« Qui peut voir des pleurs dans la pluie ? », demandait Mario Pelchat. Le CF Montréal a vu ceux d’un bien triste Fire de Chicago, mardi soir, au stade Saputo.

Montréal l’a emporté 3-2 au terme d’une rencontre pluvieuse et d’une performance majestueuse de son vétéran Kei Kamara. La marque, par ailleurs, n’a pas reflété l’allure de la rencontre, complètement dominée par les locaux.

« Bravo pour ce qu’il fait aujourd’hui », a commenté Wilfried Nancy à propos de Kamara après la rencontre. Son homme de confiance a été impliqué dans les trois buts des siens – il en a marqué deux et a ajouté une passe décisive.

« Il a créé des situations dans le jeu. Il fait des choses qui aident l’équipe. Mais moi, ce qui m’intéresse, c’est son attitude depuis le début. Qu’il joue 5 ou 95 minutes, le vieux, il est toujours là. C’est un compétiteur. »

Assuré de terminer la saison parmi les quatre premiers de la Conférence de l’Est, Montréal a par ailleurs confirmé qu’il jouera un premier match à domicile en séries.

« C’est notre grand frère »

Tout s’est joué en première mi-temps pour la troupe de Nancy. Une période dont Kamara s’est servi pour prouver à tous qu’il vieillit comme un bon vin dans cette ligue. Sa performance de mardi a porté son total à 8 buts et 7 passes décisives en 31 matchs. À 38 ans, à son salaire, et dans les circonstances de dernière minute qui ont précipité son arrivée à Montréal en janvier, il s’agit là d’une production quasiment inespérée.

« Ce qui est drôle, c’est que je ne bois même pas de vin ! », a dit en rigolant le sympathique attaquant devant les médias.

À la 21e minute, il a fait dévier la passe d’Ismaël Koné dans la surface pour le 1-0. Son septième de la saison.

PHOTO ERIC BOLTE, USA TODAY SPORTS

Mason Toye et Kei Kamara

À la 29e, il a reçu le petit service de Koné – encore lui – à l’orée de la boîte, dos au but. Il s’est retourné en réception de balle, a armé sa frappe, pour ensuite enfiler son huitième en 2022. Ainsi que le 138e de sa carrière en MLS.

Après un but de Xherdan Shaqiri sur penalty à la 39e – décerné après une très mauvaise sortie de Sebastian Breza –, Kamara a envoyé Zachary Brault-Guillard à droite de la surface à la 44e. Le héros du dernier match a récidivé pour éteindre les tisons du Fire, et marquer le 3-1.

L’attaquant a eu beau marquer deux buts en 30 minutes, c’est cette passe qui l’a rendu le plus fier.

« Ce qui me rend heureux, ce sont mes passes, a-t-il assuré en prenant un ton plus sérieux. C’était mon rôle en arrivant ici. D’aider. Non pas d’aider sur le terrain, mais d’aider le gars à mes côtés. Hors du terrain ou à l’entraînement.

« Je sais que je peux marquer des buts, enchaîne-t-il. Je ne m’en suis jamais soucié. Quand je suis sur le terrain, je connais mon travail et ce que je dois faire. »

Ce qui me rend le plus fier, c’est de connecter avec ces gars sur le terrain, de leur donner de la lumière, de nous rendre dans le dernier tiers et aider à marquer un but.

Kei Kamara

Il fait référence au premier du match. Et « s’excuse » d’avoir volé la chance d’Ismaël Koné, qui n’aurait par ailleurs pas atteint le filet sans la touche de Kamara. Le jeune Québécois ne lui en a pas tenu rigueur. Il était plus préoccupé par le fait que la MLS ne lui ait pas accordé de passe décisive sur cette réussite de son coéquipier. « Ils veulent me voler les stats ! », a lancé Koné en souriant après avoir porté ses mains à son visage.

« C’est facile de jouer quand Kei est là, a-t-il aussi souligné. Kei a l’expérience. C’est notre grand frère ici. Sur le terrain, c’est un leader. Il nous motive. »

Le Fire éteint

La pluie s’était estompée en début de match, après avoir inondé la pelouse du stade Saputo quelques heures auparavant. Un répit apprécié par les courageux partisans montréalais, dont bon nombre étaient vêtus de ponchos. On estime qu’entre 5000 et 6000 aficionados du foot étaient rassemblés dans l’enceinte mouillée.

Le Fire ne peut blâmer la pluie pour sa contre-performance : pratiquement éliminée des séries, l’équipe de la Ville des vents connaît une autre saison de misère. Même l’arrivée de Shaqiri en tant que joueur désigné dans l’entre-saison n’a pu souffler sur ses braises pour le ranimer.

Les visiteurs se sont vu accorder un autre penalty à la 57e, sur une faute légère de Joel Waterman dans la surface. Bien loin du ballon. Shaqiri a déjoué Breza à nouveau pour réduire l’écart à 3-2.

Mais le CF Montréal n’en a fait cas. Il s’est occupé de conserver le ballon pour le reste de la rencontre et assurer une huitième victoire à domicile en 2022.

« J’aurais aimé être plus tranquille, a noté Nancy. On s’est mis dans des problèmes stupidement.

« Il fallait gagner ce match-là. Il y a eu de bons moments, de bonnes séquences offensives et défensives. Je veux qu’on mette plus de contrôle. C’est la prochaine étape. »

Koné et la « carrière devant lui »

C’était, du reste, une belle performance pour Ismaël Koné. À la veille d’un camp de la sélection canadienne, il semblait bel et bien réjoui devant les médias. Et quand on l’interroge sur la possibilité qu’il soit rappelé par John Herdman en vue des matchs amicaux des 23 et 27 septembre, il esquisse un sourire coquin.

« Je ne sais pas, je ne connais pas le plan de John, avance-t-il. C’est sûr que c’est un objectif pour moi de faire ce camp. »

Kei Kamara l’a encensé. C’est que le vétéran attaquant a côtoyé Alphonso Davies à Vancouver avant que celui-ci quitte l’Ouest canadien pour le Bayern Munich. Voit-il des ressemblances entre les deux pépites ?

« En passant du temps avec Phonzie, c’était incroyable de voir à quel point il est difficile d’arrêter un jeune joueur prêt à atteindre des sommets. Isma est du même genre. »

Wilfried Nancy a voulu nuancer.

« Ça ne fait qu’un an et demi qu’il est avec nous. Il vit sa vie en accéléré. […] L’idée, c’est qu’il devienne plus constant, dans tous les sens du terme. S’il arrive à continuer à mûrir comme il le fait, il a une bonne carrière devant lui. »