Fraîchement débarqué dans la ville aux 100 clochers, Fernando Álvarez semble déjà avoir tout saisi ce qu’il a besoin de connaître au sujet du CF Montréal.

« L’équipe joue avec trois défenseurs centraux. » C’est une information vérifiée. « Ce club ne se préoccupe pas de savoir si vous avez 15 ou 40 ans. Si vous êtes bon et si vous êtes prêt à jouer, il vous laissera jouer. » Aussi vrai.

Mais surtout : « Le club présente un bon projet. Il a réussi à vendre des joueurs en Europe et c’est pour ça que je voulais m’y joindre. » Encore une fois, c’est juste de la part du défenseur central qui a visiblement bien fait ses devoirs.

Le natif de New York est donc arrivé à Montréal en connaissance de cause. Acquis de Pachuca quelques jours avant la fermeture de la fenêtre des transferts – pour une somme d’environ 1 million de dollars –, le gaucher arrive à un moment opportun.

Après avoir été limité à un seul départ chez les professionnels avec le club mexicain, Álvarez a pu se mettre en valeur lors de la Coupe du monde des moins de 20 ans avec la Colombie. Le joueur de 19 ans voudra poursuivre sur cette belle progression sous Hernán Losada, qui est à la recherche d’un nouveau titulaire dans sa charnière centrale après le départ de Rudy Camacho.

Je suis venu ici pour avoir cette occasion. Mais la seule personne qui me donnera cette occasion, c’est moi. Alors j’essaierai de toujours m’entraîner dur et si je dois jouer, dans n’importe quel match, je donnerai le meilleur de moi-même.

Fernando Álvarez, défenseur du CF Montréal

Il dit qu’il sera prêt à pourvoir n’importe quel poste que son instructeur lui demandera, même celui de « gardien » ou « d’attaquant ». Quand il va voir que Montréal a été blanchi lors de 12 de ses 23 matchs en MLS cette saison, il va peut-être regretter cette phrase…

Qu’importe, son but sera d’obtenir un poste et de profiter de la vitrine qu’offre l’Impact pour se mettre en valeur. Toutefois, il ne veut pas se mettre de pression et établir un échéancier sur un éventuel départ dans un championnat plus prestigieux.

« Je ne sais pas si ça sera dans six mois, dans un an ou dans deux ans. Je ne peux pas répondre à cette question, mais je vais essayer de faire de mon mieux », note-t-il.

Chose certaine, quand il foulera le terrain, ses performances seront épiées, compte tenu de son fort potentiel.

« Il y avait beaucoup de clubs sur lui. Dont plusieurs en Europe notamment, donc on va lui laisser le temps, a déclaré le vice-président et chef de la direction sportive du Bleu-blanc-noir, Olivier Renard. On est très contents de son arrivée. »

Kif-kif

Outre l’arrivée de l’attaquant Kwadwo Opoku, Montréal a essentiellement laissé partir un défenseur central établi pour un homologue qui est une recrue. Le destin de Camacho était donc lié à celui d’Álvarez, comme l’a confirmé Renard.

« On a fait un choix en tant que club. [La somme] que l’on a pu récupérer dans la transaction [de Camacho] et en économie de salaire a permis de rembourser les deux tiers du transfert d’Álvarez », précise le Belge.

Rudy pouvait très bien rester chez nous jusqu’à la fin de la saison, mais en même temps, on avait envie d’investir sur Álvarez.

Olivier Renard, vice-président et chef de la direction sportive du CFM

À l’instar de la scène où Indiana Jones remplace une statuette par un sac de sable dans Les aventuriers de l’arche perdue, on pourrait croire que la transaction, c’est un peu quatre trente sous pour un dollar. Un défenseur central arrive et un autre s’en va.

Sauf que celui qui a quitté le club était tout de même celui qui évoluait à titre de libéro et qui disputait une fabuleuse campagne. Le nerf de la guerre était qu’au terme de la saison, le défenseur français de 32 ans était joueur autonome et Montréal ne voulait pas le perdre pour rien. Qui plus est, l’Impact avait reçu deux offres pour Camacho.

« [Rudy] nous avait demandé l’autorisation de partir de Montréal, si jamais il se mettait d’accord avec un club [pour un futur contrat]. On lui a donné les trois choix, en fait. On lui a dit : “Tu peux rester ici, nous, on est très contents avec toi jusqu’à la fin de la saison, et puis on verra ce qu’on fait pour les prochaines saisons.” Mais on lui a aussi laissé le choix de parler avec les deux clubs et c’est ce qu’il a fait », a relaté Renard.

Finalement, Camacho a choisi de s’engager avec le Crew de Columbus et de renouer avec son ancien entraîneur-chef à Montréal, Wilfried Nancy.

« On est parés pour pouvoir dire à Rudy merci pour ce que tu as fait et bonne chance », a résumé le patron du club montréalais.

À court terme, quiconque devra chausser les bottes de Camacho aura une lourde commande. Que ce soit George Campbell, Robert Thorkelsson, Ousman Jabang ou encore Álvarez. Car d’un coup, l’Impact vient de mettre en péril sa plus grande force, soit sa défense. Le nouveau partenaire de Joel Waterman et de Gabriele Corbo devra être prêt.

Avec trois semaines de repos, Álvarez et ses nouveaux coéquipiers espèrent trouver la recette gagnante à l’entraînement pour conserver cette force et être prêts pour la course aux séries éliminatoires.