Marc Dos Santos voulait s’acheter une guitare. Dans le magasin de Vancouver où il magasinait, il en repère une. Un commis s’interpose. « Êtes-vous certain d’avoir les doigts pour toucher cette guitare-là ? »

L’entraîneur adjoint du LAFC raconte cette anecdote datant de Noël 2021 au beau milieu d’un entretien d’une trentaine de minutes avec La Presse, 48 heures après le sacre de son équipe en Coupe MLS. Selon lui, il s’agit d’une métaphore pour les acquisitions des joueurs de classe mondiale Gareth Bale et Giorgio Chiellini par son équipe, au cours de la dernière saison.

« C’est très facile de dire que oui, ils ont de bons joueurs, explique le technicien, en parlant de son équipe. Mais avec des joueurs comme ça, il faut le monde et le staff pour gérer les égos. Pour les garder sur le banc parfois, comme c’est arrivé avec Bale. Pour enlever [Carlos] Vela à la 60minute. »

Ce « monde » et ce « staff », dans cette analogie, ce sont les doigts qui grattent la prestigieuse six cordes.

Notre question portait sur le défi que pose l’arrivée de ces grands noms dans une équipe déjà bien soudée, déjà au sommet de la MLS en juillet. Dos Santos est ravi de pouvoir étaler sa pensée sur le sujet.

« Les entraîneurs doivent avoir d’autres styles de qualité », dit-il.

« C’est peut-être plus facile de coacher des groupes où personne ne dit rien, où il n’y a pas d’ego, où tout le monde est content. »

L’ancien pilote de l’Impact de Montréal souligne qu’il a lui-même appris énormément en côtoyant des joueurs de la trempe de Bale, Vela et Chiellini.

« Ce que j’ai réalisé, c’est que j’étudie le double ou le triple. Steve [Cherundolo, l’entraîneur-chef] m’a souvent demandé cette saison des séances vidéo pour les défenseurs. Il faut que j’arrive prêt. Parce que dans ma salle, j’ai un gars qui est considéré comme un des 20 meilleurs défenseurs de tous les temps. »

PHOTO RINGO H.W. CHIU, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Giorgio Chiellini

Il parle de Giorgio Chiellini, une légende de la Juventus qui a 117 matchs d’expérience sous le maillot italien, en plus d’avoir remporté l’Euro 2020.

« Ça m’a donné beaucoup d’expérience. »

L’histoire ne dit pas si Marc Dos Santos avait les doigts, ou « l’expérience », pour l’instrument qu’il reluquait. Mais on sait qu’il a finalement jeté son dévolu sur une guitare Fender semi-acoustique.

Après la pluie, le beau temps

Dos Santos avait détenu ce même poste en 2018, lors de la saison inaugurale du LAFC. Puis, il avait tenté sa chance en tant qu’entraîneur-chef avec les Whitecaps de Vancouver.

Il a été le patron en Colombie-Britannique pendant un peu plus de deux ans. Sa première occasion aux commandes dans le plus haut circuit de soccer nord-américain. L’aventure prend fin en 2021, au cours d’une saison couci-couça. Il s’entend ensuite à nouveau avec le LAFC, et retrouve son poste d’adjoint pour la campagne qui vient de s’achever.

Sa décision de revenir à Los Angeles n’a pas été difficile. Même s’il affirme qu’il aurait pu être entraîneur-chef « dans d’autres places dans le monde ».

« J’ai dit non. C’est la vérité. J’ai dit non à des clubs de premières divisions dans d’autres pays. Je voulais rester ici. Mes enfants sont à Vancouver dans une super bonne école. Je voulais rester proche d’eux. »

Sa relation avec John Thorrington, le directeur général du LAFC, n’a pas nui non plus.

« Il m’a appelé très tôt dans le processus. Il m’a dit “’come back home”. C’est un gros club, un club qui me veut, qui me comprend, qui connaît mes qualités. »

S’en suit une discussion avec Steve Cherundolo, son futur patron sur les lignes de côté. « Ma conversation avec Steve a duré deux minutes. Je pense qu’on est des frères d’une autre vie. »

Marc Dos Santos a gagné partout. Il a été champion de la NASL à Montréal en 2009. Il a été champion de la saison régulière d’automne avec le Fury d’Ottawa en 2015, puis s’est incliné en finale des éliminatoires. Il a atteint la finale de la USL avec le club-école du Sporting Kansas City en 2016. Il a été champion du Soccer Bowl de la NASL avec les Deltas de San Francisco en 2017.

Il n’y a qu’à Vancouver, un parcours qu’il a dû tracer en parallèle avec la pandémie de COVID-19, où il n’a pas atteint ses objectifs.

« Je ne suis pas sorti de Vancouver blessé. Je suis sorti en me disant “ok, qu’est-ce que je vais apprendre de cette expérience”. »

L’entraîneur en a profité pour faire un pas en arrière « pour mieux avancer », illustre-t-il aujourd’hui.

« Quand je pense à 2021 et 2022, c’est une leçon de vie. Il ne pleut pas toujours, hein. Le soleil sort parfois. »