Un autre choix de premier tour du Canadien quitte Montréal sans avoir offert à son équipe le rendement espéré.

À son cinquième camp d'entraînement, en septembre, Nikita Scherbak n'avait toujours pas réussi à prouver à l'organisation qu'il pouvait devenir un atout à l'attaque.

Réclamé dimanche au ballottage par les Kings de Los Angeles, Scherbak part donc pour la Californie après avoir disputé seulement 29 matchs en carrière dans la LNH. Il a obtenu sept points.

Scherbak possède un gabarit intéressant à 6 pieds 2 pouces et 192 livres. Il est doté de belles habiletés individuelles. On n'amasse pas 30 points en 26 matchs dans la Ligue américaine - comme il l'a fait à Laval l'an dernier - sans être doué.

Mais sa compréhension du jeu faisait défaut. Il peinait à comprendre les exigences du système de jeu instauré par les entraîneurs et ressemblait trop souvent à un chien dans un jeu de quilles. Voyons si les Kings sauront le transformer. Ça serait étonnant.

Plusieurs blâment déjà les recruteurs de l'équipe pour cet autre échec. Le terme «choix de premier tour» frappe toujours l'imaginaire. Or, la différence entre un joueur repêché à compter du 25e rang et un autre choisi à la fin du deuxième tour, entre le 55e et le 60e rang, est minime.

Après les 15 ou 20 meilleurs espoirs, les recruteurs jouent aux dés. Ces jeunes joueurs ont tous des défauts qui font hésiter les dépisteurs. Alors on opte pour un choix sûr, mais au potentiel limité, ou encore pour le coup de circuit. On a tenté le coup de circuit avec Nikita Scherbak.

L'espoir déchu du Canadien a été choisi au 26e rang en 2014. Parmi les 30 joueurs repêchés immédiatement après lui, seulement quatre ont réussi à s'établir dans la LNH : Nikolay Goldobin, Adrian Kempe, Ivan Barbashev et Marcus Pettersson. Un seul, Goldobin, joue au sein d'un des deux premiers trios ou un top 4 en défense.

Brayden Point, choisi au troisième tour cette année-là, constitue le «miracle» comme on en voit à chaque repêchage. Le Lightning de Tampa Bay a opté avant lui pour Tony DeAngelo, échangé moins de deux ans plus tard pour un choix de deuxième tour, ainsi que Dominik Masin et Jonathan MacLeod, qui n'ont jamais percé.

Une chance sur trois

On pourrait dire la même chose du repêchage de 2013 avec Michael McCarron. On a tenté là aussi un coup de circuit. Au 25e rang. Parmi les 30 joueurs repêchés immédiatement après lui, on dénombre à peine huit «réguliers» de la LNH, parmi lesquels deux joueurs repêchés par le Canadien: Jacob De La Rose et Artturi Lehkonen.

Scott Cullen, de TSN, a analysé avec minutie les repêchages de 1990 à 2014. Le taux de succès des joueurs repêchés après le 20e rang chute de façon draconienne. Seulement 12% des espoirs repêchés au 25e rang entre 1990 et 2014 sont devenus des attaquants du top 6, des défenseurs du top 4 ou un gardien numéro 1. En bref, une équipe a une chance sur trois de dénicher un joueur de premier plan si elle repêche après le 20e rang.

David Fischer (20e), Louis Leblanc (18e) et Jarred Tinordi (22e) sont trois autres choix de premier tour décevants. Mais ils entraient eux aussi dans la catégorie des joueurs dont les probabilités de devenir un joueur d'impact chutaient à 36% ou moins dans certains cas, et à moins de 20% dans la majorité des autres scénarios.

Quand le CH repêche parmi les 12 premiers, il se trompe rarement. Depuis 2005 : Carey Price (5e en 2005), Ryan McDonagh (12e en 2007), Alex Galchenyuk (3e en 2012), Mikhail Sergachev (9e en 2016) et Jesperi Kotkaniemi (3e en 2018).

Voyons si des joueurs comme Noah Juulsen (26e en 2015) et Ryan Poehling (25e en 2017) sauront permettre au Canadien d'obtenir une meilleure moyenne au bâton avec ses choix de fin de premier tour.