Sixième joueur de l'Académie à faire le saut avec l'équipe professionnelle, en juillet, Jérémy Gagnon-Laparé a connu les joies d'une première titularisation, le 13 septembre, contre le Revolution de la Nouvelle-Angleterre. Déjà convoqué en sélection canadienne, le jeune homme n'a pas eu l'air d'être impressionné par les évènements qui se sont rapidement enchaînés depuis un an. Portrait du milieu de terrain de l'Impact à travers le regard de parent, coéquipier et ex-entraîneur.

Les premiers ballons

Grâce à l'aide d'une vidéo familiale, Jérémy se remémore facilement son premier souvenir de soccer: il se revoit à l'âge de 4 ans, derrière sa maison, en train de taper un ballon dans un but de hockey. Depuis cette jeune période, le Magogois ne s'est jamais éloigné du soccer. Il faut dire que son grand-père, Jacques Gagnon, a écrit des livres sur le sujet, en plus d'avoir collaboré au magazine Québec Soccer et analysé les matchs du Manic. Son père André, quant à lui, a notamment porté les couleurs du Supra avant de devenir directeur technique et entraîneur. «Il a officiellement commencé à jouer à l'âge de 6 ans, mais, un an avant, il venait voir sa soeur jouer, indique son père à La Presse. Avec un autre petit gars ou tout seul, il jouait à côté [du terrain]. Ils jouaient quasiment plus que les enfants sur le terrain puisqu'il n'y avait pas vraiment d'adultes pour leur dire quoi faire.»

À la maison aussi, le jeune Jérémy a poursuivi son apprentissage en exploitant chaque pièce. «Il se filmait avec un ami, dans la cave, en train de faire la jonglerie et des bicyclettes, illustre M. Gagnon. Il s'était arrangé un matelas afin de tomber là-dessus. À un moment donné, il avait effectivement brisé un mur. Mais comme j'avais aussi fait ça quand j'étais jeune...»

Les premiers clubs

À quel âge détecte-t-on le potentiel d'un joueur? Il n'y a en fait pas de bonne réponse à cette question tant le degré de talent et de développement dépend d'un athlète à l'autre. «On ne sait pas vraiment ce qu'un enfant de 9 ou 10 ans peut avoir comme passion dans une activité, précise le père du milieu de terrain. Jérémy avait des qualités de joueur, oui, mais il avait surtout du plaisir à jouer au soccer. Assez tôt, je pense qu'il a compris que c'était ça qu'il voulait faire de sa vie.»

Il a, en tout cas, suivi un parcours classique, de Magog aux Verts de Sherbrooke en passant par le Centre national de haute performance. Wilfried Nancy, son entraîneur chez les moins de 18 ans de l'Impact, n'a pas oublié leur première rencontre lors d'un duel entre sport-études (U-14). «J'avais été marqué par Jérémy parce que c'était le plus jeune et il parlait déjà comme un garçon mûr. Par exemple, il replaçait les autres joueurs tactiquement. Quand je l'ai vu, à l'âge de 12 ou 13 ans, il avait déjà l'attitude d'un professionnel.»

Gagnon-Laparé et Nancy se sont ensuite retrouvés à l'Académie que le futur numéro 28 de l'Impact a graduellement intégrée, en 2011. Au fil des mois, l'entraîneur l'affublé du surnom de «minipro» en raison d'une mentalité et d'une préparation invisible dignes des professionnels. «C'est une personne qui a envie de réussir. Il met tous les atouts de son côté, quitte à se documenter et faire des recherches, explique Nancy. Il s'est vite intégré à l'Académie, car il connaissait déjà les joueurs et on se connaissait bien. Ce n'est pas quelqu'un d'extraverti, mais il prend sa place, il regarde, il observe et cela ne lui prend pas beaucoup de temps pour se mettre au diapason.»

Les premières sélections

Les évènements se sont rapidement enchaînés pour Gagnon-Laparé au cours des 12 derniers mois: première sélection avec l'équipe nationale, premier contrat professionnel et, finalement, une première titularisation avec l'Impact en MLS, le 13 septembre. «C'est quelque chose qu'il attendait depuis un bout de temps. Si on dit que les choses sont allées vite et même s'il n'est pas en retard, lui a l'impression qu'il devrait jouer. Il est comme tous les joueurs», indique son père.

Aux côtés de Calum Mallace, le joueur de 19 ans a connu de bons débuts en Nouvelle-Angleterre, démontrant tout son calme et sa discipline tactique. Dans un contexte un peu plus stressant, en Ligue des champions, il a également joué avec justesse, étant ensuite loué pour la qualité de sa distribution. «C'est bien qu'il ait brisé la glace, en Nouvelle-Angleterre, dans une équipe où il y avait un peu moins de pression. Les gros joueurs étaient au repos et il s'est retrouvé dans un environnement un peu plus tranquille, avec un peu plus de libertés, analyse son coéquipier Wandrille Lefèvre. Il a eu peut-être un peu moins de pression de satisfaire ces joueurs-là. [En Ligue des champions], il s'est très bien débrouillé, c'est quelqu'un qui a les nerfs solides.»

Cela s'est de nouveau vérifié alors que Frank Klopas, qui multiplie les éloges à son sujet, l'a déplacé au poste d'arrière gauche, ce week-end. «J'ai une préférence pour le milieu puisque j'y joue depuis que j'ai 12 ou 13 ans, rappelle le jeune homme. C'est un poste qui est plus naturel, mais il faut parfois s'ajuster rapidement. C'est un bon moment pour moi, il y a des blessés et plusieurs postes qui se libèrent. Je pense que j'ai bien fait pour prendre la place.»

«Ce n'est pas quelqu'un qui va être rapide physiquement, mais il est rapide dans la tête. Maintenant, il faut qu'il progresse dans ses deux ou trois premiers appuis afin qu'il soit capable de véritablement réaliser son geste entre sa prise d'information, sa prise de décision et son enchaînement, détaille Nancy. Il doit diminuer sa fréquence d'appuis pour être un tout petit peu plus vif sur les premiers mètres.»

Pour Gagnon-Laparé, les trois premières titularisations sous les couleurs de l'Impact en MLS ne sont pas un aboutissement, mais une étape supplémentaire dans sa carrière. Et si l'avenir semble appartenir à ce jeune homme qui a rapidement trouvé sa voie, la suite passe par le travail et encore le travail.