Il a été le premier à nous mettre la puce à l'oreille à propos de Jesperi Kotkaniemi, le printemps dernier.

Dès le 28 avril, sur Twitter, l'ancien dépisteur du Canadien Grant McCagg se mouillait de façon étonnante : Kotkaniemi, encore un illustre inconnu au Québec, et pour la majorité des fans de hockey en Amérique du Nord, figurait désormais au quatrième rang de sa liste, derrière Rasmus Dahlin, Andrei Svechnikov et Filip Zadina.

« Kotkaniemi vient de prouver, lors des deux plus récents tournois U18, qu'il a le talent pour devenir un centre numéro un dans la LNH », écrivait-il.

L'histoire peut paraître banale aujourd'hui, avec les performances étonnantes de Kotkaniemi au cours de l'hiver, mais à deux mois du repêchage de 2018, McCagg faisait preuve d'une rare audace.

En janvier 2018, le site canucksarmy.com avait d'ailleurs fait une moyenne selon les classements de dix médias ou agences spécialisées. Kotkaniemi se classait au... 21e rang.

« Il m'a ouvert les yeux lors du tournoi des Cinq nations en février, raconte McCagg. Lors d'un match en particulier, contre la Suède, il a offert l'une des meilleures performances qu'il m'a été donné de voir pour un joueur de moins de 18 ans. Il a obtenu deux buts et deux passes, il était menaçant à chaque présence. Je me disais qu'il pourrait bien être le seul candidat de sa cuvée capable d'assumer le rôle de centre numéro un, et un très bon premier centre. Qu'est-ce que le Canadien a besoin de plus qu'un centre numéro un ? »

Au fil des semaines suivantes, Kotkaniemi continuait de monter dans l'estime de Grant McCagg. Le 12 juin, lors de la publication de sa liste finale, sur recrutes.ca, le site spécialisé qu'il opère de façon indépendante depuis quelques années, Kotkaniemi figurait désormais au troisième rang.

À quelques jours du repêchage, McCagg le clamait haut et fort : le Canadien devait absolument repêcher Jesperi Kotkaniemi avec son troisième choix au total.

« Zadina ne s'était pas amélioré au fil de la saison, il était né tard au cours de l'année 1999, donc l'un des plus vieux joueurs disponibles. Kotkaniemi détenait plus d'atouts que Zadina et Brady Tkachuk, né sur le tard lui aussi. »

La suite lui a donné raison. Même s'il était l'un des plus jeunes joueurs de sa cuvée et considéré comme un projet à long terme, Kotkaniemi a accédé à la Ligue nationale à 18 ans et amassé 34 points en 79 matchs.

McCagg, recruteur à temps partiel pour le CH entre 2008 et 2011 sous le règne de Bob Gainey, peaufine sa liste en prévision du repêchage de 21 juin 2019. Après son coup de circuit de l'an dernier, on lui demande souvent ces temps-ci de prédire le choix du Canadien.

« C'est toujours plus facile de prédire un choix au troisième rang parce qu'il y a seulement deux joueurs repêchés auparavant, on sait facilement qui est encore disponible, répond-il. La question demeure plus complexe au quinzième rang. J'aurais le réflexe de répondre le défenseur gaucher Cam York, mais il sera probablement déjà choisi à ce rang. »

Le Canadien ne ciblera probablement pas un joueur selon une position particulière, estime-t-il. « Si le défenseur le plus intéressant au quinzième rang lance de la droite, prends-le. Il peut se passer bien des choses en deux ou trois ans. Il y a des échanges, les départs sur le marché des joueurs autonomes, certains espoirs se développent mieux que d'autres. Techniquement, tu repêches en prévision de tes besoins dans trois ou quatre ans. Peut-être Shea Weber n'aura-t-il pas un rôle si important dans trois ou quatre ans et que l'équipe voudra avoir ce gros jeune défenseur droitier. Il est préférable de repêcher un éventuel défenseur numéro un droitier qu'un défenseur gaucher moyen. »

Le CH compte toutefois de nombreux jeunes défenseurs droitiers de talent dans son organisation pour combler éventuellement un poste au sein du top quatre, peut-être même du top deux.

« Peut-être Josh Brook, mentionne McCagg. (Noah) Juulsen se trouve aussi dans cette catégorie. Il devance encore Cale Fleury dans la hiérarchie s'il se remet de sa blessure. Mais il n'y a pas de mal à compter un grand nombre d'espoirs à la même position, car la plupart ne répondront pas aux attentes. Prenez Nashville. Ils ont repêché défenseur après défenseur. Ils ont ensuite pu échanger Seth Jones avec leurs surplus pour combler leur poste de centre numéro un avec Ryan Johansen. »

McCagg verrait bien le Canadien reculer de quelques rangs afin d'obtenir un choix de deuxième ronde supplémentaire si le joueur convoité est déjà repêché. « Au quinzième rang, les chances d'obtenir un centre ou un défenseur numéro un sont plus minces. Les besoins en terme de positions sont moins nécessaires. J'aime beaucoup (l'ailier) Samuel Poulin. Et il devrait être disponible après le 20e rang. Il est parmi les 15 meilleurs espoirs à mes yeux. »

Notre homme est moins enthousiaste envers le gros attaquant de 6 pieds 4 pouces Raphael Lavoie, pourtant très productif en séries éliminatoires chez les Mooseheads d'Halifax avec 32 points, dont 20 buts, en 23 matchs. Lavoie est un « late » lui aussi dans le jargon du hockey et aurait été éligible au repêchage de 2018 s'il était né une dizaine de jours plus tôt.

« Je regardais la liste des joueurs ayant compté vingt buts ou plus en séries éliminatoires de la LHJMQ ces vingt dernières années et la moitié n'ont pas atteint la LNH, précise McCagg. Il faut être prudent. Je lui préfère Poulin. Il va vous aider davantage en séries éliminatoires. »

Pour conclure l'entretien, une question vicieuse. S'il devait n'en retenir qu'un seul entre Ryan Poehling et Nick Suzuki, quel serait son choix ? Il pousse un long soupir. « Wow... c'est une question très difficile. J'aime beaucoup les deux et ils amènent quelque chose de différent. Depuis deux ans, j'aurais probablement répondu Poehling, mais Suzuki... Puisque je dois trancher, pour des fins de gabarit seulement et parce qu'il sera un centre dans la LNH, j'irais pour Poehling, mais j'adore Nick Suzuki aussi. »

McCagg espère publier son guide le 10 juin. L'ancien recruteur des Screaming Eagles du Cap Breton et contributeur de longue date au blogue « Rondelle Libre » sur LaPresse.ca, Simon « Snake » Boisvert, y dévoilera aussi sa liste.

Boisvert aime bien sortir des sentiers battus lui aussi. En 2017, Cale Makar et Miro Heiskanen figuraient respectivement aux premier et deuxième rangs sur sa liste publiée sur recrutes.ca. « Les chances de Makar d'être repêché au premier rang sont presque nulles parce qu'il évolue dans un circuit inférieur, mais il pourrait devenir le meilleur joueur de ce repêchage », avait prédit le « Serpent ». Nico Hischier et Nolan Patrick avaient constitué les deux premiers choix, suivi de Heiskanen et Makar. 

À LIRE

Un autre but controversé, cette fois à la suite d'une passe avec la main. Ce but a donné la victoire aux Sharks et leur permet de prendre les devants 2-1 dans cette série contre les Blues. « La main heureuse » écrit Jean-François Tremblay avec justesse. Les Sharks semblent avoir les dieux du hockey de leur côté. En première ronde, ils avaient pu éliminer les Golden Knights de Vegas en marquant quatre fois lors d'une supériorité numérique de cinq minutes accordée par des arbitres un peu trop sévères à l'endroit de Vegas.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Josh Brook