Dans une déclaration publiée vendredi, la Ligue majeure de soccer (MLS) a annoncé qu’elle ouvrait une enquête en lien avec des allégations d’inconduite sexuelle dans l’organisation des Whitecaps de Vancouver.

La MLS a assuré que les conclusions et les recommandations formulées dans le rapport seraient éventuellement rendues publiques.

C’est l’ex-joueuse de la formation féminine des Whitecaps, Malloree Enoch, qui a révélé avoir dû refuser de nombreuses avances sexuelles de la part de l’entraîneur-chef de l’équipe en 2010 et 2011, Hubert Busby fils.

Selon la version d’Enoch, Busby lui aurait promis de lui accorder un contrat avec l’équipe, puis aurait fait en sorte qu’ils partagent régulièrement la même chambre sur la route pour éventuellement faire pression sur elle afin d’obtenir des faveurs sexuelles.

« Je suis rentrée chez moi et j’ai dû reconstruire ma vie », a-t-elle confié en entrevue vendredi.

Enoch dit avoir fait part de ses problèmes au directeur du développement des joueurs de l’époque, Dan Lenarduzzi, après avoir signé son contrat avec l’équipe en 2011, mais aucune action n’aurait été prise sur le coup.

Enoch poursuit en disant que l’affaire a culminé par une demande conjointe de plusieurs joueuses se plaignant du comportement de Busby auprès de la direction de l’équipe.

« On se sentait comme si, il y a dix ans, ce n’était pas pris au sérieux », a-t-elle commenté au sujet de la réaction de l’organisation face à ses sérieuses allégations.

Axel Schuster, chef des opérations des Whitecaps, a déclaré par voie de communiqué que l’équipe souhaitait offrir des excuses à Enoch « pour l’avoir laissé tomber ».

« Nous avons depuis appris que l’enquête n’avait pas révélé certaines allégations qui ont été rapportées cette semaine. Nos communications avec les joueuses, le personnel et la communauté au sujet des raisons du départ de Busby étaient aussi inadéquates. On aurait dû faire mieux, et pour cela, nous sommes profondément désolés », a-t-il développé.

Schuster a ajouté que tous les membres de la direction qui étaient impliqués dans le dossier ont été suspendus.

Les allégations n’ont pas subi l’épreuve des tribunaux. Il n’a pas été possible de rejoindre Busby afin d’obtenir ses commentaires. Lorsqu’il a été interrogé par le journal britannique The Guardian, au début du mois, il a nié les faits reprochés.

Le contrat de Busby avec les Whitecaps a pris fin en octobre 2011 et n’a pas été renouvelé.

L’organisation des Whitecaps n’a pas répondu à une demande par courriel de La Presse Canadienne cherchant à préciser si le départ de Busby était directement lié aux allégations contre lui.

Busby, qui a grandi au Canada, a été nommé entraîneur-chef de l’équipe féminine de soccer de la Jamaïque en janvier 2020 après avoir d’abord occupé un rôle d’adjoint.

Busby a d’ailleurs représenté la Jamaïque comme joueur de 2001 à 2003.

La Fédération jamaïcaine de football dit être au courant des allégations et doit rencontrer son entraîneur à ce sujet le 2 novembre.

Busby a également travaillé comme entraîneur-chef et directeur général de l’équipe féminine des Sounders de Seattle ainsi que dans le réseau collégial américain.

La formation féminine qui portait le nom de Sounders n’était pas liée à l’organisation masculine en MLS. L’équipe a depuis été dissoute.

Pour Enoch, le fait que Busby ait pu continuer d’agir comme entraîneur à divers niveaux, dont auprès de jeunes athlètes, démontre qu’il faut clairement améliorer le système de supervision dans le sport.

C’est la deuxième fois qu’un entraîneur de l’équipe féminine des Whitecaps fait l’objet d’allégations de comportement abusif.

Ciara McCormack avait déjà sonné l’alerte contre l’ancien entraîneur-chef de l’équipe canadienne féminine des moins de 20 ans, Bob Birarda, en février 2019.

Birarda fait face à des accusations de crimes sexuels contre quatre victimes. Il fait face à six chefs d’accusation d’exploitation sexuelle, deux chefs d’accusation d’agression sexuelle et un chef de leurre d’enfant.

Ces gestes auraient été posés entre janvier 1988 et le 25 mars 2008. Ces allégations n’ont pas subi l’épreuve des tribunaux.

Pour Enoch, le fait que deux entraîneurs de l’organisation fassent l’objet de ce genre d’allégations démontre d’importants problèmes dans la gestion de l’équipe et la direction doit en être imputable.