« L’idée, c’est de bien finir, et qu’après on se fasse une grosse accolade. Et que chacun fasse sa route. »

S’il restait encore des doutes quant à l’avenir de Victor Wanyama à Montréal après la déclaration surprise du joueur désigné, mardi, Wilfried Nancy les a dissipés jeudi.

L’entraîneur-chef a été appelé à commenter la révélation du cocapitaine du CF Montréal, qui avait affirmé devant les médias qu’il allait « partir à la fin de la saison », soit à l’échéance de son contrat.

« Bien entendu, à la fin de l’année, il y a des émotions, a souligné Nancy. Il y a Djordje [Mihailovic] qui part. Il y a Victor qui ne sera plus là aussi. On vit des moments extraordinaires. […] Mon kif, c’est que dans cinq ou dix ans, quand les joueurs vont se revoir, ils vont se rappeler certaines anecdotes. »

Ismaël Koné ne savait pas qu’il était en train de vivre quelques-uns de ses derniers entraînements avec le colosse kényan. Le Québécois a lui aussi été pris par surprise mardi.

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Ismaël Koné

Je vais en parler en détail avec lui, mais c’est sûr que s’il part, ça ferait mal à l’équipe. Ça me ferait mal particulièrement à moi, parce que c’est un grand frère pour moi. Pour l’instant, il est vraiment concentré sur ce qu’il a à finir. On verra par la suite.

Ismaël Koné

Wanyama a eu une belle carrière dans le monde du foot. Il a tracé sa route avec le Celtic de Glasgow et à Tottenham, notamment. Wilfried Nancy a ainsi opté pour l’humilité devant le routier de 31 ans lorsqu’il a pris les rênes de l’équipe l’an dernier.

« Je l’ai convoqué au bout de trois ou quatre jours pour parler avec lui, raconte-t-il. Et pour lui dire le projet que j’avais en tête. Je lui ai dit que je ne suis pas [Mauricio] Pochettino, je ne suis pas tous les bons entraîneurs qu’il a eus. Je suis juste un petit cul d’ici qui sait ce qu’il veut faire. Je lui ai présenté le projet. 

« Et j’ai appris qu’on peut progresser à tout âge. […] Victor, c’est un bon exemple. C’est quelqu’un qui prend du plaisir en ce moment, qui en a pris, et qui veut encore en prendre dans les matchs à venir. »

Le premier rang à l’enjeu

Du plaisir, le CF Montréal espère en avoir en octobre.

Il lui reste son 34e et dernier match de la saison à disputer dimanche, à Miami. Et ensuite, place aux éliminatoires.

Miami a confirmé sa place dans le tournoi d’après-saison avec sa victoire de mercredi. L’enjeu de dimanche n’est donc plus majeur pour aucune des deux équipes.

Mais Montréal peut encore aller chercher le premier rang de l’Est. Ce qui lui donnerait un laissez-passer lors du premier tour, disputé à partir du 15 octobre. Mais il doit et l’emporter contre les Floridiens, et espérer que Toronto lui fasse une faveur en obtenant un résultat contre l’Union de Philadelphie.

Cela dit, cet avantage n’a pas toujours été gage de succès pour les équipes qui en ont bénéficié.

Sur 22 équipes qui ont profité du laissez-passer depuis 2011, seules deux se sont rendues en finale. Toutes deux ont remporté la Coupe MLS.

On pose la question à Wilfried Nancy. Dans le contexte où cet avantage n’en est peut-être pas vraiment un, et que le Supporter’s Shield a déjà été remporté par le LAFC, préfère-t-il finir au deuxième rang ?

« Qu’est-ce que vous feriez à ma place ? », demande-t-il, sourire en coin. On comprend que la réponse à notre question lui semble évidente.

« Si on a le plaisir de finir premiers, pourquoi s’en priver ? », finit-il par affirmer.

Pourtant, ses joueurs n’avaient pas été catégoriques quelques minutes auparavant.

« Je pense que c’est toujours bon d’accéder à la première place, confirme Koné. […] Mais il y a des pour et des contre. En tant qu’équipe, ça nous ferait du bien de jouer quand même des matchs, pour être prêts mentalement. Mais nous, on veut être premiers. Ce n’est pas donné à tout le monde en MLS. »

Kamal Miller a convenu que la question était « délicate », parce que certains ont eu de la « difficulté à gérer le laissez-passer en première ronde dans le passé ».

« Mais on veut aller chercher le plus de points et de victoires possible. »

« Je ne peux pas les attaquer »

Romell Quioto est revenu blessé de son périple avec le Honduras. Un enjeu à la cuisse inopportun pour le CFM, qui entame son parcours éliminatoire sous peu. Wilfried Nancy n’a pas précisé jeudi si son meilleur attaquant allait être en forme pour le match de dimanche, ni même pour le début des éliminatoires.

« Ça se passe bien » pour l’instant, a-t-il simplement dit.

L’entraîneur a cependant été interrogé pour savoir s’il était satisfait de la gestion du temps de jeu de Quioto par la sélection hondurienne. C’est que ce n’est pas la première fois que le joueur revient de la fenêtre internationale blessé. Et cette fois, après 82 minutes contre Lionel Messi et l’Argentine en match amical, il a joué le même temps de jeu contre le Guatemala trois jours plus tard.

« Bien entendu, j’aurais aimé qu’ils gèrent mieux la situation, a indiqué Nancy. Sans aucun doute. […] Mais je ne peux pas les attaquer. 

« Je me mets à la place de Romell. Il est capitaine de son équipe nationale. C’est une fierté de représenter son pays. Qu’il joue 90 minutes contre l’Argentine, c’est tout à fait normal. […] Mais qu’il joue le deuxième match… Romell, il aurait pu dire non. Mais il avait la pression de représenter son pays. »