(San José) Jean-Sébastien Roy vit à Québec. Isabelle Locas, à Gatineau.

Depuis septembre, ils vivent leur relation à distance, puisqu’Isabelle a accepté un nouvel emploi à Ottawa.

Mais à San José, capitale du Costa Rica, le couple est ensemble. Réuni par le sport, et l’envie d’aventure.

Jean-Sébastien et Isabelle sont partis mercredi matin de leur ville de résidence respective. Isabelle a bien failli manquer son vol en partance de Montréal, elle qui arrivait de la région de la capitale fédérale. Jean-Sébastien l’attendait au pied de la porte, s’assurant que les gens de l’aéroport ne la ferment pas pour de bon pour faire décoller l’avion.

Nous nous étions donné rendez-vous devant l’Estadio Nacional de San José en après-midi, la veille de l’affrontement du Canada contre le Costa Rica en qualifications pour la Coupe du monde. Ce match est le point de départ de leurs vacances d’une douzaine de jours dans le pays.

Le Canada à 90 minutes de l’exploit

Mais nous jouons de malchance : la pluie vient se mettre de la partie. Nous sommes donc contraints à discuter de leur périple dans un bon vieux Starbucks, tout juste devant le stade.

Autour d’une table au centre du café, Jean-Sébastien me raconte la genèse du projet.

« Isabelle me disait qu’elle était mûre pour un voyage, explique-t-il. Je regardais le match contre le Mexique dans la neige, au mois de janvier. Puis je vois les prochains matchs qui sont annoncés. Il y a le Costa Rica pour le 24 mars. Dans ma tête, ça fait comme : est-ce qu’on fait comme il y a deux ans ? »

En 2020, tout juste avant la pandémie, le couple dans le début de la cinquantaine s’était rendu à San José, encore, pour un match de l’Impact contre Saprissa en Ligue des champions. Ils avaient adoré.

L’occasion était belle de répéter l’expérience. Avec le Canada tout juste devant une qualification historique pour la Coupe du monde.

« Je n’avais jamais vu un match de soccer de ma vie avant que je le connaisse, lance Isabelle. J’essaie d’y aller le plus souvent possible, parce qu’on apprend à aimer ça. À la télé, on voit vraiment juste les joueurs, pas tout ce qu’il y a aux alentours. »

À ce moment, un son pas rassurant du tout se fait entendre dans le café. Comme si un transformateur venait de sauter. Des flammèches tombent des fils électriques, sur le trottoir devant l’établissement.

On reprend nos esprits et on continue la conversation.

« Quand j’ai vu mon match en live au Costa Rica, l’ambiance… Ils sont fous ! continue-t-elle. Ils sont vraiment passionnés. Ils ne vendent pas d’alcool dans le stade pour ne pas échauder la foule. »

L’Estadio Nacional accueillera jeudi 35 000 spectateurs. Le match se disputera à guichets fermés.

Le couple a hâte de voir le « niveau d’intensité ». Surtout qu’Isabelle et Jean-Sébastien afficheront les couleurs du Canada.

« Les Voyageurs [groupe de supporters du Canada] nous ont dit qu’il n’y aurait pas de rassemblement à l’extérieur pour ne pas trop attirer l’attention », ajoute Jean-Sébastien.

Si jamais on gagne, c’est peut-être la marche du stade à l’hôtel [qui sera plus risquée]. Je vais peut-être mettre mon manteau pour que personne ne voie mon chandail.

Jean-Sébastien Roy

(Après notre entretien, Jean-Sébastien, qui portait son maillot du Canada, m’écrit pour me dire à quel point les gens sont « gentils ». C’est d’ailleurs un trait bien connu des Costaricains. « On s’est fait taquiner, klaxonner et même envoyer la main par les Ticos », souligne-t-il par texto, de retour à son hébergement.)

Jean-Sébastien dit avoir acheté « stratégiquement » ses billets dans la même section que les autres Canadiens. « Ça ne me tentait pas trop de cacher ma joie » entouré de Ticos, justifie-t-il.

« Je vais être avec la gang, je vais pouvoir être debout, chanter et tout. »

Après le match, ils vont se promener sur la côte ouest du Costa Rica. « On va faire les plages de Tamarindo, explique Isabelle. On va rentrer à l’intérieur pour voir quelques volcans, si possible. »

Ils ont prévu le moins de choses possible pour leur aventure, sauf leur plan de faire du camping. C’est qu’Isabelle dit prendre « des décisions à longueur de journée ».

« J’aime, durant les vacances, laisser le leadership à Jean-Sébastien. Je veux mettre mon cerveau à off. »

Et déjà, ils pensent à leur prochain voyage. « Le prochain projet, c’est d’aller en Europe pour aller voir Liverpool », indique Isabelle. C’est le club de son chum.

« On va y aller dans un moment où il y a un match, et je vais aller voir ma fille en Belgique. »

Le sport comme point d’ancrage d’aventures, de retrouvailles et d’amour.