Le milieu de terrain Ignacio Piatti a quitté l’Impact de Montréal, cette semaine, après un séjour marquant de cinq saisons et demie. Dans sa première entrevue individuelle, donnée au quotidien argentin Clarin, il a longuement parlé de Montréal. De la ville, de ses charmes, de sa tranquillité, de l’Impact, des fans. En collaboration avec Clarin, nous reproduisons ici quelques extraits de l’article.

Q : Pourquoi revenir maintenant ? Tu vivais au Canada. Tu étais idolâtré à Montréal. Le visage de l’équipe. Il restait encore une saison à ton très bon contrat. Plusieurs pensent que tu es fou…

R : Depuis que je suis parti [de l’Argentine], mon idée était de revenir un jour dans l’uniforme de San Lorenzo. Ça n’a pas été facile de quitter Montréal. Ça s’est très bien passé là-bas. Les gens m’aimaient beaucoup. Ça a été une décision familiale. Nous avions décidé de rester [au Canada] jusqu’à cette année. Ma femme et moi avons décidé de revenir [en Argentine], car nous allions avoir Pedro (né il y a trois mois). Gabriel a 17 ans et joue à Rosario Central. Lola a 7 ans. Je remercie Montréal et le propriétaire Joey Saputo. Ils m’ont compris et m’ont permis de partir. De mon côté, j’ai renoncé à beaucoup de choses pour être [à San Lorenzo] aujourd’hui.  

Q : C’est un moment économiquement difficile pour revenir au pays. Nombreux sont ceux qui, au contraire, veulent le quitter.

R : Je connais très bien le contexte économique du pays. Je n’ai aucun problème avec ça. Lorsque j’ai quitté San Lorenzo, c’était parce que je voulais jouer dans un endroit plus calme. Je voulais découvrir la MLS et, évidemment, faire plus d’argent. C’est arrivé. Après cinq ans et demi, il y a autre chose. Je voulais être en Argentine et porter ce maillot. Il y a des choses que l’argent ne peut pas acheter.

Q : À quoi ressemble la vie au Canada ?

R : C’est très, très calme. Comment te dire… Là-bas, le hockey est le sport le plus populaire. Dans les journaux, il y a quatre pages [par jour] sur la LNH, et une sur le soccer, ou un petit article. J’ai assisté à plusieurs matchs du Canadien. Ils ont un aréna de 20 000 sièges. Lorsqu’il y a une bagarre, c’est bizarre que les arbitres n'interviennent pas avant qu’un joueur ne tombe. C’est un beau sport. Aussi, le rythme de vie est plus relaxe. J’emmenais ma fille à l’école, j’allais m’entraîner et personne ne me dérangeait. Ensuite, j’allais la chercher, je rentrais à la maison et passais du temps avec ma femme. Je ne sortais pas tant que ça. Montréal est une des plus belles villes du monde. Elle a un joli côté historique, semblable aux villes d’Europe. Dommage qu’il y fasse froid.  

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Ignacio Piatti aura passé cinq saisons et demie avec l'Impact.

Q : Souffrais-tu beaucoup ?

R : En hiver, il peut faire -20 à -30 degrés Celsius. Il y a beaucoup de neige. Le ciel est noir dès 16 h. Le froid s’installe à la fin octobre et reste jusqu’en mai. [L’Impact] s’entraînait à Orlando jusqu’à la fin février, alors j’ai souvent évité [le pire].

Q : Qu’est-ce qui te manquera le plus ?

R : La tranquillité. Tu gagnes, les gens sont heureux. Tu perds, les gens sont heureux quand même. C’est comme aller au théâtre. Les gens [vont au stade] pour apprécier un spectacle.

Q : Ici, on pense que les joueurs qui vont en MLS le font plus pour l’argent, moins pour le sport. Est-ce le cas ?

R : Ça a beaucoup changé. Avant, les joueurs allaient y prendre leur retraite. Aujourd’hui, il y a de plus en plus de jeunes joueurs qui y amorcent leur carrière. [Miguel] Almirón est passé par Atlanta avant d’être vendu à Newcastle. À Vancouver, il y avait un très bon jeune [Alphonso Davies] qui a été acheté par le Bayern Munich. Un de nos jeunes [Ballou Tabla] a été acheté par le FC Barcelone. Plusieurs clubs regardent maintenant du côté de la MLS. [La ligue] a connu une forte croissance.

(Traduit de l’espagnol)