de la sorte. Et dans ce cas-ci, le joueur n’a que 20 ans et s’impose dans un des clubs où la pression est la plus intense au monde.

On parle ici de Jude Bellingham au sein du Real Madrid. Oui, Hey Jude fait déjà partie des chants des supporteurs à l’attention du jeune Anglais. Parce que Bellingham n’a fait que conquérir le cœur des Madrilènes depuis son arrivée dans l’entre-saison.

Il a marqué 16 buts en 18 matchs de La Liga et de la Ligue des champions. Son premier, à ses débuts, contre Bilbao, offrant même sa célébration qui allait rapidement devenir emblématique. Il l’a refaite après son but à Naples, en Ligue des champions.

Mais c’est lors du Clásico contre le FC Barcelone, à la fin d’octobre, que sa légende s’est précocement cimentée. Il a marqué le but égalisateur à la 68minute, mais n’a pas levé les deux bras en l’air comme il le fait habituellement. Non, pas tout de suite. Il fallait attendre la 92minute, au moment où Bellingham allait permettre au Real de prendre les devants, pour célébrer comme il se doit.

Si le Real Madrid est deuxième au championnat après 16 matchs, c’est en partie grâce à lui.

Mais il n’est pas la seule belle histoire de la saison. Qui voit-on, en première position ? Un club catalan… mais pas celui que vous croyez. Le Girona, membre du City Group qui inclut aussi le NYCFC et Manchester City, est en train de déjouer tous les pronostics en Liga en 2023. C’est l’équipe avec le plus de buts cette saison (38). Elle vogue environ au même rythme que Madrid, avec deux points (41) et une victoire (13) de plus. La saison est longue, mais si le Girona peut persévérer, cela donnerait un nouveau souffle à ce championnat pris dans l’hégémonie de ses grands.

Lyon, à travers le tumulte et vers la relégation

Un coup d’œil au classement de la Ligue 1, et ça semble être la routine en France : le Paris Saint-Germain est bien en selle pour un sixième titre en sept ans. Mais c’est le bas de classement qui suscite l’étonnement. Mais que fait l’Olympique lyonnais en toute dernière position ?

L’OL a été au centre d’un épisode tristement célèbre reflétant les enjeux qui gangrènent le foot français, en octobre dernier. Avant un match contre Marseille finalement reporté, l’autocar transportant les joueurs et le personnel lyonnais a été caillassé. L’entraîneur Fabio Grosso, depuis sèchement congédié, a été blessé sérieusement au visage. On a aussi accusé certains partisans lyonnais d’injures racistes et de saluts nazis, ce soir-là.

PHOTO OLIVIER CHASSIGNOLE, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

L’ex-entraîneur de l’Olympique lyonnais Fabio Grosso

L’automne est chaud à ce chapitre en France. Le 9 octobre, on a interrompu le match Montpellier-Clermont à cause d’évènements violents, notamment un jet de pétard à proximité du gardien de Clermont. Il a été évacué sur civière. À la fin de novembre, un autre autocar a été attaqué par des supporteurs adverses. Au début de décembre, un partisan de Nantes a été tué lors d’une altercation.

Ce dernier évènement a été la goutte de trop : pour calmer le jeu, les autorités françaises ont demandé aux clubs de sévir et de bloquer plus largement la vente de billets aux partisans adverses.

Ainsi, pour la reprise du Marseille-Lyon de mercredi dernier, les Lyonnais n’ont pas pu assister à une énième déconfiture de leur club (3-0), qui n’a obtenu que 10 points en 15 matchs cette saison. L’OL a pu souffler un peu avec une victoire de 3-0 contre Toulouse dimanche. Le tour du chapeau d’Alexandre Lacazette a permis aux Lyonnais de signer leur deuxième victoire seulement, et leur première à domicile.

La relance est-elle entamée ?

Qui s’emparera de la Premier League ?

Ce qui fait la beauté de la Premier League cette saison est aussi ce qui rend difficile de lui désigner une histoire clé en ce moment : une absence de leader clair. Liverpool est premier, mais il n’y a que quatre points qui le séparent de la quatrième position. Manchester City a le talent et la profondeur dans son alignement, mais il échappe trop souvent des points précieux, comme contre le surprenant Aston Villa la semaine dernière. Manchester United demeure trop inconstant, tandis que Liverpool doit jongler avec un nombre effarant de blessures à des joueurs importants.

C’est le cas aussi pour Tottenham, qui a causé la surprise en début de saison. Cette année, les Spurs devaient se reconstruire après les ères de José Mourinho et d’Antonio Conte. En 2023, l’arrivée d’Ange Postecoglou à la barre a tout changé. Le style de jeu de l’Australien, fort sur le pressing, sur le jeu offensif positif et inébranlable dans ses convictions, a accéléré le processus de reconstruction de Tottenham de plusieurs années. Mais depuis, James Maddison et Micky van de Ven, deux des grands acteurs de ces succès, se sont blessés à long terme. Plusieurs autres joueurs des Spurs manquent également à l’appel. Cela reflète une tendance lourde dans le soccer européen, voulant que le trop grand nombre de matchs nuise à la santé des joueurs.

La révolution de Xabi Alonso

Allons-nous enfin pouvoir remiser le surnom du Bayer Leverkusen, que l’on désigne souvent comme le Bayer Neverkusen, au terme de cette saison ? Never, comme dans jamais, comme dans aucun titre dans son histoire en Bundesliga allemande. Comme dans aucun trophée depuis 1994, bien qu’il ait senti l’effluve du métal à quelques reprises.

L’Espagnol Xabi Alonso est en train d’effectuer une petite révolution avec son Bayer, qu’il entraîne depuis octobre 2022. Depuis le début de la présente saison, c’est 20 victoires en 23 matchs, toutes compétitions confondues, une séquence folle qui n’inclut aucune défaite. Ses seuls matchs nuls ? Contre le Bayern Munich, le Borussia Dortmund et Stuttgart.

PHOTO WOLFGANG RATTAY, ARCHIVES REUTERS

L’entraîneur du Bayer Leverkusen, Xabi Alonso

En Bundesliga, après 14 matchs, Leverkusen est bon premier, à 4 points du Bayern de Harry Kane. Le club est encore engagé en Ligue Europa et en DFB-Pokal, la coupe allemande équivalente à la FA Cup, en Angleterre.

Comment expliquer ces succès soudains ? On pourrait vous parler de la formation 3-4-2-1, du brio de joueurs comme Victor Boniface, Florian Wirtz et Jeremie Frimpong. Mais c’est aussi la rigueur d’Alonso à la barre, lui qui a tout gagné en tant que joueur avec l’Espagne et le Real Madrid, qui fait la différence actuellement.

Tellement qu’il pourrait gâcher la quête éternelle de trophées de Harry Kane (18 buts), qui a quitté Tottenham pour la Bavière avec cet objectif en tête.

L’Inter et la Juventus à la chasse

Un petit mot sur la Serie A italienne en terminant. L’Inter Milan vole haut actuellement (38 points, 1er), fort de sa victoire catégorique de 3-0 sur Naples, champion en titre, la semaine dernière. Il n’a aussi fait qu’une bouchée d’Udinese (4-0) ce week-end. L’Inter peut notamment dire merci à Marcus Thuram, remplaçant de Romelu Lukaku, parti jouer sous José Mourinho à l’AS Rome.

Le Français, arrivé sur un transfert libre du Borussia Dortmund l’été dernier, a inscrit 7 buts et 9 passes cette saison en Italie. Mais attention, le premier faux pas profitera à la Juventus (36 points, 2e), de retour dans la course à la Scudetta après trois années d’errance.