Si c’est ça, le CF Montréal sous Laurent Courtois, l’été va être chaud au stade Saputo… et pas seulement en raison de la température.

Le Bleu-blanc-noir l’a emporté 2-1 sur le FC Cincinnati au terme d’une performance spectaculaire, samedi soir, devant une salle comble au stade Saputo. Et ce n’est pas le mercure tout juste au-dessus du 0 Celsius qui a réchauffé la foule.

Non, ce sont plutôt les prouesses de Josef Martínez, d’Ariel Lassiter – tous deux buteurs – et du reste du onze montréalais, au profit d’un jeu de passes efficace et rapide, qui s’en sont occupées.

« La vérité, c’est que je suis tellement fier du contenu », a déclaré Laurent Courtois après la rencontre. L’entraîneur-chef est arrivé dans la salle de presse accompagné de son fils, tout juste débarqué de la France.

« C’est vraiment ce que je veux, poursuit-il. Comment les gars sortent, c’est comment on veut être reconnus. »

Ce soir, a-t-on vu la vraie identité du CFM sous Laurent Courtois ? lui demande-t-on.

« J’espère, ouais. »

PHOTO ERIC BOLTE, USA TODAY SPORTS

C’était la rentrée montréalaise du CF Montréal et les partisans ont été au rendez-vous samedi soir.

Les 19 619 dans les gradins ont aidé à ce chapitre, selon Mathieu Choinière.

« Juste d’entendre la foule derrière nous, ça nous a donné un boost d’énergie, a souligné le milieu québécois. On l’a vu quand le match a commencé, on avait le pied sur l’accélérateur, on voulait les agresser. »

« Josef, c’est une Lamborghini »

De fait, pendant la première heure de jeu, les locaux ont été pratiquement seuls sur le terrain.

Ariel Lassiter, utilisé sur l’aile dans une affectation plus offensive qu’à l’habitude, avec Raheem Edwards pour assurer ses arrières à gauche, a été particulièrement en réussite. Le latéral droit Ruan n’a ménagé aucun effort sur l’autre couloir. Il a été épatant, le Brésilien, même si ses centres manquent encore cruellement de précision.

PHOTO ERIC BOLTE, USA TODAY SPORTS

Le latéral droit Ruan Gregório Teixeira

Tous ces joueurs ont été brillamment servis par un Bryce Duke en plein contrôle dans son rôle de numéro 10. Ce match, et ce style de jeu axé sur la possession du ballon, lui ont souri. Enfin, diront certains, dont l’auteur de ces lignes.

« Il a d’énormes qualités, a rappelé Courtois. Comme vous, on reste un petit peu sur notre faim parfois, quand on voit ce qu’il peut faire à l’entraînement. On sait qu’il est très critique avec lui-même. Il a un gros volume de jeu. Aujourd’hui, il a fait voir de quoi il est capable. Maintenant, est-ce qu’il peut répéter ? »

Cette présence soutenue dans le tiers offensif a provoqué des duels solides. Parfois trop. Matías Cóccaro a dû sortir sur blessure à la 26; il a bien tenté de jouer malgré la douleur, mais il a finalement cédé sa place à Josef Martínez.

C’est néanmoins le pied du Vénézuélien qui a le mieux servi à Montréal dans ce match. Presque invisible depuis son entrée, l’artilleur n’a eu besoin que d’une occasion franche pour donner les devants aux siens en première période. Dans les arrêts de jeu, sur une passe d’Edwards dans la surface, sa frappe du pied droit a fait lever une foule du stade Saputo en ébullition.

« Josef, c’est une Lamborghini, a lancé Courtois. Il faut être patient avec lui. Il faisait très froid aujourd’hui, il n’y est pas habitué. Il vient de s’installer, de recevoir sa famille comme moi. […] Il faut créer un environnement pour que Josef puisse exprimer ses qualités. »

« Matí était un peu dévasté, a ajouté le pilote du CFM à propos de Cóccaro. Il est inquiet, c’est normal. On sait qu’il s’est un peu tourné, on va faire les tests. »

Quand tout fonctionne…

La deuxième mi-temps a commencé sur le même rythme. Mais contre le cours du jeu, Cincinnati a trouvé la faille. Sur une rapide séquence de passes à la 58e, Yuya Kubo est parvenu à déjouer un Jonathan Sirois peu sollicité jusque-là.

Mais rapidement, Martínez a de nouveau flairé la bonne affaire. À la 62e, il a remis le cuir à un Lassiter sur le point de prendre son envol dans l’axe. Celui qui s’est développé comme attaquant avant d’être muté au poste de latéral à Montréal a démontré son savoir-faire en enfilant l’aiguille pour redonner les devants aux siens.

« Sur cette situation, j’ai vu beaucoup d’espace derrière, a décrit Lassiter. Je savais ce que j’avais en tête à partir du moment où Josef a eu le ballon : me rendre au but et cadrer le ballon. Dieu merci que ce soit rentré. J’espère pouvoir continuer à démontrer cela à travers cette longue saison. »

Sur son association réussie avec Duke et Martínez – qui a obtenu un but et une passe décisive dans cette rencontre –, Lassiter a parlé d’un lien datant de leur temps ensemble à Miami. « Je connais les tendances de Josef et de Bryce. Je me nourris de ce qu’ils me donnent. »

Le FC Cincinnati est quand même une des puissances de la ligue, et a démontré un visage plus intéressant en fin de match. La défense montréalaise a été occupée, mais n’a pas flanché.

« On a vu tout ce qu’on voulait voir : la création du jeu, les arrivées dans la boîte, le pressing, la gestion des émotions, une solidité dans les jeux arrêtés », a énuméré Courtois.

« Tu mets tout ça ensemble, et ça donne une solide performance de mes gars. »

EN HAUSSE

Bryce Duke

PHOTO PETER MCCABE, LA PRESSE CANADIENNE

Bryce Duke joue physique contre Ian Murphy

Bouc-émissaire des partisans carrément depuis la mi-saison 2023, Bryce Duke a démontré toute sa promesse, samedi soir, et il mérite d’être mentionné ici à nouveau. Son association avec Josef Martínez, notamment, a créé de très belles étincelles. Tellement qu’on a l’impression d’avoir trouvé une combinaison gagnante dans le tiers offensif avec ce trio complété par Lassiter.

EN BAISSE

Raheem Edwards

Edwards a offert la passe décisive pour le premier but du match, crucial pour repartir à la mi-temps avec une avance logique. Mais il commence à prendre la mauvaise habitude de récolter les cartons. Rappelons que c’est son expulsion après un rouge à Chicago qui avait mené à la débandade de fin de match. Cette fois, Courtois a joué de prudence en le remplaçant par Victor Wanyama à la 63e. Ça aurait même pu être dès le retour de la mi-temps.