Des Citadins de l’UQAM à l’équipe championne de la MLS. Du parc La Fontaine au sommet du soccer nord-américain. Le Crew de Wilfried Nancy, Mohamed Farsi et Rudy Camacho a été sacré champion de la MLS, samedi à Columbus, en vertu d’une victoire de 2-1 face au LAFC.

Cette équipe remplie d’anciens Montréalais – le gardien Evan Bush en fait aussi partie – a complètement dominé cette finale… jusqu’à ce que Denis Bouanga redonne espoir à Los Angeles à la 74minute.

Mais ça n’a pas été assez pour le gardien Maxime Crépeau et l’entraîneur adjoint Marc Dos Santos, deux autres Québécois qui prenaient part à ce match ultime, pour le LAFC dans leur cas.

Devant la caméra d’Apple TV juste après le coup de sifflet final, Nancy ne retenait pas ses larmes.

« Ils ont grandi en tant que joueurs, oui, a-t-il souligné, les yeux bouffis. Mais aussi en tant que personnes. Je leur ai dit que le mot « impossible », c’est une opinion. C’est incroyable ! »

« Je suis tellement fier »

Le Français Nancy est arrivé au Québec muni d’une admission à l’UQAM pour se joindre aux Citadins, en 2005. Le Québécois Farsi a passé une partie de sa jeunesse à jouer au soccer sur les terrains du parc La Fontaine. Rudy Camacho a été un rouage important de la défense du CF Montréal entre 2018 et 2023. Evan Bush a encore Montréal dans son cœur après avoir porté les couleurs de l’Impact pendant 10 ans. Tout ce beau monde est maintenant champion.

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Mohamed Farsi

« On joue de notre façon, a souligné l’ancien technicien du CF Montréal. Je suis tellement fier. Mais pour moi, en tant qu’entraîneur, ce n’est pas une question de gagner. Je leur ai dit qu’ils veulent gagner depuis qu’ils sont jeunes. L’idée est d’avoir une vision claire et de créer une connexion en tant qu’équipe. »

C’est bel et bien ce qu’il a fait avec son Crew. Parce que oui, on s’attendait à ce que Columbus domine l’engagement en matière de possession… mais peut-être pas autant. C’est carrément une leçon de foot qu’ont offert les locaux au LAFC, particulièrement en début de match.

« On n’a pas joué une bonne première mi-temps, a déclaré Steve Cherundolo, l’entraîneur du LAFC. C’était ça, l’histoire du match. »

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L’attaquant du Crew de Columbus Cucho (9) célèbre son but.

Le Crew a établi un rythme d’enfer d’entrée de jeu, suffoquant son adversaire avec un jeu s’apparentant à un rouleau compresseur offensif. Il a été récompensé par un but sur penalty de l’inévitable Cucho à la 32e.

Puis, quatre minutes plus tard, le délice. Malte Amundsen, du rond central, a aperçu un espace béant dans la défense angeline. Il a envoyé une suave passe vers la surface, que Yaw Yeboah a rejointe avant d’envoyer le cuir de l’extérieur du pied gauche derrière Maxime Crépeau. D’une rare beauté. C’était 2-0 pour les hommes de Wilfried Nancy à la 37e, et le LAFC n’avait pratiquement pas touché au ballon encore.

« J’ai pleuré comme un bébé »

La meilleure défense est l’attaque, selon le vieux cliché sportif. Le Crew en a fait sa devise sur le terrain. Même avec son avance imposante de deux buts, il a continué à se porter vers l’avant. Parce que c’est peut-être tout ce qu’il sait faire.

De l’autre côté, le LAFC n’a jamais semblé trouver son X pendant cette finale. Lors des rares moments où il a pris possession du ballon, il a semblé confus, décousu. Rien ne fonctionnait.

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Le gardien du LAFC, Maxime Crépeau, est déjoué par le tir de Yaw Yeboah du Crew de Columbus.

« Ils ont joué un match fantastique, a souligné Cherundolo. C’est exactement de cette façon qu’il faut jouer contre le LAFC si vous voulez nous battre, soit de créer assez de moments qui nous forcent à l’erreur. »

Les visiteurs ont repris du poil de la bête après la réussite du meilleur buteur de la saison dans le circuit, Denis Bouanga, en fin de deuxième demie. Mais devant ses partisans, le Crew n’a pas perdu sa concentration.

« J’ai pleuré comme un bébé lorsque le coup de sifflet final a été donné ! », a lancé un Cucho Hernández tout sourire, en conférence de presse.

Nancy brise un plafond de verre

C’était un troisième titre dans l’histoire du Crew en MLS, après les championnats de 2008 et 2020. Les deux derniers succès de l’équipe sont particulièrement surprenants : elle était sur le point de déménager en 2018, avant qu’un soulèvement des partisans ne l’en empêche.

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Wilfried Nancy

Mais samedi, la victoire n’a pas été que sportive : Wilfried Nancy est devenu le tout premier entraîneur-chef noir à remporter le championnat de la MLS, en 27 ans d’histoire.

Un confrère lui souligne la nouvelle pendant son point de presse. Il esquisse un mince sourire, mais prend rapidement un air sérieux.

« Je suis content et j’en suis fier, dit-il. Il y a beaucoup de travail et de courage derrière ça. Mais je ne suis pas content à la fois. Parce que ce n’est pas normal.

« C’est quelque chose qui doit changer. Je sais que la MLS tente de le faire. Mais ce n’est pas qu’en MLS. Il y a de la compétence partout. »