L'enquête américaine autour du scandale de corruption à la FIFA a connu un nouveau rebondissement jeudi avec l'annonce par la Suisse de l'extradition mercredi vers les États-Unis de l'un des sept responsables du soccer mondial arrêtés à Zurich le 27 mai.

Cet homme, qui refuse que son nom soit publié par les autorités suisses, a «été pris en charge à Zurich par trois policiers américains qui l'ont escorté jusqu'à New York», a précisé l'Office fédéral suisse de la justice (OFJ).

Selon le journal américain Wall Street Journal, il s'agirait de Jeffrey Webb, 50 ans, ex-président de la CONCACAF, la Fédération de football d'Amérique du Nord, centrale et des Caraïbes, une fonction dont il avait été révoqué dès le 28 mai. Cette information n'a pas été confirmée par les autorités suisses jeudi.

Jeffrey Webb, originaire des îles Caïmans, est une personnalité de premier plan de la FIFA, la Fédération internationale de football, dont il était vice-président et membre du comité exécutif, en tant justement que patron de la CONCACAF.

Il s'agit de la première extradition d'un détenu par la Suisse vers les États-Unis dans le cadre de cette affaire.

Volte-face

Lors de sa première audition par la police cantonale de Zurich, après son arrestation le 27 mai dans un palace de la ville, où il se trouvait pour assister au congrès de la FIFA, le responsable en question s'était d'abord opposé à son extradition vers les États-Unis.

Le 9 juillet il avait cependant fait volte-face, ce qui avait permis à l'OFJ de donner son aval à l'extradition dans le cadre d'une procédure simplifiée.

D'après Berne, le parquet du district Est de New York le soupçonne d'«avoir accepté d'entreprises commerciales sportives, et gardé pour lui, des pots-de-vin de plusieurs millions de dollars en échange de droits de commercialisation».

Selon l'OFJ, ces accusations portent «sur des qualifications pour la Coupe du monde, sur des championnats régionaux ainsi que sur des championnats continentaux en Amérique du Nord et en Amérique du Sud» et «ces pratiques ont nui financièrement à deux confédérations continentales de la FIFA et à différentes associations nationales».

Cent millions de dollars de pots-de-vin

Interrogé par l'AFP, un porte-parole de l'OFJ, Raphael Frei, a expliqué que les auditions des six autres détenus «sont encore en cours».

Les sept dirigeants et ex-dirigeants de la FIFA arrêtés à Zurich, à la veille de l'ouverture du congrès de l'instance dirigeante du football, avaient été placés en détention en vue de leur extradition.

Ces sept demandes d'extradition se fondent sur les mandats d'arrêt émis le 20 mai par le parquet du district Est de New York, qui soupçonne ces personnes d'avoir accepté des pots-de-vin pour plus de 100 millions de dollars (90,4 millions d'euros).

Ces sept personnes arrêtées à Zurich fin mai sont Jeffrey Webb, le Brésilien José Maria Marin, 83 ans, l'Uruguayen Eugenio Figueredo, 83 ans, le Costa-Ricien Eduardo Li, 56 ans, le Nicaraguayen Julio Rocha, 64 ans, le Britannique Costas Takkas, 58 ans, et le Vénézuélien Rafael Esquivel, 68 ans.

Les autorités suisses enquêtent aussi de leur côté, à la suite d'une plainte de la FIFA, sur les attributions controversées des Coupes du monde 2018 et 2022 à la Russie et au Qatar.

La tempête déclenchée par cette vague d'arrestations avait poussé le président de la FIFA, Joseph Blatter, à démissionner quatre jours à peine après sa réélection, début juin. M. Blatter a cependant prévu de rester en poste jusqu'à l'élection de son successeur, qui n'est pas prévue avant fin 2015.