(San José) Il semble y avoir deux pensées qui se tiraillent dans la tête de la sélection canadienne.

D’un côté, il y a la grandeur du moment. Une victoire ce jeudi contre le Costa Rica en qualifications pour la Coupe du monde ferait se réaliser le rêve des hommes de John Herdman.

De l’autre, il y a ce besoin de garder les deux pieds sur terre. De ne pas se laisser déconcentrer par la grandeur du moment, justement.

Nul n’a aussi bien décrit le sentiment que l’attaquant Lucas Cavallini, mercredi soir aux abords du terrain de l’Estadio Nacional, théâtre de l’affrontement du lendemain.

« On est à 90 minutes de qualifier notre équipe pour la Coupe du monde, mais on doit s’assurer de rester humbles », a-t-il noté.

La pluie de l’après-midi s’était estompée une heure plus tôt. La pelouse, au centre de laquelle s’étaient rassemblés les joueurs quelques instants auparavant, en était encore humide. Quelques flaques d’eau parsemaient la piste de course entourant le terrain. Les médias avaient la chance – parce que c’est ce que c’est, après tant de mois de pandémie – de parler aux joueurs en personne.

PHOTO JEAN-FRANÇOIS TÉOTONIO, LA PRESSE

Jonathan Osorio

Ses propos faisaient écho à ceux de Jonathan Osorio, qui avait indiqué essentiellement la même chose avant lui, et à ceux de leur entraîneur, John Herdman.

« Comme tous les matchs dans l’Octogonale, c’est une finale de coupe », déclarait le sélectionneur du Canada en visioconférence, plus tôt dans la journée. « Il faut qu’on ignore cette occasion, le tableau indicateur et ce qui se passe dans les autres matchs. »

On va se battre ensemble, on va s’amuser ensemble, mais on ne va pas se laisser emporter. On a beaucoup parlé d’humilité lors des entraînements, cette semaine.

John Herdman, sélectionneur de l’équipe canadienne

La question a même directement été posée à Herdman. Comment balancer cette excitation et l’importance de la rencontre ?

« C’est une question de modération, avançait-il. Je les laisse ressentir cette passion et cette énergie, mais il faut aussi garder le processus en tête. […] Pendant ces qualifications, on a appris des leçons qui ont permis à ce que la grandeur du moment ne vienne pas jouer dans l’esprit du groupe. »

Le Costa Rica en mode survie

Le match de jeudi soir n’est pas seulement important pour le Canada. Il est crucial pour le Costa Rica.

À 16 points et en 5position dans l’Octogonale, La Sele doit gagner à tout prix pour conserver ses chances de se battre pour le top 4.

Elle aura un Estadio Nacional rempli à craquer pour l’aider à y parvenir. Quelque 35 000 partisans passionnés du Costa Rica encourageront leur équipe. Il devrait aussi y avoir un contingent de partisans canadiens dans le lot.

Herdman note que la ligue costaricaine a même suspendu ses activités dans les deux dernières semaines, pour que la sélection puisse se préparer convenablement à cette trêve internationale.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE TWITTER @CANADASOCCEREN

John Herdman

« Ils sont en camp d’entraînement depuis 10 jours, souligne l’entraîneur. Ils s’entraînent deux fois par jour. Le Costa Rica qu’on a vu en novembre sera bien différent de celui que nous aurons jeudi.

« Ce groupe de joueurs sait que c’est probablement, dans les circonstances, le match le plus difficile qu’ils auront à jouer dans cette phase de qualifications. [Le Costa Rica] a un objectif déterminant, celui de rester en vie. »

Et Herdman d’ajouter : « Ils sont invaincus en quatre matchs, ils ont trois jeux blancs. […] Ils adhèrent à la philosophie de leur entraîneur, qui implique de jouer du jeu défensif solide. »

Mais c’est là que le besoin de faire preuve d’humilité se fait le plus sentir.

« On va entamer ce match comme on entame tous les matchs, estime Jonathan Osorio. On ne craint personne. C’est une équipe qui veut rester en vie. On sait à quoi s’attendre. On sait aussi qui on est. On va aller sur le terrain avec toute la confiance que nous affichons habituellement. »

Même son de cloche pour Cavallini.

« On ne se préoccupe que de nous. On n’a peur de rien. S’ils veulent joueur du coude, on peut jouer du coude aussi. On a déjà montré notre caractère. On a déjà montré qu’on allait se battre. »

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De bons mots pour Ismaël Koné

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Ismaël Koné

Le jeune Ismaël Koné, rappelé pour la toute première fois avec l’équipe canadienne pour cette pause internationale, impressionne déjà son entraîneur. Interrogé au sujet du milieu de terrain du CF Montréal mercredi, John Herdman était dithyrambique. « Ce jeune est honnête et a les deux pieds sur terre. Il a une personnalité. Tu peux blaguer avec lui. Il n’est pas ébloui par l’environnement, par les gens qu’il côtoie. Il se promène le torse bombé, mais pas de façon arrogante. Les gars l’ont rendu à l’aise. Il s’est adapté sans difficulté. Certains des gars ont déjà remarqué ses qualités. » Pas mal pour un joueur qui n’a que sept matchs professionnels sous les crampons.