La judoka Majlinda Kelmendi (-52 kg) a inauguré dimanche aux Jeux de Rio le palmarès olympique du Kosovo avec la toute première médaille d'or du jeune pays des Balkans, dont c'est la première apparition dans une telle compétition.

«J'avais tant rêvé de ce moment, c'est la première fois que le Kosovo vient aux jeux Olympiques et malgré ça, on gagne une médaille d'or!», s'est réjouie Kelmendi, radieuse, drapeau national sur les épaules. «J'ai toujours voulu montrer au monde que le Kosovo n'était pas qu'un pays qui avait connu la guerre.»

Ultra-favorite dans sa catégorie, Kelmendi a tenu son rang de double championne du monde en dominant en finale la jeune Italienne Odette Giuffrida (21 ans). La Kosovare a maîtrisé le combat en marquant d'entrée un yuko sur un fauchage puis en contenant son adversaire, invitée surprise de la finale.

«Tout le monde au Kosovo a regardé mes combats et s'attendait à me voir gagner, c'est pourquoi j'étais si motivée», a commenté Kelmendi.

Au gong de fin, la Kosovare s'est écroulée sur le tapis, en larmes, avant d'aller saluer la poignée de supporters kosovars présents qui n'ont cessé de l'encourager aux cris de «Ko-so-vo! Ko-so-vo!».

La Japonaise Misato Nakamura et la Russe Natalia Kuziutina ont décroché les médailles de bronze.

Thomas Bach s'invite au protocole

Honneur rare, c'est le président du CIO Thomas Bach en personne qui s'est invité au protocole pour remettre la médaille d'or à Majlinda Kelmendi.

«Certaines choses n'arrivent qu'une fois dans la vie et c'est ce qui est arrivé aujourd'hui. Monsieur Thomas Bach a toujours été un grand soutien pour le Kosovo et le sport kosovar», a commenté la judoka. «Lorsqu'il m'a remis la médaille, il m'a dit: «Vous vous souvenez, nous avions un accord. J'attendais de vous que vous gagniez la médaille d'or et vous l'avez fait.+ Ses mots m'ont fait pleurer.»

Première porte-drapeau de son pays vendredi soir lors de la cérémonie d'ouverture, Kelmendi (25 ans) vient placer son pays sur la carte de l'olympisme, deux ans après la reconnaissance officielle des instances kosovares par le CIO.

C'est une récompense logique pour ce petit gabarit aux nerfs d'acier, dont l'enfance a été marquée par la guerre: Majlinda Kelmendi domine sa catégorie depuis plusieurs saisons comme aucun judoka, mis à part le Français Teddy Riner (+100 kg).

Il y a 4 ans à Londres, elle avait pris part à ses premiers JO mais sous étendard albanais - le Kosovo, petit état des Balkans né de la dislocation de la Yougoslavie, n'étant alors pas reconnu des instances internationales. Elle était sortie au deuxième tour.

L'air de Rio semble en tout cas lui réussir: c'est dans la ville brésilienne que Kelmendi avait remporté en 2013 son premier titre mondial, avant d'en décrocher un deuxième l'année suivante.

Et le public brésilien ne s'y est pas trompé, applaudissant chaleureusement la nouvelle championne olympique, qui se voit comme un «héros» pour les jeunes générations de son pays.

«Je suis particulièrement heureuse pour tous les enfants du Kosovo. J'ai prouvé aujourd'hui que s'ils veulent être champions olympiques, ils le peuvent. Même quand on vient du Kosovo, un petit pays pauvre», a conclu Kelmendi. «Je veux juste dire à la jeune génération au Kosovo qu'ils peuvent devenir ce qu'ils désirent, même président des États-Unis!»

AP

Thomas Bach discute avec Majlinda Kelmendi après lui avoir remis sa médaille.