L’Europe. Rien ne fait plus saliver les joueurs nord-américains que l’idée d’évoluer sur le continent où le soccer est une religion, voire une dévotion. Ainsi, quand les meilleurs produits de la MLS ont la chance de le faire, il est normal de les voir partir outre-mer.

Au moment où la plupart des championnats européens terminent leurs activités, si ce n’est pas déjà fait, un petit tour d’horizon s’impose sur les anciens surdoués du CF Montréal qui ont traversé l’Atlantique.

Ismaël Koné

Immédiatement après la Coupe du monde, le Québécois a rejoint Watford, en deuxième division anglaise. Touché par les blessures, le club chéri d’Elton John a glissé au classement et a pris plusieurs risques dans la configuration de son onze de départ.

Souvent titulaire, mais pratiquement toujours remplacé, Koné a eu un impact sur son club, mais peut-être pas autant qu’il l’aurait souhaité. Le jeune milieu de terrain de 20 ans a montré une grande progression dans son jeu défensif depuis son arrivée en Angleterre, mais n’a pas été en mesure de totalement s’imposer.

Si, à l’Impact, on lui laissait beaucoup de missions offensives en seconde partie de saison, avec Watford il a dû développer son jeu défensif.

D’ailleurs, cette progression s’est aussi fait ressentir en équipe nationale alors que Koné est devenu un joueur clé dans le milieu de terrain de John Herdman. Aux côtés de Stephen Eustaquio, et possiblement Jonathan Osorio, celui qui a grandi à Notre-Dame-de-Grâce devient un incontournable pour le Mondial de 2026.

La saison 2023-2024 promet pour Koné. Son club demeurera en deuxième division, mais il devra composer avec un nouvel entraîneur-chef, Valérien Ismaël. Dans l’hypothèse où les performances de Koné continuent de monter en puissance, le Canadien devrait rester parmi les meilleurs championnats du Vieux Continent pour un bon moment encore.

Alistair Johnston

PHOTO JANE BARLOW, ASSOCIATED PRESS

Alistair Johnston (à gauche) avec le Celtic de Glasgow, un club de première division en Écosse

S’il y a un ancien joueur du CFM qui a prospéré en Europe, c’est Alistair Johnston.

Dès son arrivée au Celtic de Glasgow, en janvier 2023, le club a vendu son autre latéral droit, Josip Juranović – qui avait lui aussi connu une forte Coupe du monde –, à un club allemand. Ainsi, la formation écossaise a laissé le champ libre au Canadien pour faire sa place. Ce dernier n’a pas déçu les attentes.

Sa fougue habituelle et son intelligence de jeu ont fait de lui un des favoris de la foule et de son entraîneur.

Il a disputé les 90 minutes de 18 des 20 rencontres de son équipe. Les deux autres matchs, il a été reposé. À noter que la fiche du Celtic, qui a remporté le championnat pour une énième fois, avec Johnston dans la formation est de 16 victoires, 2 verdicts nuls et aucun revers.

Toutefois, Johnston a été victime d’une blessure le 30 avril contre le rival historique du club, les Rangers de Glasgow. Nul ne sait si sa saison est terminée, mais si l’Ontarien poursuit sur cette lancée, peut-être que son séjour à Glasgow ne sera qu’un arrêt vers une autre destination.

Djordje Mihailovic

PHOTO TONY OBRIEN, REUTERS

Djordje Mihailovic (à gauche) avec l’AZ Alkmaar, en première division néerlandaise

Troisième et dernier joueur du premier cycle d’Olivier Renard sur cette liste, Djordje Mihailovic a été le premier à se faire vendre. La transaction qui l’envoyait à l’AZ Alkmaar, en première division néerlandaise, a été annoncée à la fin août 2022. Il a toutefois conclu la saison avec le Bleu-blanc-noir et a été particulièrement décisif lors des éliminatoires, touchant la cible dans les deux rencontres.

Soulignons que le milieu offensif américain est arrivé aux Pays-Bas à la mi-saison, alors que ses coéquipiers étaient au sommet de leur forme. Toutefois, il n’a pas mis le feu à la formation. L’Américain de 24 ans n’a certes qu’un but et une passe décisive à sa fiche, mais c’est en raison de son temps de jeu limité.

Mihailovic prend part à pratiquement tous les matchs de sa formation, sauf qu’après 18 rencontres, il n’a que 5 départs au compteur.

Son club, cependant, va bien. L’équipe d’Alkmaar s’est rendu jusqu’aux demi-finales de la Ligue Europa Conférence, troisième compétition européenne en importance, avant de s’incliner et est pratiquement qualifiée pour un autre tour de piste dans cette compétition l’an prochain en vertu de son quatrième échelon dans le championnat.

L’été pourrait être bénéfique pour Mihailovic. C’est la chance pour lui d’arriver prêt au prochain camp d’entraînement et de devenir un titulaire habituel de l’équipe.

Ballou Tabla

PHOTO TIRÉE DU SITE DU MANISA FK

Ballou Tabla avec le Manisa FK, en deuxième division turque

La carrière de Ballou Tabla est assurément à l’image de montagnes russes. L’enfant prodige de l’Académie de l’Impact, puis de l’équipe réserve, est arrivé avec l’équipe première avec l’intention de s’en servir comme tremplin. Après une saison, son souhait était exaucé et il est parti pour l’équipe réserve du FC Barcelone.

Sans succès, il est revenu à Montréal, mais n’a jamais retrouvé sa touche. Son second passage a surtout été marqué par les pointes lancées par les têtes dirigeantes du club, notamment Thierry Henry. Quittant Montréal de nouveau, la pépite s’est redécouverte en allant en Première ligue canadienne avec l’Atlético d’Ottawa. Ballou Tabla y a été finaliste au titre du joueur le plus utile du circuit.

Après une seule saison fumante dans la capitale nationale, il a été transféré pour la deuxième division turque, où il porte maintenant les couleurs du Manisa FK.

Avec un match à faire à la campagne, son club est à la porte des éliminatoires et tentera de ravir la dernière place disponible qui permettrait de rivaliser pour la promotion en première division. Son acclimatation s’est produite délicatement, mais depuis, il a entamé sept des huit derniers matchs du club. L’histoire du Montréalais d’adoption de 24 ans est tout sauf terminée.

Luis Binks

PHOTO TIRÉE DU COMPTE TWITTER DE LUIS BINKS

Luis Binks avec le FC Bologne en Série A italienne

Premier projet de la version Olivier Renard du CFM qui est parti pour l’Europe, Luis Binks poursuit lentement sa progression.

Le défenseur central de 21 ans avait été un rouage important sous Thierry Henry avant de partir presque aussi rapidement qu’il avait été acquis. Le changement a été grand dans la carrière de Binks, qui a quitté Montréal pour le FC Bologne. Or, pour Joey Saputo, propriétaire du club italien en question, il ne fut pas si considérable puisque l’argent s’est déplacé de l’une de ses poches à l’autre.

En 2021-2022, la saison du jeune défenseur n’était pas mal, compte tenu des circonstances. Il a disputé 15 rencontres, dont 7 en tant que titulaire en première division italienne. Toutefois, ça demeure trop peu pour connaître un véritable cheminement, alors cette saison il a été en prêt avec Côme pour toute l’année.

C’est mission accomplie à ce chapitre, alors qu’il a été dans le onze de départ presque tous les matchs. Est-ce que deux saisons supplémentaires à Montréal auraient été plus bénéfiques au développement de Binks ? Peut-être, mais il devrait retourner avec Bologne l’an prochain après une saison globalement réussie.