« La vie est belle. » C’est avec ces mots, à la fois banals et si justes, que Maxime Crépeau met un terme à l’entretien.

Le gardien québécois sait bien que tout n’est pas toujours rose. Mais après neuf mois de convalescence, il a un sourire accroché au visage lorsqu’il discute avec le représentant de La Presse, à partir du centre d’entraînement du Los Angeles FC.

La semaine dernière, le geôlier de 29 ans a renoué avec l’action à titre de titulaire avec l’équipe réserve. Ce départ a été synonyme de premières minutes de jeu depuis cette fameuse blessure à sa « foutue jambe » droite.

PHOTO JAYNE KAMIN-ONCEA, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Maxime Crépeau a subi une fracture de la jambe droite en finale de la Coupe MLS, en novembre dernier.

Rappelons que Maxime Crépeau avait fait preuve d’abnégation suprême en finale de la Coupe MLS en novembre dernier. Pour sauver un but et ultimement permettre à son équipe de triompher, il avait fauché un joueur de l’Union de Philadelphie à l’extérieur de sa surface en prolongation. Cette action a entraîné une fracture de la jambe et un aller simple vers l’hôpital. Crépeau a alors suivi les festivités du premier titre du LAFC à distance grâce à des appels vidéo.

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Le natif de Greenfield Park a donc été sur la touche pour la Coupe du monde qui s’entamait quelques jours plus tard. C’était une autre tuile sur la tête de celui qui devait y prendre part comme membre de l’équipe canadienne. C’est « un rêve qui s’est éclipsé en une fraction de seconde », dit-il en claquant des doigts.

Cantonné à son sofa, il a ensuite dû regarder le parcours de ses coéquipiers du LAFC jusqu’en finale de la Ligue des champions de la CONCACAF à la télévision.

Bref, la route a été longue et sinueuse pour Crépeau au cours des derniers mois. Par contre, il ne s’est pas gêné de se servir de son exemple pour faire de la sensibilisation au sujet de la santé mentale dans les dernières semaines, un enjeu sur lequel il se fait particulièrement entendre.

« Oui, ça n’a pas toujours été facile. Il y a eu des hauts et des bas pendant ces neuf derniers mois. Je pense que c’est un sujet qui est encore beaucoup trop dans le silence. »

Personne n’est obligé de combattre tout seul dans le silence, puisqu’il y a des plateformes, des gens et des moyens de s’en sortir. En fin de compte, on n’est pas tout seul, puis ça, c’est extrêmement important pour moi parce que ç’a été un moment plus difficile l’an dernier.

Maxime Crépeau, gardien du LAFC

Dans son cas à lui, il note le soutien inconditionnel de sa femme, Christina, qui était avec lui 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Mais outre sa garde rapprochée, il a aussi consulté le psychologue du LAFC pour « avoir des trucs ». « Il m’a montré comment tourner les choses négatives en positives. Donc, c’est sûr et certain, que ce soit à l’interne ou à l’externe, il faut savoir tendre la main puis aller chercher de l’aide. »

Cependant, si ç’a été plus difficile par moments lors de la rééducation, le Maxime Crépeau d’aujourd’hui n’a qu’une seule chose en vue : de nouveaux sommets à atteindre.

« Être meilleur que l’ancien Max »

C’est son unique objectif : non seulement de reprendre là où il a laissé, mais aussi de pousser plus loin qu’auparavant. Et Crépeau sait comment s’y prendre.

La première étape est celle de ne pas laisser cette vilaine blessure l’affecter d’une quelconque façon. « À l’entraînement, en ce moment, je garde ma manière de jouer. Même si c’est serré, j’y vais quand même. »

PHOTO KELVIN KUO, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Maxime Crépeau (à gauche)

« À la seconde où tu perds ce côté instinctif, tu dénaturalises ton jeu. Je pense tout simplement que c’est la manière dont je joue ma position. […] La journée que je ne vais plus avoir ce côté-là, je ne vais pas jouer au maximum de mon potentiel », explique-t-il.

La seconde étape, c’est de tirer quelques leçons des neuf mois passés loin de la pelouse. Pour lui, ça sous-entend de ne plus trop réfléchir et « tout simplement de s’amuser » plus que jamais. Jumelé avec la tonne de matchs qu’il a pu regarder et analyser froidement pendant cette période, Crépeau croit qu’il pourra se hisser au sommet à nouveau.

Maintenant qu’il est de retour, et à « 100 % » selon ses dires, il ne lui reste plus qu’à retrouver sa forme de match et une occasion de briller pour reprendre le rôle de gardien titulaire de l’une des plus puissantes équipes de la MLS.

Et qui sait ? Peut-être qu’à la fin de cette saison, il pourra finalement goûter aux joies d’un championnat et, cette fois-ci, en personne.

Revenir avec l’équipe canadienne

Lorsqu’il est question de l’équipe canadienne, Crépeau est catégorique : « Le côté dont je suis le plus fier dans ma carrière, c’est sans aucun doute de représenter mon pays ». Avant sa blessure, le Québécois était l’adjoint de Milan Borjan, titulaire de l’équipe. Sauf que Borjan, un coéquipier dont il est « très proche », a 35 ans et la retraite semble imminente, bien que les deux amis n’en aient pas parlé. Le poste de gardien numéro un pourrait donc être bientôt disponible et la mission de Crépeau d’ici la Coupe du monde de 2026 sera de se prouver à titre de digne héritier du trône. Il devra entrer en compétition avec Dayne St. Clair, qui a joué à la Gold Cup pour le Canada, Tom McGill et peut-être Jonathan Sirois pour le rôle. Néanmoins, il se croit prêt à relever le défi. « À un certain point, il [Borjan] n’a pas pu être là avec notre sélection et j’ai dû prendre le rôle et chausser ses souliers. J’ai adoré le faire et je suis capable de le faire », souligne-t-il.