Canada Soccer a publié jeudi une partie de son projet de convention collective avec les équipes nationales masculine et féminine, ajoutant qu’il était temps de conclure une entente.

Il s’agissait essentiellement d’une attaque préventive, quelques heures avant que la capitaine Christine Sinclair et trois autres membres de l’équipe féminine canadienne n’exposent leurs griefs devant un comité parlementaire.

Canada Soccer affirme que le contrat de travail qu’il propose prévoit que les deux équipes recevront les mêmes indemnités de match et qu’elles se partageront à parts égales les prix des compétitions. L’équipe féminine championne olympique deviendrait la deuxième équipe nationale féminine la mieux payée parmi les 211 associations membres de la FIFA, vraisemblablement derrière l’équipe américaine.

L’instance dirigeante affirme que la proposition « démontre l’engagement de Canada Soccer à respecter son principe fondamental selon lequel si vous êtes un joueur de l’équipe nationale de Canada Soccer – quel que soit votre sexe – vous serez payé de la même façon pour le travail que vous effectuez en compétition et pour représenter notre pays ».

« Il est temps de conclure un accord, a déclaré Earl Cochrane, secrétaire général de Canada Soccer, dans le communiqué. Nous avons négocié de bonne foi et nous voulons parvenir à une solution avec nos équipes nationales. Pour y parvenir, nous avons besoin de l’accord de nos deux équipes nationales. Nos femmes méritent d’être payées de manière égale et elles méritent la certitude financière nécessaire à l’organisation de la Coupe du monde féminine de la FIFA 2023 (cet été en Australie et en Nouvelle-Zélande). »

Canada Soccer reconnaît toutefois qu’un salaire égal ne signifie pas des dollars égaux lorsqu’il s’agit des budgets des équipes, affirmant que le calendrier des compétitions et le parcours de qualification pour la Coupe du monde de la FIFA pour les hommes s’accompagnent de « coûts très différents » de ceux des femmes.

Néanmoins, Canada Soccer affirme avoir dépensé 37 423 185 $ pour l’ensemble de ses équipes masculines de 2012 à 2019 en frais de personnel et de programme, contre 37 073 407 $ pour l’ensemble des équipes féminines au cours de la même période de huit ans.

Contrairement aux hommes, les femmes seniors ont participé à deux Coupes du monde et à deux Jeux olympiques au cours de cette période.

Dans le cadre de l’accord proposé par Canada Soccer, les joueurs recevront un montant de 3500 $ par match, ainsi que des primes de victoire pouvant aller jusqu’à 5500 $ par joueur, en fonction du rang de l’adversaire. Chaque équipe recevrait 1,15 million de dollars pour la qualification à la Coupe du monde.

En ce qui concerne les 9 millions de dollars que l’équipe masculine a gagnés au Qatar, Canada Soccer propose que 40 % (environ 3,6 millions de dollars) soient versés dans une cagnotte combinée, ainsi que 75 % des prix de la Coupe du monde féminine (estimés entre 1 et 4 millions de dollars, en fonction de la place occupée par l’équipe dans le tournoi).

Les deux équipes auraient demandé à se partager à parts égales 80 % des gains du Qatar.

Canada Soccer indique que la rémunération totale des joueurs pour les hommes de 2012 à 2019 s’élève à 2,92 millions de dollars, contre 2,96 millions de dollars pour les femmes au cours de la même période.

Selon Canada Soccer, l’acceptation de l’accord proposé pourrait se traduire par une rémunération totale des joueurs de 10,29 millions de dollars pour les hommes entre 2020 et 2023, en fonction des résultats obtenus sur le terrain, et de 9,64 millions de dollars pour les femmes au cours de la même période.

Du côté de CSB

Canadian Soccer Business est également disposé à modifier l’accord controversé qu’il a conclu avec l’instance dirigeante du soccer.

CSB commercialise essentiellement le produit footballistique canadien, par le biais d’accords de diffusion et de parrainage.

Il verse chaque année à l’instance dirigeante un montant fixe, le reste servant à financer la Canadian Premier League masculine. Canada Soccer, qui ne détient pas de participation dans CSB, recevrait actuellement entre 3 et 4 millions de dollars par an en vertu de l’accord, en tant que « bénéficiaire d’une garantie de droits ».

Le PDG de CSB, Mark Noonan, qui est également commissaire de la CPL, n’a pas confirmé les arrangements financiers, mais a déclaré que la garantie annuelle est « trois fois ce que Canada Soccer gagnait commercialement en 2018, lorsque personne n’était prêt à prendre un risque ».

La déclaration de cinq pages de Canada Soccer a précédé le témoignage de Sinclair, Janine Beckie, Sophie Schmidt et Quinn, qui se présente sous un seul nom, devant le Comité permanent du patrimoine canadien de la Chambre des communes. Ces quatre joueuses, qui représentent l’équipe féminine, ont fait 732 apparitions pour le Canada au niveau senior.

Les responsables de Canada Soccer doivent se présenter devant la commission parlementaire le 20 mars.

En ce qui concerne la liste des griefs formulés par l’équipe féminine le mois dernier, Canada Soccer affirme avoir accepté ou être en train de répondre aux neuf demandes.

Ces revendications vont d’un budget comparable à celui de l’équipe masculine pour la préparation de la Coupe du monde à des voyages en classe affaires, des chambres individuelles et un chef cuisiner d’équipe à la Coupe du monde – comme pour les hommes – jusqu’en décembre 2023. Elles souhaitent également jouer au moins un match à domicile avant la Coupe du monde.

Canada Soccer a annoncé l’embauche d’un nouveau directeur commercial et la création d’un nouveau département chargé de superviser « les efforts fondamentaux et philanthropiques de l’association » afin d’aider à recueillir des fonds pour financer le contrat de travail proposé.

Les femmes, qui ont formé l’Association canadienne des joueurs de soccer en 2016, sont sans convention collective depuis que la dernière a expiré à la fin de 2021. Elles ont conclu une entente de principe avec Canada Soccer sur la rémunération pour 2022, mais affirment que d’autres enjeux n’ont pas encore été réglés.

Les hommes, qui se sont organisés l’été dernier pour former l’Association des joueurs de l’équipe nationale masculine de soccer du Canada, travaillent actuellement à la conclusion de leur première convention collective officielle.