Un accueil glacial aurait sans doute convenu à John Tavares hier soir à Long Island.

À son premier match contre son ancienne équipe au Colisée Nassau, Tavares a été accueilli avec une rare haine.

On l'a hué copieusement pendant la vidéo hommage sur l'écran géant. On lui a lancé un chandail des Islanders à sa sortie de la glace après l'échauffement. Un serpent en plastique a atterri à ses pieds sur la glace.

On a entonné des chants dans lesquels on rappelait qu'il avait trahi l'équipe, qu'il avait menti à l'organisation. On vous épargne ce qu'il avait d'écrit sur de nombreuses pancartes.

Les fans des Islanders reprochent non seulement à leur ancien capitaine d'avoir abandonné l'équipe, mais aussi d'avoir laissé planer tout l'hiver un flou quant à son avenir à Long Island, et ainsi empêché l'organisation d'obtenir quelque chose de valable en retour à la date limite des échanges l'an dernier.

Matt Duchene était dans une situation semblable à celle de Tavares il y a une semaine, il a refusé clairement de signer une prolongation de contrat et les Sénateurs ont obtenu un choix de première ronde, deux espoirs et peut-être même un second choix de première ronde si Duchene demeure avec les Blue Jackets après la saison.

Tavares a été repêché premier au total en 2009, Duchene au troisième rang derrière Victor Hedman cette même année.

Après avoir flirté avec la nouvelle direction des Islanders à la fin de la saison, Tavares a finalement retourné sa veste et signé un contrat avec l'équipe de son enfance, les Maple Leafs, laissant ainsi Long Island les mains vides.

Le chroniqueur Larry Brooks, citant une source proche de Tavares, a laissé entendre hier que la nouvelle vedette des Leafs s'apprêtait à signer un nouveau contrat avec les Islanders, avant de suivre la recommandation de son agent Pat Brisson et de rencontrer quelques courtisans. Il aurait été séduit par l'approche des Leafs au dernier instant.

A-t-il été proche d'accepter une entente de Lou Lamoriello ou a-t-on approché Brooks dans une tentative de relations publiques à quelques heures du retour de Tavares à Long Island ?

Tavares devait mener les Islanders à la terre promise. Mais en neuf ans là-bas, l'équipe a atteint les séries éliminatoires seulement trois fois et gagné une ronde.

Le centre de 28 ans n'est évidemment pas le seul à blâmer. Le pauvre a connu un seul directeur général, Garth Snow, un homme qui a multiplié les bourdes au fil des années, appuyé par un propriétaire débonnaire et dépassé.

Snow a été congédié à la fin de la dernière saison. Lou Lamoriello lui a succédé, et il a embauché le réputé entraîneur Barry Trotz, fraîchement auréolé d'une Coupe Stanley avec les Capitals de Washington.

Tavares n'a pas été remplacé après son départ, si ce n'est l'embauche du centre de troisième trio Valtteri Filppula, qui a permis la promotion d'un autre centre Brock Nelson.

Malgré le vide laissé par Tavares, les Islanders, avec leur fiche de 37-19-7, devraient connaître leur meilleure saison depuis 1983-1984 s'ils maintiennent un tel rythme.

L'équipe est sensiblement la même que l'an dernier, mais Trotz a instauré un système de jeu fort efficace. Brillants collectivement, les succès des Islanders prouvent que Tavares n'était pas indispensable.

Avec leur victoire spectaculaire d'hier, 6-1, les Islanders s'approchent même à un petit point des Maple Leafs et du quatrième rang au classement général.

Les fans des Islanders auraient bien pu accueillir Tavares dans l'indifférence, compte tenu des succès du club sans lui. Si certains gestes survenus hier étaient moins acceptables, au moins, la passion pour cette dynastie de jadis semble finalement revenue.

Comme quoi une ou deux bonnes têtes de hockey peuvent faire toute la différence, ne disions-nous pas hier à propos du Lightning de Tampa Bay...

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